THIN LIZZY « Thunder and Lightning »
Voici 42 ans dans BEST GBD analysait scrupuleusement ce 12ème et ultime épisode des aventures de Thin Lizzy, entamées en 1971 avec leur tonitruant LP éponyme. Cependant, il pouvait à la fois déplorer l’arrivée du Tyger of Pan Tang, le guitariste John Sykes, remplaçant un Snowy White démissionnaire depuis « Renegade », et en même temps se réjouir de l’envol de la carrière solo de son buddy Phil Lynott. Hélas, trois ans plus tard, le destin en décidera autrement, nous ravissant à jamais notre précieuse Rose noire. Flashback !
Souvent documenté dans BEST et à nouveau sur votre webzine, mes rencontres avec Phil Lynott, un personnage soi-disant distant et détestant parler aux médias, qui a toujours été au contraire vis-à-vis du jeune journaliste que j’étais le plus cool des mecs ( Voir sur Gonzomusic YOU MADE ME DIZZY THIN LIZZY !et aussi PHILIP LYNOTT « The Philip Lynott Album »). Sans doute notre look Afro commun et un gout immodéré pour les histoires drôles et les vitamines n’y étaient-il pas étrangers ? Anyway, lorsque j’ai chroniqué ce « Thunder and Lightning » , je n’avais pas encore la confirmation qu’il marquerait le chant du cygne de Thin Lizzy. Et surtout, je ne pouvais pas imaginer un seul instant que celui à qui j’aimais tant tendre mon micro disparaitrait seulement trois ans plus tard, quelle tragédie !
Publié dans le numéro 178 de BEST
Lorsque Thin Lizzy enregistrait au Boat House, le studio de Pete Townshend, aux bords de la Tamise, les minettes collaient leur nez sur la vitre pour apercevoir Lynott. Elles auraient donné n’importe quoi pour croquer l’Irlandais noir. Un guitariste en remplace un autre, c’est comme au poker, Snowy White a dégagé pour les griffes d’un Tyger of Pan Tang, Dommage, Snowy avait l’avantage d’être plus discret. Celui-ci, mon inconscient bagarre sec pour oublier son nom, est plus violent et surtout plus présent. Il titille ses riffs comme s’il pinçait les fesses d’une gueuse maquillée des nuits de Soho. En fait, Thin Lizzy c’est avant tout Lynott. Sa voix rauque, sa pèche, son style, son humour. Si j’avais pu inventer le crayon électronique qui gomme tout le reste de la bande, croyez-en ma vieille expérience, je rie me serais pas gêné. Aujourd’hui, je suis comblé, Lizzy vient enfin d’éclater, Phil Lynott va pouvoir jouer les cavaliers seuls comme sur ses albums solos. « Thunder and Lightning » est donc une sorte de testament. Comme l’enterrement est passé, le notaire Phono a donc procédé à la publication du document. -Je lègue un album à mes fans, une collection de musicos à l’A.N.P.E., une brochette de roadies à la reine d’Angleterre, un troupeau de groupies à Adam Ant — le pauvre, il en a vraiment besoin —, une paille de Macdo au patron du Palace, s’il veut siffler un cocktail fée des neiges, et son poids en disques de Thin Lizzy à tout rock chroniqueur qui critiquera l’album. Je lègue aussi à GBD « Bad Habits », un des titres de l’album, parce qu’il me rappelle bien « The Boys Are Back In Town » et je sais qu’il adore cela. Sans rire, je doute que « Thunder and Lightning » fasse beaucoup d’étincelles, mais je place quelques kilos d’espoirs enrichis dans la carrière !
Publié dans le numéro 178 de BEST daté de juin 1983