NEIL YOUNG « Harvest »

Neil YoungHappy birthday « Harvest » !  Le 33 tours iconique de Neil Young souffle ses cinquante bougies et fait donc l’objet d’une extensive et oh combien méritée réédition, boostée d’une poignée d’outakes, de précieux live et d’un documentaire massif de deux heures consacrées à ce 4ème LP studio du Loner.  Mais le contexte de son enregistrement rend aussi ce disque si particulier.  Il faut en effet se souvenir que Neil Young avait subi une opération du dos et qu’il était encore convalescent lorsqu’il l’a enregistré en partie allongé, ce qui explique l’incroyable délicatesse du son de cet incroyable album. Et c’est bien ce qui rend cette « Moisson » aussi unique.

Neil YoungPar Jean-Christophe MARY 

À l’occasion de son 50e anniversaire, Harvest, l’album le plus populaire de Neil Young, vient d’être réédité chez Reprise Records. Cette « Moisson » est définitivement l’album blockbuster qui a fait décoller la carrière de Neil Young, le révélant au monde comme une superstar à part entière. Pourtant au début des 70’s, Neil Young est loin d’être un inconnu. Après avoir grandi à Toronto, écumé à l’adolescence les petites scènes canadiennes au sein de diverses formations, lui et son copain bassiste Bruce Palmer prennent la route dans un vieux corbillard (surnommé « the hearse » auquel  il rend hommage sur le hit du Stills Young band « Long May You Run » NDREC)   pour tenter leur chance à Los Angeles. C’est le début du Buffalo Springfield, groupe pionnier du folk rock  psychédélique au sein duquel Neil Young se distinguera aux côtés d’ un certain Stephen Stills. En 1968, le chanteur entame une carrière solo, signe sur le label Reprise et enregistre trois albums « Neil Young », « Everybody Knows This Is Nowhere » et « After the Gold Rush » et rejoint le trio Crosby, Stills and Nash pour participer à l’écriture du sublime « Déjà Vu » (1970). Ces deux albums folk aux fortes tonalités rock caracolent en tête des hits parade plaçant un peu plus Neil Young sous le feux des projecteurs. Sorti en 1972, « Harvest » est un album différent, à la fois plus lisse, plus excentrique que son prédécesseur « After the Gold Rush ».

Neil YoungLe disque obtint un énorme succès, grâce en autre au single country rock « Heart of Gold » porté par la pedal steel et l’harmonica, omniprésents. Malgré sa structure un peu bancale, « Heart Of Gold », nous renvoie à ces grands espaces américains, à ces routes désertes blanchies, plombées par un soleil écrasant. Le nom donné à l’album, « la Moisson », illustre parfaitement l’ambiance rurale que l’on trouve sur ces 10 pistes qui ont été pour partie enregistrées lors de plusieurs sessions, dans différents lieux : en studio à Nashville, New York, Londres mais aussi en live à Los Angeles et au Broken Harrow ( en hommage à un hit du Buffalo Springfield : NDREC) le ranch californien de Neil Young. Comme on le découvre dans le DVD qui accompagne le coffret, les morceaux portés par les guitares électriques ont été enregistrées dans ce ranch. On y voit Elliot Mazer l’ingénieur du son mettre en place un système d’enregistrement à distance, installer des haut-parleurs dans la grange pour le monitoring, les musiciens travaillant sans casques. Un micro d’ambiance est également placé à l’extérieur de la grange. Les chansons enregistrées comportent des bruits ambiants, chaque micro repiquant les sons des autres instruments, mais le résultat donne ce son unique, un peu révolutionnaire pour l’époque. Les titres « Are You Ready for the Country » hymne anti-militariste contre la guerre du Vietnam, « Alabama » (qui milite contre le racisme dans cet Etat du Sud auquel Lynyrd Skynyrd répondra par son « Sweet Home Alabama NDREC) et « Words » ont été captés lors de ces sessions, non pas avec le groupe Crazy Horse mais avec les musiciens de Linda Ronstadt, Kenny Buttrey (drums) Tim Drummond (bass) Ben Keith (guitars) et Jack Nitzsche au piano et au lap steel.

Neil YoungPour l’accompagner en tournée à l’hiver 1973, Neil Young embarquera avec lui ses nouveaux musiciens et baptisera la nouvelle formation, les Stray Gators. Autre surprise sur le DVD, « A Man Needs a Maid » et « There’s a World » qui furent enregistrés à Londres avec le London Symphony Orchestra (on y voit un Neil Young appliqué, très concentré derrière son piano et le grand orchestre !) ou « The Needle and the Damage Done » qui fut capturé lui lors d’un live, le 30 janvier 1971, au Royce Hall, Los Angeles, UCLA. Cette chanson solaire fût écrite à la mémoire de Danny Whitten (guitariste du Crazy Horse) et Bruce Berry (ami et roadie), tous les deux morts par overdose. Un demi-siècle après, ce magnifique « The Needle and the Damage Done » n’a rien perdu de son intensité, tant la douleur de la perte des deux proches de Young y est palpable. « Harvest » contribuera à renforcer l’image de Neil Young, à la fois troubadour folk, rocker hirsute, autant hippie protestataire que patriote amoureux de son pays. La réédition du 50e anniversaire se présente sous forme d’un coffret vinyle ou CD, les deux comprenant deux DVD. Le premier DVD est la performance vidéo d’un concert donné à la BBC, BBC In Concert, le second un documentaire inédit de deux heures intitulé « Harvest Time » (Voir sur Gonzomusic « Harvest Time » le doc inédit de « Harvest » pour ses 50 ans ). Réalisé par Neil Young et son équipe de tournage en 1971, ce DVD est incroyable. Il vous plonge au cœur de la réalisation de l’album comme si vous y étiez. Le tout est accompagné d’une affiche et d’un livre à couverture rigide qui comprend des photos inédites ainsi que de nombreuses notes de pochette du photographe Joel Bernstein. A découvrir ou à redécouvrir de toute urgence.

 

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