SQUEEZE « Sweets From A Stranger »

SqueezeVoici 41 ans dans BEST, GBD continuait à succomber à la lumineuse New Wave de Squeeze avec ce 5ème LP de la formation de Londres que d’aucuns considéraient alors comme les brillants successeurs des mythiques Beatles. Il est vrai que coté song-writing, le duo Difford/ Tilbrook était capable de bien des prodiges pop à l’image des fameux Lennon/McCartney et Squeeze le prouvait à nouveau avec ce puissant « Sweets From a Stranger ». Flashback…

SqueezeC’est vrai, le jour où j’ai entendu pour la toute première fois leur « Cool For Cats » dans un bureau de l’International de chez A&M au 1416 N La Brea Avenue à Los Angeles, dans les anciens studios de Charlie Chaplin, je suis tombé éperdument amoureux du son de Squeeze. Porté par les Lennon/McCartney de la New Wave, Chris Difford et Glenn Tilbrook, le groupe de Londres n’avait pas fini de me séduire ( Voir sur Gonzomusic  POUR TOUTE LA POP MAGIQUE DE SQUEEZE et aussi  SQUEEZE « Babylon And On »  ). Et tant pis si ce « Sweets From A Stranger » marque une crise profonde pour Squeeze puisqu’après ce 5éme LP le groupe s’autodétruit et Difford/ Tilbrook publient leur album duo… avant de reformer Squeeze en 1985.  Pourtant ce « Sweets From a Stranger » compte sans doute parmi les meilleurs albums du groupe Anglais. Porté par au moins trois hits la néo-jazzy rétro cool « When the Hangover Strikes », la blue-eyed soul idéale «  Black Coffee In Bed » et l’héroïque « I’ve Returned », plus de quatre décennies écoulées depuis sa sortie il constitue toujours un des joyaux de mon extensive discothèque.

 

Publié dans le numéro 167 de BEST

Squeeze

Ma petite amie m’a souvent prédit que je finirai par faire les sorties de lycées avec des sucreries pour appâter les petites filles. Belle mentalité ! Ce qui me rassure un peu, c’est que je ne suis pas le seul dans ce cas. Squeeze partage cette lourde tare avec moi et leurs sucreries sont alléchantes. Les petites filles sont bien incapables de résister à la voix enjôleuse de Chris Difford. « Sweets From A Stranger », ce sont les douceurs de la tentation, un fruit sucré et défendu qui ressemble fort au prologue d’une histoire. Mais Squeeze a l’habitude des histoires ; « East Side Story » ( Voir sur Gonzomusic SQUEEZE « East Side Story »  ), l’album précédent, était parfumé d’un romantisme dévorant qui tranchait complètement sur les frous-frous Spandau Balletisants de l’époque. Aujourd’hui, l’Angleterre se réchauffe doucement sous la flamme des petits blancs qui font du funk : Haircut 100, Funkapolitan ou ABC. Mais Squeeze est bien plus proche des racines profondes de la soul. Il ne se contente pas de reproduire, il transpose. Une chanson comme « Black Coffee In Bed » est aussi chargée de feeling qu’un vieux standard des Impressions, surtout avec Costello dans les chœurs. Si Elvis ne signe pas cette « Etreinte », il reste proche du groupe. Les compositions des deux guitaristes-chanteurs, Tilbrook et Difford, ont la force d’une certaine innocence, la transparence d’un tableau hyper réaliste. Squeeze fait une consommation assez délirante de claviers, mais le son ne s’en ressent pas trop : Jools Holland a été remplacé par Paul Carrack et celui-ci a passé la main à Don Snow. Squeeze a trouvé la formule magique de la séduction, à mi-chemin entre le fog british et Neverneverland où l’on accède par la Serpentine river. Difford maîtrise un beau brin de voix, un de ces organes à la Paulo capable de nous faire avaler n’importe quoi sur les mille variations possibles de la transe amoureuse.

SqueezeSqueeze place l’aventure au coin d’un cœur, sur une piste de danse ou sous une tasse de café. L’amour, la haine et l’indifférence se mélangent comme des tubes de couleurs sur la palette du peintre. Inutile de jouer les indifférents lorsque la galette de vinyle tourne sur la platine ; les sucreries de Squeeze ont cette petite touche magique qui fait office d’agent émulsifiant : on peut en bouffer des kilos sans jamais risquer l’écœurement. Elles viennent peut-être d’un étranger, mais elles sont irrésistiblement assimilables.

 

Publié dans le numéro 167 de BEST daté de juin 1982Stones

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.