PETER GABRIEL « i/o »
C’est sûr et certain cet « i/o » est incontestablement le meilleur album de Peter Gabriel depuis 21 ans… puisqu’il n’a pas publié de disques de compositions originales depuis son « Up » de 2002… à l’écoute des 24 chansons …. ( Bis puis qu’elles nous sont proposées en versions bright-side mix et aussi dark-side mix) de cette 10éme rondelle, on est même en droit de s’interroger : ne serait-ce pas tout simplement le meilleur album du Gab’ depuis son « So » de 1986 ? La réponse est au fond du sillon de ce lumineux « i/o » pour « input/output »… et de là à se réjouir du retour de ce joyeux fils de put… il n’y a qu’un pas, que nous Gonzo-franchirons allègrement.
C’est un peu comme Obelix lorsqu’on lui donne un coup sur la tête dans « Le Devin » et qu’il ne retrouve ses esprits que quand un menhir s’abat sur lui, Peter Gabriel du jour au lendemain ou presque a retrouvé son sens inné de la pop-music, un sens qui semblait avoir disparu chez lui depuis des décennies Et tant pis s’il semble se prendre la tête sur sa pochette, il y a quelque chose de magique dans cet « i/o » qui va bien au-delà de ses sets de mixs alternatifs bright-side et dark-side de ces 12 radieuses compositions. D’ailleurs, dès le tout premier titre, l’entrainant « Panopticom », on découvre du « Shock the Monkey » , voire du « Sledgehammer » en filigranes, soit une super mélodie et des vocaux passionnés, ceux justement auxquels le Gab’ nous avait habitué de l’aube des 70’s après son départ de Genesis jusqu’au cœur des 80’s. Même combat avec la suivante « The Court », climatique et percutante, qui rentre dans la tête pour ne jamais la quitter. Puis c’est au tour de la lente et mélancolique « Playing For Time » de nous séduire avec son je ne sais quoi entre Tom Waits et le « Still Crazy After All These Years » de Paul Simon. Quant à la chanson-titre, la lyrique « i/o », si je vous disais que j’y ai retrouvé une pointe de son fameux « Solsbury Hill » de son tout premier « Peter Gabriel » au sortir de Genesis… en 1977… cela ne devrait guère vous surprendre, n’est-ce pas ? Quant à « Four Kind Of Horses », il y a sans doute un écho de « Biko » dans cette chanson-là… lorsque la puissante « Road To Joy » pourrait sans peine être un « Shock the Monkey » 2.0, preuve que décidément Gabriel n’est jamais aussi bon que lorsqu’il fait du … Gabriel !
Avec « So Much » on retrouve justement le Gab’ romantique et tendre, propulsé par une simple balade émotionnelle, qui nous donne la chair de poule tant son timbre vocal parait incroyablement préservé de l’usure de l’âge. Avec « Olive Tree », on découvre l’un des moments de bravoure de cet « i/o » porté par des cuivres qui évoquent irrésistiblement le « You Can Call Me Al » du « Graceland » de Paul Simon kustement capturé en Afrique du Sud…mais faut-il rappeler qu’à travers son label Dreamworks PG a été l’un des premiers à promouvoir la world-music… donc rien de surprenant ici, juste un super bonne chanson qui fait battre nos cœurs un peu plus fort, un peu plus vite. Simple, dépouillée, juste émotionnelle, « This Is Home » nous arrache à l’attraction terrestre, accroché à une vague de synthés, une volée de violons et surtout cette voix emblématique qui monte si haut dans notre stratosphère sonique. Enfin, cet album dans sa version « Bright-Side mix » s’achève sur la merveilleuse et pacifiste « Live And Let Live , aux cordes si vibrantes, pour une quasi comptine enfantine. Mais comme dans Star Wars il existe un côté obscur de cet album, incarné par son « Dark-Side Mix » forcément plus sombre, où les basses sont mises en avant et donc selon son humeur du jour, on peut opter pour une écoute « Bright » ou une écoute « Dark » de ce même album, et ce pari novateur sur la dualité parait carrément gagné… Le Gab, découvert sous son masque de renard de « Foxtrot » sur la scène du Bataclan à l’aube des 70’s, est vraiment de retour, welcome back sir !