VERONIQUE SANSON « Hasta Luego ! »
Cela faisait bien quinze jours que JCM ne nous avait pas seriné de son obsession rock hexagonale number one, soit l’iconique Veronique. Mais on le comprend, car elle le mérite. Alors, forcément Sanson revient à nouveau agiter les pages de Gonzomusic, cette fois avec un live. Car après avoir enchanté le Grand Rex en avril 2024, elle nous propose cet « Hasta Luego ! Le concert au Dôme de Paris », soit un « Best of Live » de ses trois shows sold-out capturés en 2023, dans l’enceinte de l’ex-Palais des Sports. Avant un retour sur scène aux Francofolies de la Rochelle le 10 juillet 2025. Preuve que nous n’en avons décidément pas fini avec cette « Sansonnette ».
Par Jean-Christophe MARY
Voix de légende, mélodies fortes qui donnent aux textes cette ampleur exceptionnelle, véritable stature rock si rare dans ce pays, les fans apprécient « Véro » autant pour son humour et sa gentillesse que cette proximité, cette intimité qu’elle crée avec eux. Cinquante après, Véronique Sanson est toujours là, fidèle à cette musique pop rock et folk américaine qu’elle affectionne tant. Sur scène, car c’est bien là qu’il faut savourer ses chansons, l’énergie est intacte comme le prouve cette nouvelle captation live. Depuis « Amoureuse » en1972, Véronique Sanson ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=veronique+sanson ) a baigné dans tant de courants musicaux de la pop à la world en passant par la soul et le funk qu’elle s’est forgée une personnalité à part dans la variété française.
Ce live a été enregistré dans cette belle salle située dans le sud de Paris qui s’appelle désormais Le Dôme de Paris. Mais en 1978, c’était encore le Palais des Sports, et Véronique Sanson était la première chanteuse française à remplir – pour 6 concerts – ce lieu mythique, qui était alors la plus grande de France. 2023 marquait donc son quarantième concert dans cette même salle. Dans ce disque on retrouve l’énergie des débuts, les ambiances pop soul des « années américaines » qui ont marqué son retour grand scénique en 2016. Dans une salle, face au public, c’est là que toutes les compositions de la chanteuse prennent leur force. La chanteuse opte pour des structures musicales swing pleine de chaleur, qui débordent largement le cadre de la chanson. Ces mosaïques sonores construites hors mode et hors temps, sont devenus aujourd’hui des classiques. Comme on le voit sur les images du DVD l’ardeur de Véronique à mettre le feu au Dôme de Paris est toujours aussi intense, portée par un répertoire enrichi de titres qui, au fil des ans, sont devenus tour à tour légendaires. Sa voix a mûri mais elle est toujours aussi singulière et enivrante. Dès le premier titre « Celui qui n’essaie pas (ne se trompe qu’une seule fois) », la voix est assurée, agile portée par l’équipe de musiciens, tous soudés derrière la guitare vrombissante de Basile Leroux. Une à une, elle égrène ces chansons devenues cultes « Amoureuse », « Bahia », « Besoin De Personne », « Rien que de l’eau », « On m’attend là-bas « des titres puissants avec ce gimmick au piano, cette tournerie basse batterie implacable, ces chœurs carillonnant en cascade. Toutes les couleurs musicales qui font la musique de Véronique Sanson sont là avec des orchestrations qui rappelle le son américain des 70’s et des 80’s. La salle connaît par cœur la plupart des titres, reconnaît les chansons aux premières mesures d’intro, et accueille Véronique avec des rires et des bravos, « Vancouver « oblige…Ce live offre aussi quelques beaux duos notamment avec cette pléiade d’artistes venu lui rendre hommage : Natalie Dessay qui a troqué son statut de cantatrice pour celui de rockeuse sur le swingant et cuivré « Bernard’s song », Vianney dont le timbre de voix rappelle étrangement celui de Michel Berger sur « Hasta luego » (une chanson qu’ils ont co-écrite ensemble), et les miaulements de voix entre fêlures et cassures de Zaz sur « C’est long, c’est court » sans oublier Christopher Stills en solo au piano sur « Where Love is Found » un de ses propres titres. Ce double live fait office de véritable best of et offre un bel aperçu du parcours de l’artiste. Véronique Sanson prouve qu’elle reste une vraie bête de scène portée par cette section de cuivres qui est la signature de ses arrangements. Sur ces trois soirs, c’est du grand art. La chanteuse est au mieux de sa forme, nous colle des frissons avec sa voix de magnifique, ces orchestrations remarquables signées Dominique Bertram. Tout au long de ses 2 heures et 22 titres, l’artiste qui vient de porter 6 000 personnes à bout de bras salue, remercie, et s’éclipse derrière les grands rideaux noirs du plateau. On voit sa frêle silhouette disparaître. Et le public lui est conquis, sous le charme de sa voix ample, somptueuse au service d’une belle promenade pop rock cuivrée. Authentique, drôle, généreuse, Véronique Sanson fait partie de ces alchimistes sonores qui vous envoient des décharges d’ondes positives, des mots voyageurs qui vous font du bien. Forcément touchante.