ST PAUL PETERSON
Près de 20 ans après son dernier album, 40 années après ce « Purple Rain » qui nous l’a révélé dans le sillage du Kid de Minneapolis, St Paul Peterson nous revient enfin avec ce superbe album éponyme où il perpétue le fameux son « cross-over » de Minneapolis, entre rock et funk, inventé par Prince. Entre reprises élégantes de Hall and Oates ou de Stevie Wonder et ses propres compositions qui groovent en diable, Peterson va ravir tous les aficionados de notre nain pourpre… et bien plus encore !
C’est comme un cousin perdu de vue depuis trop longtemps… et enfin retrouvé. On a découvert St Paul Peterson sur les images sublimées de « Purple Rain » au sein de the Time, le groupe opposé à the Revolution de Prince pour obtenir l’hégémonie du fameux club the First Avenue. Lorsque Morris Day, puis Jimmy Jam et Terrry Lewis claquent la porte, atomisant the Time et montant leur Flyte Tyme corporation, St Paul et quelques survivants de the Time créent, sous la houlette de Prince une nouvelle formation the Family. Le premier LP « The Family » sort sur le label du Kid, Paisley Park. Il contient entre autres compositions de Prince une version slow feeling du fameux « Nothing Compares To You » … qui ne tombera pas dans l’oreille d’une sourde chanteuse irlandaise, Sinead O’ Connor qui en fera un mega-tube planétaire. Après un seul album, the Family se désintègre, end of the story ? Pas tout à fait puisque St Paul va publier ses albums solos, avant de devenir un fameux musicien de studio accompagnant au fil des ans principalement Peter Frampton mais aussi le Steve Miller Band ou la choriste des TFF, Oleta Adams. Peterson publie également quatre albums solos dont le dernier date tout de même de 2003. C’est dire si ce retour-surprise sous ce titre éponyme peut nous réjouir. Car ce « St Paul Peterson » se révèle funky en diable et surtout d’une qualité rare.
Et tout commence avec « Break On Free », un funk parfait aux échos de War the Music Band porté également par un solo hors-pair du guitariste black rock Eric Gales… le tout pulsé par des cuivres clin d’œil aux 70’s. mais c’ets surtout avec son « Something in the Water » que les choses sérieuses commencent vraiment. Il s’agit bien entendu d’un hommage au titre de Prince « Something in the Water (Does Not Compute) » qu’on retrouve sur « Prince » sonLP de 82 . Ce good groove est un hymne à Minneapolis, la ville du « cross-over » inventé par la Purple Prince. Paul sous-entendant avec malice qu’il y aurait « quelque chose » dans l’eau qui crée cette incroyable fusion funk/rock/blues/soul. Super morceau. Puis c’est au tour de « I Couln’t Do Without You » qui sonne entre Teddy Pendergrass et Otis Redding en pur retro 60’s soul cool porté par la superbe voix de St Paul, à des années-lumière de son look de minet néo romantique découvert jadis sur la pochette de « The Family ». Avec la suivante, « Beauty Beyond the Darkness »… on est quasiment en mode « nothing compares to St Paul ». Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un super titre entre Hall and Oates… et « We Are the World », une de ces slow songs où on allume le briquet en agitant les bras. Positive en diable , « Beauty… »,c’est comme la lueur tout au bout du tunnel. « You Got 2 Love » avec son « 2 » au milieu pour faire «To » comme notre nain pourpre… et cela sonne effectivement de manière troublante comme du Prince version « You Got the Look » et « Lady cab Driver ». Ensuite, « Another Glass of You » un peu James Ingram mais aussi petit coté jazz rock à la Weather Report mais c’est avec « Big City » qu’on découvre sans doute la composition la plus rock du CD mixant généreusement Lenny Kravitz, les Red Hot Chili Peppers et le « Foxy Lady » de Jimi… dans le plus incroyable cocktail !
Coté reprises, voici « Broken Arrow » du leader de the band Robbie Robertson qui se révèle ici moins blues que l’originale mais plus funky délicate puis on découvre sa superbe reprise de « Love’s In Need Of Love Today » incroyablement fidéle à l’originale de « Songs in the Key of Life » de Stevie Wonder. Et dans l’écho de lcette sale guerre en Ukraine et il faut avoir des c……. pour oser chanter du Stevie love… bravo au soulman Peterson. Enfin, la funky emblématique « Minne Forget Me Not ( Featuring Leon J) » en fait à la base « Philly Forget Me Not » de Daryl Hall et John Oates mais surtout MA favorite de l’album… subliment princière perle où la funkitude dorée se fond dans le rock et sans doute LE hit potentiel du CD porté par ses chœurs gospel … encore une ode à Minne…apolis, cette cité incroyable que j’ai eu la chance d’explorer jadis ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/minneapolis-et-le-parc-psychedelique-de-prince-episode-1.html , https://gonzomusic.fr/minneapolis-et-le-parc-psychedelique-de-prince-episode-2.html et aussi https://gonzomusic.fr/minneapolis-et-le-parc-psychedelique-de-prince-episode-3.html ). « Blue Cadillac » se révèle incroyablement dirty blues climatique et entêtant. Superbe performance. Enfin tout s’achève sur une totale love-song , « Song For Julie ( Forever I’ll Love You) en hommage à sa femme depuis 3 décennies. Interprétée en version piano voix délicate en totale nonchalante, simple et émotionnelle… et incroyablement Stevie W en joli final certes quelque peu « fleur bleue »….mais on ne jettera pas la pierre à St Paul, son album méritant plus que largement le déplacement.