Mort de Terry Hall chanteur des Specials
Il s’est éteint à seulement 63 ans, Terry Hall était l’âme des Specials et des Fun Boy Three et sa disparition est un choc. Si je n’ai jamais eu le privilège de lui tendre mon micro, j’ai souvent chroniqué ses albums et surtout jamais oublié son extraordinaire sens de l’engagement contre le racisme tout au long de sa brillante carrière offrant au ska ses plus belles lettres de noblesse. S’il faut en croire Horace Panter le bassiste, on avait diagnostiqué chez Hall un cancer du pancréas qui s’était rapidement propagé au foie. RIP Terry Hall… le Lunatic a définitivement quitté l’asile.
La triste news est tombée aujourd’hui lorsque The Specials ( Voir sur Gonzomusic THE SPECIALS « Encore » ) ont officiellement annoncé le décès de leur légendaire leader Terry Hall. Sur Twitter, la fameuse formation ska a confirmé que leur chanteur était décédé d’un cancer foudroyant à l’âge de 63 ans. Ils lui ont rendu un vibrant hommage en écrivant : « C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès, des suites d’une brève maladie, de Terry, notre bel ami, notre frère et l’un des plus brillants chanteurs, auteurs-compositeurs et paroliers que ce pays n’ait jamais produit. Terry était un mari et un père merveilleux et l’une des âmes les plus douces, les plus drôles et les plus authentiques. Sa musique et ses performances résumaient l’essence même de la vie… la joie, la douleur, l’humour, la lutte pour la justice, mais surtout l’amour. Il manquera profondément à tous ceux qui l’ont connu et aimé et laissera derrière lui le don de sa musique remarquable comme de sa profonde humanité. Terry quittait souvent la scène à la fin des spectacles des Specials en prononçant trois mots… ‘Love Love Love’. Au nom de cet amour, nous demandons à chacun de respecter l’intimité de la famille en ce moment particulièrement triste. »
Dans les heures qui se sont écoulées depuis sa mort, les frères d’armes du chanteur se sont exprimés pour lui rendre un hommage mérité. Parmi eux, son ancien camarade de groupe des Specials, Neville Staple, qui a tweeté : « J’ai été profondément attristé d’apprendre le décès de Terry Hall. Nous savions que Terry était malade, mais nous n’avons réalisé la gravité de son état que récemment. Nous venions juste de confirmer des projets musicaux communs à venir pour 2023. Cela m’a laissé sans voix ». De son côté l’autre héros des Specials, Jerry Dammers qui avait créé avec the Specials Aka « Free Nelson Mandela » dont le pouvoir rock avait largement contribué à la prise de conscience de l’horreur de l’apartheid et finalement à la libération du leader de l’ANC., a ajouté que « la mort de Terry est une nouvelle très choquante, horrible et tragique. Terry était si jeune et je me sens très triste », a-t-il poursuivi. « Contrairement à ce qui a été rapporté depuis, Terry et moi nous entendions bien dans les Specials originaux. Au-delà de nos débuts punky sur scène, c’est en studio, avec Elvis Costello comme producteur, où Terry a pu chanter tranquillement, que je pense que sa force cachée est apparue, une prestation qui a fait ressortir la mélancolie de certaines chansons des Specials, et à laquelle, je pense, beaucoup de gens pouvaient s’identifier. Toutes mes condoléances et ma sympathie vont à sa femme et à sa famille ».
Terry Hall est né à Coventry le 19 mars 1959, et avant d’émerger musicalement il a subi une enfance tragique et s’en est ouvert en 2019, révélant qu’il avait été enlevé par un réseau pédophile en France en 71, à l’âge de 12 ans, une tragédie qui l’avait conduit à développer une puissante addiction au Valium. Il plante l’école dès l’âge de 15 ans, exerçant de petits boulots tels que maçon et coiffeur avant d’investir la scène rock de Coventry à la fin des années 70. Après un court passage dans le groupe punk local Squad, Hall rejoint The Coventry Automatics en 1977, remplaçant l’ancien chanteur Tim Strickland. Ce groupe se rebaptisera bientôt The Specials, et deux ans plus tard en 1979, il obtient son premier succès au Top 10 avec « Gangsters », un cover d' »Al Capone » de Prince Buster. Leur premier album éponyme sort en octobre de la même année, et son successeur, « More Specials », débarque 11 mois plus tard, en septembre 1980. Avec des titres explosifs tels que « Racist Friend » ou « A Message To You Rudy » sans oublier « Ghost Town » et l’halluciant « Too Much Too Young » les Specials sont le fer e lance de cette vague two-tones antiraciste qui secoue l’Angleterre et l’Europe. C’est justement à ce moment que j’ai commencé à écrire dans la presse rock rencontrant tour à tour les Madness, Selecters et the Beat, sans hélas jamais interviewer the Specials. Ce qui ne m’a pas empêché de fondre comme neige au soleil sur l’aventure suivante de Hall au sein des Fun Boy Three avec leur magnifique « The Lunatics Has Taken Over the Asylum ». Il ne faut pas non plus oublier le puissant « Our Lips Are Sealed » que Hall offrira à sa girlfriend de l’époque l’Américaine Jane Wiedlin qui en fera le tout premier hit des Go Go’s. Au fil des ans, le chanteur se produira ensuite avec the Colourfied avant de fonder l’éphémère Vegas avec Dave Stewart. Il a également publié deux albums solo (‘Home’ en 1994 et ‘Laugh’ en 1997), et a collaboré au fil des ans avec de nombreux artistes tels que Lightning Seeds, Sinéad O’Connor, les Dub Pistols, Gorillaz, Damon Albarn, D12, Tricky et Lily Allen.
Terry Hall a également reformé The Specials actifs jusqu’à cette année, donnant leur dernier concert à Escot Park dans le Devon le 20 août dernier. Se livrant au NME, Hall a plaisanté en disant que sa motivation pour être dans un groupe était « d’énerver les gens ». Il a également reconnu que ses idées politiques de gauche avaient été façonnées en partie à partir de ses premiers jours d’école, pendant une poussée d’immigration en provenance des Antilles, de l’Ouganda et de l’Irlande du Nord. Jusqu’à la fin de sa vie Terry Hall aura su s’investir artistiquement pour mener des actions caritatives et soutenir des ONG. Ce soir le rock a perdu un de ses héros les plus intègres et généreux. So long Terry Hall… ta merveilleuse musique te survivra à jamais.