TRAINWRECK WOODSTOCK 99

Trainwreck: Woodstock '99 Plus fort que l’infamant Fyre Festival,  qui aurait dû se tenir aux Bahamas et qui s’est révélé être une gigantesque arnaque, voici littéralement le festival de Woodstock qui a déraillé, étudié au microscope télévisuel par Netflix sous le titre TRAINWRECK WOODSTOCK 99. Décliné en 3 épisodes, le doc documente ces trois jours de paix de musique et d’amour qui ont tourné en jours de colère, d’émeutes, de pillages, de destructions et d’agressions sexuelles… bref, un naufrage tel que le rock en a rarement connu !

Trainwreck: Woodstock '99 Chacun des trois épisodes de TRAINWRECK WOODSTOCK 99 correspond à une journée du Festival, qui nous entraine de Charybde en Scylla d’un début optimiste le vendredi jusqu’aux scènes de destructions intenses du lundi matin. Le pêché originel du Festival : son obsession de rentabilité à tout prix a faussé le jeu dès le départ.  Échaudé par l’expérience précédente de Woodstock 1994 où les festivaliers sans billet avaient réussi à renverser les clôtures et à pénétrer dans l’enceinte pour assister aux concerts sans payer, Michael Lang le promoteur original du Woodstock 69 voulait absolument éviter de se laisser à nouveau dépasser par les évènements. Cette fois, le concert aura lieu dans l’enceinte sécurisée d’une base aérienne désaffectée, cernée d’une clôture sur 12 kilomètres. Mais les organisateurs vont pécher de tout cotés. Déjà le prix des billets est scandaleusement élevé. Pour rentabiliser à outrance, ils ont délégué des licences d’exploitations à des vendeurs indépendants autorisés à facturer le prix qu’ils le souhaitaient pour commercialiser boissons et nourriture à des prix prohibitifs.   Quant au rares points d’eau gratuits, ils sont pris d’assaut et les festivaliers finissent par percer les conduites, transformant le terrain en boue. De surcroit, Il faisait une chaleur de gueux sur cette base sans ombre ni végétation et principalement en béton, où l’on pouvait aisément faire cuire un œuf sur le plat en le cassant par terre.  Dans leur souci de rentabilité à outrance, l’enlèvement et le traitement des déchets avait lui aussi été externalisé à des prestataires incompétents : par conséquent dès le premier jour le lieu est transformé en une immense décharge. Tout comme les WC pas assez nombreux et jamais vidés durant les 2 jours, très vite transformés en cloaque de merde et de pisse. Même combat pour la sécurité, assurée non par des pros mais par des étudiants payés deux bouchées de pain et deux T shirts « Peace patrol »… sans aucune formation et sans aucun pouvoir coercitif.

Trainwreck: Woodstock '99 Et en cerise sur le gâteau, Michael Lang avait complètement délaissé le côté programmation artistique : résultat des courses, adieu l’esprit peace and love  de Woodstock et bonjour les groupes populaires sur MTV qui rivalisent d’agressivité en chauffant le public à fond, voire en les poussant à l’émeute. A l’instar de Limp Bizkit et de son décérébré de chanteur Fred Durst  qui vocalise son « Break Stuff » … cassez tout… haranguant et chauffant à blanc le public déjà passablement énervé des conditions dans lesquelles se déroule le Festival. Avec Rage Against the Machine ou Metallica, les festivaliers n’étaient pas près de se calmer. Or avec 250 000 spectateurs aussi furibards que bourrés et défoncés en ayant de surcroit l’impression de s’être fait arnaquer, la poudre devait à un moment donné rencontrer les allumettes. Des feux sont allumés aux quatre coins du site, les marchands du temple finissent pillés, les semi-remorques où toute la marchandise était entreposée sont incendiés, les tours de sono et de lights-shows abattues…finalement, comme son titre l’indique le train Woodstock finit par dérailler. Vingt ans plus tard, le film donne la parole à des festivaliers qui racontent leur enfer, à des artistes comme Fatboy Slim qui se souvient qu’il avait dû interrompre son set en plein milieu pour échapper à l’émeute totale.  Des vidéo DJs de MTV et des médias qui couvraient l’évènement apportent également leur témoignage sur ce chaos annoncé. Le promoteur Michael Lang accorde d’ailleurs son ultime interview où il tente en vain de se justifier, avant de s’éteindre le 8 janvier dernier à 77 ans. Malgré cet échec cuisant, Lang avait bien tenté de relancer la marque Woodstock en 2019 pour les 50 ans, hélas en vain ( Voir sur Gonzomusic )…. Décidément, trop de Woodstock aura fini par tuer Woodstock !

 

Diffusé sur Netflix depuis le 2 aout 2022

 

Vous aimerez aussi...

1 réponse

  1. COCO dit :

    En résumé , Michael Lang se sera toujours fait dépassé par ses Woodstock !
    Le succès phénoménal du premier, il ne l’avais pas vu venir et ce fut d’anthologie .
    Le foirage du second et l’apocalyptique troisième l’auront mené au panthéon des losers des organisateurs d’événements musicaux .
    Un type inapte à faire revivre son bébé ?
    Une envie incontrôlée de Dollars ?
    Oui , un peu de tout cela quand-même…
    Pour finir, il nous aura évité les Hell’s Angels pour assurer la sécurité de ses festivals ( suivez mon regard … )
    COCO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.