THE TEARDROP EXPLODES « Wilder »

the Teardrop Explodes

Voici 41 ans dans BEST croquait avec moult délectations le deuxième LP des autres enfants prodiges de Liverpool après les hommes-lapins, les prodigieux the Teardrop Explodes conduits par le charismatique et allumé intégral devant l’Éternel, le fringuant Julian Cope qui nous livraient alors ce puissant manifeste néo-psychédélique né sur les bords de la Mersey… Flashback !

En 1980 trois groupes neufs et furieusement novateurs publient en quasi-simultanée leurs premiers 33 tours visionnaires : d’abord the Cure qui ouvre le bal de cette « nouvelle vague » avec leur saisissant « Three Imaginary Boys » ensuite ce sont les Irlandais de U2 avec « Boy », puis Echo and the Bunnymen avec « Crocodiles » ( Voir sur Gonzomusic  ECHO and THE BUNNYMEN LA LEGENDE DES HOMMES-LAPINS , ECHO AND THE BUNNYMEN THE LAST INTERVIEW et aussi  ECHO AND THE BUNNYMEN « The Game »  ) et enfin bien entendu the Teardrop Explodes avec leur « Kilimanjaro ». Ceux qui détiennent toujours aujourd’hui ce carré d’as du rock peuvent se vanter d’avoir des oreilles particulièrement visionnaires. Publié un a plus tard en 1981 ce « Wilder » entièrement composé par le très attachant Julian Cope est certes moins surprenant que « Kilimanjaro » son auguste prédécesseur, néanmoins avec des titres emblématiques tels que « Passionate Friend » ou « Seven Views Of Jerusalem » portée par son beat syncopé l’album tient toujours aussi bravement la distance face aux décennies écoulées.

Publié dans le numéro 163 de BEST

Julian Cope, le chanteur/bassiste/ auteur/compositeur de tous les morceaux de Teardrop depuis le vertigineux « Kilimanjaro » est une montagne de perfectionnisme. Il a passé plus d’un an à peaufiner cette collection aux sonorités tendres et colorées. Ce groupe (one more) de Liverpool, qui a tiré son nom d’un super vilain de BD, défait au cours d’un épisode sanglant des aventures de Daredevil, malgré ses larmes de feu explosives (sic !), me fascine. Teardrop Explodes et ses concitoyens comme Wah ou Echo and the Bunnymen ont préparé dès 77, la renaissance d’un acid rock naïf et pur qui avait disparu au crépuscule des sixties. Signé avec Echo sur le label « Zoo » de David Balfe, celui-ci en a délégué la distribution à Phonogram pour l’abandonner au profit du management du groupe. David et Julian sont les deux piliers de Teardrop, le manager est aussi le claviers du groupe. Teardrop revendique sa néo-aciditè, son psychédélisme du renouveau.

Cope déclare au Guardian : « Wilder » est un album qui doit prouver à tous les gens que le pantouflage de l’acide est encore capable de produire d’intense love songs ». J’avoue ne pas tout piger, tout comme Paul Du Noyer, mon confrère du NME (21/12/81), le concept de « Wilder » : un itinéraire initiatique et amoureux pour une basse fil d’Ariane qui fait des nœuds dans un ciel aquarelle de cuivres et de synthés ; « Sauvage » avec TE ne se traduit pas par « simple ». C’est surréaliste à souhait, les textes de Cope sont de véritables poésies que sa voix à la Peter Gabriel draine avec souplesse. On se laisse aller facilement sur la musique de TE, c’est frais et ça coule tout seul comme une source un peu fluo. Des trucs comme « Colours Fly Away » et son intro gorgée de cuivres musclés déclenchent un réel vertige sonore, une spirale qui m’entraine et qui va vite, tant elle est kaléidoscopique. « Wilder » vous mène doucement vers « les sept points de Jerusalem » aux chorus très cathédrale. « Passionate Friend » qui ouvre la seconde face est plus énergique. Et à nouveau on se retrouve plongé dans la coloration diaphane que Cope a décidé d’adopter jusqu’à la fin du LP « Wilder », somme toutes, a la chaleur de l’hiver et les éclats obliques du soleil qui se couche tôt, c’est plutôt léger et rassurant.

Publié dans le numéro 163 de BEST daté de février 1982