JEUDI JE DIS EN JEDI « VIVE LES TRANS » ÉPISODE 1
Ladies & gentlemen, welcome to the West Coast…premier jour de ces 39éme Transmusicales en compagnie de notre fameux envoyé spatial aux Transmusicales, Rachid BARA, live from Rennes, ne ratez rien des premières « révélations » qui ont su enflammer hier soir les diverses scènes de la joyeuse métropole bretonne, avec au programme… Janka Nabey, le sorcier de la Bubu Music de la Sierra Leone, le duo sud-coréen électro hip-hop pop XXX, les Français Tchaïd, qui mixe chant traditionnel breton et électro, road trip entre Inde et Occident avec Alluri, la chanteuse de Toronto Tanika Charles, qui perpétue l’âme de la Motown, les gloires locale du collectif rap Columbine, langue bretonne et musique électro hip-hop blues avec Krismenn, avant que la soirée ne s’achève avec Lakuta qui nous entraine en transe, forcément musicale, dans un périple entre Kenya, Tanzanie, Malaisie, Espagne et Grande-Bretagne. What a trip !
De notre envoyé spatial aux Transmusicales,
Rachid BARA
Jeudi 15h, au Liberté, pass média en poche, me voilà tombant déjà en transe sur le plateau radio de FIP où Janka (prononcer Djanka) Nabey joue sa musique traditionnelle occidentalisée… De la World Music magique où tout semble pur et naturel. Au départ, héros de la culture traditionnelle Temne du Sierra Leone avec la Bubu Music, cet immense musicien publie une pléthore de cassettes, devenant une sommité locale avant de s’exiler, pour raison politique, aux USA, à New York. Depuis, sa musique s’acoquine au funk, au reggae et à la pop, jusqu’à conquérir le cœur et les oreilles de David Byrne des Talking Heads qui l’a vite signé sur son label de World Music. Janka, sur scène comme en dehors, est d’un grand charisme naturel. Simple et lumineux, il irradie la scène de son aura bienveillante et entraîne tout le monde dans la danse, petits et grands. Incroyable de générosité et de talent. On succombe très vite au charme de cet homme qui jouait pour la première fois en France… Mais certainement pas la dernière, vu la sensation qu’il laisse à son passage aux Trans.
XXX et Tchaïd, deux prestations mitigées
Direction la mythique bonne vieille salle de l’Ubu, pour découvrir le duo sud-coréen XXX, et leur électro hip-hop plein de magnificence musicale. Les productions sonores sont impeccables, originales et puissantes, et les images, tirées de leur clip détonant, sont de toute beauté, et accompagnent impeccablement ce set d’exception. Seul gros bémol, le MC est plus que timoré sur scène, d’une totale timidité, tétanisé, comme s’il n’avait pas l’habitude des planches. Néanmoins, cette anxiété quelque peu maladroite donne un charme à ce rapper qui donne la banane et qui parvient à charmer le public bienveillant des Trans, d’autant plus que les compositions sont vraiment mortelles… Mais quel dommage pour le show… Un plus grand sens de la scéne en aurait fait une incontestable « révélation » des Trans ! Pas toujours facile d’investir la scène des Trans, sachant que ce Festival depuis toutes ces fucking années a toujours fait office de tremplin pour l’avenir musical et professionnel des artistes. Se planter aux Trans peut carrément ruiner une carrière vu l’impact de ce rendez-vous incontournable des professionnels du business musical et des music-lovers. Le duo Français Tchaïd en fera les frais à l’Étage. Pas encore prêts pour une telle scène, on a l’impression d’assister à une répétition avec un duo qui communique par signes durant tous les morceaux, pour déterminer à quel moment chanter et où se niche le pont musical. Par contre, musicalement, le projet tient la route entre du chant traditionnel breton, alliant gwerzou (complaintes) et kan ha diskan (chant à répondre à danser) avec une belle production électronique derrière. Poursuivant le travail entrepris par Denez Prigent, l’espace de deux albums, où il explora les musiques électroniques, avant de revenir à des aventures musicales Bretonnes plus traditionnelles, ce duo est ambitieux musicalement. Et leur musique est une petite entreprise qui mérite à la fois le détour et nos encouragements, mais franchement, le duo n’était pas du tout prêt pour relever le défi d’affronter l’électrochoc des Trans.
