THE TEARDROP EXPLODES « Everybody Wants To Shag… »
Voici 31 ans dans BEST GBD retrouvait le LP perdu des Teardrop Explodes, 3ème album d’une formation atomisée après la mise à feu de la carrière solo de Julian Cope, un souvenir qui nous rappelle que la formation de Liverpool aurait du, aurait pu glaner sans peine les lauriers d’une gloire similaire à celle de ses fameux contemporains Echo and the Bunnymen et surtout U2. Flashback …
Ce n’est certes pas la première fois que j’évoque dans les colonnes de Gonzomusic l’épopée des Teardrop Explodes ( Voir dans Gonzomusic https://gonzomusic.fr/julian-cope-saint-julian.html et aussi https://gonzomusic.fr/saint-julian-cope.html ). Dans les années BEST, j’avais eu la chance de les voir jouer sur la micro-scène des Bains-Douches et j’avais immédiatement été tétanisé par la présence animale de Julian Cope et la puissance rock de ses Teardrop Explodes. Il est vrai que la sortie de leur premier 33 tours « Kilimanjaro » cet automne 1980 résonnait comme un écho au « Crocodile » de ses concitoyens liverpudliens Echo and the Bunnymen et au « Boy » des jeunes irlandais de U2. Bien entendu, Teardrop ne transformera jamais l’essai et explosera en vol. Cet album time-capsule retrouvé dix ans après son enregistrement reflète pourtant toute l’utopie, toute la folie douce et acidée de la formation de Julian Cope.
Publié dans le numéro 263 de BEST
Au tournant des années 80, à l’aube secouée de l’after-punkitude, des brumes de Liverpool émerge un tourbillon frénétique d’une nouvelle et rare énergie basée sur la technologie fraiche des nouveaux synthés. Orchestra manœuvre déjà hors des ténèbres tandis que les hommes-lapins de lan McCullogh incarnent l’Echo d’un jour neuf. Jeune déchiré, Julian Cope s’affirme déjà avec ses Teardrop Explodes comme chef de file de ce courant tourbillonnant. « Kilimanjaro », premier LP des Teardrop constitue avec le « Boy » de U2 et le «Seventeen Seconds » de Cure la bande originale du film monochrome de cette époque encore hallucinée par le big bang de tous ces changements drastiques. Concert éclair et flash aux Bains-Douches, deux albums et une paire de maxis plus tard, Teardrop explose en vol, tandis que Julian sombre doucement dans une folie spatiale irradiée à une trop forte dose de LSD. Il faudra patienter jusqu’en 84 pour que mister Cope retrouve en partie ses esprits pour son LP solo « World Shut Your Mouth » – même titre que son bit de 86-. Pourtant cet été 82, Teardrop Explodes se retrouve en studio pour enregistrer un 3ème et fantomatique album qui ne paraitra jamais. Testament d’un groupe atomisé « Everybody Wants to Shag… » traversera huit années de purgatoire dans un coffre-fort avant de nous parvenir totalement préservé de toute érosion spatio-temporelle. Dès le premier titre «Ouch Monkeys » la voix de Julian scande sa douleur sur une boite à rythmes minimaliste et l’émotion coule comme le sang d’une plaie largement ouverte. Six ans avant le séisme House, Julian l’acidé prouve dans la frénésie de « Serious Danger » que décidément ces caves de Happy Mondays n’ont rien inventé. Quintessence du style Teardrop, « Count Ten And Run For Cover » déchire l’air avec une violence qui rappelle le dément « Ha Ha I’m Drowning ». Ralenti cinématographique comme une descente d’acide « Soft Enough For You » incarne aussi cette indéniable tendresse, face cachée du délirium pas si mince de Julian Document aussi sidérant que le volume 2 « Des trois formules du Professeur Sato» de Blake et Mortimer, « Everybody Wants To Shag… » n’est pas un simple album fan-club mais une entité incroyablement vivace.
Publié dans le numéro 263 de BEST daté de juin 1990