WILSON PICKETT « American Soul Man »
Voici 30 ans dans BEST, GBD saluait le chant du cygne de Wilson Pickett, un des plus grands héros de la soul-music, ignorant alors que ce 19éme disque était en fait l’ultime album-studio de l’homme de « In the Midnight Hour ». Symboliquement, cet « American Soul Man » était également crucial, puisque la star de la Stax passait avec armes et bagages sous pavillon Motown de Berry Gordy. Flash-back !
Né en Alabama, un des États les plus racistes des USA, dans une famille baptiste de 11 enfants, Wilson Pickett comme tant de légendes noires fera, bien entendu, ses premières armes dans la chorale de son église. Et comme la plupart, il saura quitter le gospel sacré pour se laisser subjuguer par cette soul profane et se laisser influencer ses ainés comme Little Richard, par exemple. À dix huit ans, il enregistre son premier 45 tours, mais il devra patienter jusqu’en 1964 pour voir enfin un de se disques se classer dans les charts. Ainsi son « It’s Too Late » s’inscrit en 7éme position des hits R&B. Mais tut va changer un an plus tard lorsqu’il parvient à se faire signer par le fameux label Atlantic et qu’il secoue toute l’Amérique avec « In the Midnight Hour », titre magique qui lui ouvre instantanément les portes du succès de masse. Enregistré au studio Stax de Memphis sous la direction de Jerry Wexler, avec la fameuse formation maison de Booker T and the MG’s, « In the Midnight Hour » est peut être un des plus beaux titres black de cette moitié des sixties avec le « Dock of the Bay » d’Otis Redding. En 72, après de nombreux tubes Pickette quitte Atlantic pour RCA. Et malgré quelques titres populaires, au bout de trois ans seulement, il se fait virer de chez RCA pour signer chez EMI…qui le congédie à son tour. C’est dire si cet album Motown, « American Soul Man » est un disque crucial pour le chanteur de Prattville, Alabama. Ne cessant jamais de tourner inlassablement, sa carrière sera reboostée par les Blues Brothers qui reprennent son « Everybody Needs Somebody to Love » et par les Blues Brothers 2000 où il fait carrément une apparition à l’écran pour interpréter « 634-5789 » avec son collègue Eddie Floyd. Hélas, le 19 janvier 2006, alors qu’il se trouvait à Reston, Virginia Wilson Pickett terrassé par une crise cardiaque meurt sur le coup : il n’avait que 64 ans. So sad…
Publié dans le numéro 234 de BEST
Et dire que je l’avais déjà enterré ! Sérieusement. Wilson Pickett incarnait toute la quintessence de la soul rageuse des 60’s et sa voix rocailleuse ne semblait déjà plus qu’un écho de son « In the Midnight Hour » de 65. Né en I942, dans l’Alabama. Wilson n’avait que 23 ans a l’époque. Aujourd’hui. il en a 45 et sa rage explose avec autant de ferveur. D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces lignes. Wilson est interné dans un hôpital en Allemagne où il risque fort de perdre un œil salement amoché au cours d’une bagarre. Le pire. c’est qu’il risque aussi la prison. Son camarade de rixe est dans un triste état et s’il y passe… Après toutes ces années de silence. Wilson balançait ce nouvel LP avec une version totalement reliftée dance-extended de son fameux « In the Midnight Hour » Sourire enjôleur genre «je suis au moins aussi beau gosse que Lionel Richie ». Wilson Pickett avec cet «American Soul Man » se réévaluait pourtant au niveau des plus grands comme Smokey (Robinson). James (Brown) ou Bobby (Womack). D’ailleurs, sur l’album on retrouve ce titre « l Wanna Make Love To You » que Womaek chantait déjà sur son dernier LP « Womagic » publié l’an passé. Savoureux cocktail d’énergie ébène et de sucre candide. Wilson maîtrise parfaitement toute l’émotion modulée par ses cordes vocales. Comme les grands fauves, il ne saura sans doute jamais s’arrêter de rugir: « American Soul Man » balance avec violence et brille comme les barreaux de sa prison.
Publié dans le numéro 234 de BEST daté de janvier 1988