Alluri a de l’allure et m’ahurit
Direction le Parc Expo, pour un voyage entre Inde et Occident, avec Alluri, un projet musical, lequel comme son nom l’indique ne manque pas d’allure. Que dire , sinon que c’est la grande classe musicale, avec des musiciens hors pair, qui maîtrisent leurs instruments à la perfection avec un feeling illimité. Le chanteur vocalise dans un étrange dialecte indien, le Télougou, et un peu en Anglais. Musicalement, c’est déjà plus classique : de la pop et du rock made in UK, voire in USA, tant parfois le groupe fait penser au… E Street Band de Bruce Springsteen. De la grâce mélodique, de la pop psychédélique avec flûte ou saxophone et des claviers somptueux. C’est beau, bon et doux, mais parfois même, cela sait jouer plus musclé, comme avec cette reprise aussi couillue que dantesque du légendaire « God Save The Queen des Sex Pistols chanté en Anglais et Télougou, par un Alluri, qui sait manifestement foncer à toute…allure 😉
Les mots tonnent pour une Motown pas détonante
Tanika Charles déroule ensuite un beau set qui ressemble à un hommage à l’esprit Motown. Du bon R’n’B soul blues, mais finalement trop classique pour vraiment enthousiasmer complètement le public. Le moment est sympa, cool et frais mais demeure cependant trop anecdotique. Par contre, la prestation de Columbine ne laisse pas le public indifférent, qui s’est déplacé en masse pour les voir, eux, les gloires locales qui ont su si bien s’auto-promouvoir via les réseaux , jusqu’à parvenir à conquérir un jeune public qui connaît toutes leurs paroles par cœur. Ambiance de fête durant plus d’une heure de show, c’est la hip-hop surprise party dans le Hall 8. Les jeunes sont en transe, plein de folie et d’enthousiasme, pour un collectif pourtant assez décevant sur la longueur d’un set où je m’ennuie quelque peu, écœuré même par cet effet « auto tune » qui devient horripilant au fil des morceaux, ce qui nuit à l’efficacité scénique du collectif. (Tu ne vas pas nous faire le papie Mougeot du sketch de Coluche, mon cher et estimé Rachid BARA qui ne doit pas trop kiffer PNL…contrairement à moi. MDR….Signé GBD !)
Krismenn le blues breton, Krismenn le bal et emballe
Plus sombre et original, Krismenn investit la scène avec son nouveau projet mêlant blues, langue bretonne et musique électro hip-hop. Aventureux dans ce cross-over musical, Christophe Le Menn en impose par sa voix et son charisme naturel. Avec lui, le guitariste joue le blues avec conviction et feeling, ses parties guitares sont fines et affutées, pleines de force et de sensibilité. Le batteur, entre jeu acoustique et électronique, frappe comme un chat, derrière sa batterie. Plein de grâce en atmosphère lourde et habitée, Krismenn se joue avec l’obscurité et avec sa voix de façon lumineuse. La Grande Classe à la sauce blues armoricaine.
Lakuta, le cul taquine la transe en danse
Pour finir en beauté cette première soirée transcendantale, direction le Hall 3 où Lakuta assène une transe efficace et torride. Impossible de ne pas remuer du bassin devant ce collectif d’une dizaine de musiciens anglais issus de différentes cultures… Entre Kenya, Tanzanie, Malaisie, Espagne et Grande-Bretagne, le voyage est trans musical et transcendantal. Après cette fièvre du jeudi soir, le repos s’impose… Ce n’est qu’un début, continuons le combat ! Ce n’était que le hors-d’œuvre, les deux jours qui viennent, nous promettent du copieux…stay tuned on Gonzomusic !
Texte et photos Rachid BARA