SO LONG JIM LADD THE LAST LA DJ
C’est un véritable choc : Jim Ladd, le DJ FM de Los Angeles connu sous le pseudo de « Lonesome L.A. Cowboy », qui a animé des mythiques émissions rock sur KMET, KLOS et SiriusXM et qui a inspiré l’album « The Last DJ » de Tom Petty, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche d’une crise cardiaque à son domicile. Il avait 75 ans. J’avais eu la chance de rencontrer Jim Ladd au crépuscule des 70’s dans son nid d’aigle de Laurel Canyon. Avec son style décalé, sa voix grave inimitable et sa coolitude illimitée, et surtout la complicité qu’il savait si bien instaurer avec les musiciens qu’il interviewait aura su m’inspirer toute ma vie pour mes propres entretiens… so long Jim Ladd…
Décidément sale temps pour mes héros de la radio… après la triste disparition de Claude Villers qui m’avait donné ma première chance à 17 ans de parler dans un micro sur France Inter (Voir sur Gonzomusic Adieu Claude Villers ) c‘est au tour de Jim Ladd, fameux DJ des radios rock FM de Los Angeles de s’envoler à 75 ans. J’ai découvert Jim Ladd sur KMET lors de mon tout premier séjour à LA en 1974. Sa voix grave et chaleureuse à l’antenne, son ton amical et bienveillant, parfois complice mais toujours interrogatif le distinguait de tous ses collègues DJ. Comme la FM n’existait pas en France, à chacun de mes séjours à LA je me suis mis à enregistrer des cassettes de radios FM avec le pub, les jingles et leur incroyable programmation musicale. Et bien entendu il y en avait beaucoup de Jim Ladd. En 78 il animait son émission « Innerview » (la vision intériuere) par opposition à la banale « interview » qui était « syndique » c’est à dire distribuée sur des dizaines de radios à travers tous les USA. Eagles, Led zeppelin, David Bowie, Jackson Browne, David Gilmour ou encore Elton John étaient ses interlocuteurs habituels et face au micro de Jim Ladd ces stars du rock se livraient comme jamais. Cette année-là je l’ai contacté pour lui proposer de tenter d’adapter ses « « Innerviews » pour une radio Française. A l’époque les shows de Jim étaient pressés sur vinyle avant d’etre postés aux quatre coins du pays. Jim m’a reçu dans son nid d’aigle de Laurel Canyon. Pour accéder à sa villa, Jim devait faire descendre une cabine sur crémaillère. Quand on débraquait chez « the Last DJ » on avait droit à une arrivé eà la James Bond. Ce jour-là Jim était aussi cool simple et chaleureux que je pouvais l’imaginer. Il m’a remis quelques vinyles de son show pour que je démarche les radios hexagonales, nous avons parlé musique et groupes, c’était vraiment comme échanger avec un pote. Super rencontre… même si je ne suis jamais parvenu à vendre « Innerview » à une radio. Mais lorsque je suis devenu journaliste un an plus tard, dés mes premiers entretiens je me suis promis non pas de « singer » Jim Ladd, mais d’adopter sa nonchalance et son style décalé pour mener mes propres interviews. Et je n’ai jamais oublié tout ce que je devais à Jim Ladd qui avait su tendre la main à un ado étranger inconnu mais passionné.
Hélas la triste news de la disparition de the last DJ a été annoncé hier par Meg Griffin, une autre DJ renommée qui a animé l’émission SiriusXM Deep Tracks au pied levé et à la place de Ladd. Griffin a déclaré que son épouse, Helene Lodge-Ladd lui avait demandé d’annoncer la nouvelle au début de son émission, diffusée en direct tous les jours de la semaine de 14 heures à 18 heures. « Je suis vraiment désolée pour le choc qui vient de vous frapper alors que vous êtes en train d’écouter », a déclaré Mme Griffin à ses auditeurs. « Il n’a jamais cessé de se préoccuper des autres. Il livrait la vérité. Il vivait pour la musique ». Possédant la voix FM ultime, il disait chaque soir : « Je suis Jim Ladd, et vous et moi écoutons KMET » – ou KLOS ou Deep Tracks. Et il terminait par : « Je tiens à vous remercier de m’avoir écouté et d’avoir été mon ami ce soir. Bonne nuit à tous. Lors de son émission sur SiriusXM, il a tenu à préciser qu’il émettait depuis « les collines d’Hollywood ». Jim Ladd a commencé à travailler pour la radio par satellite quelques mois après avoir été licencié de la station de rock de Los Angeles KLOS-FM en octobre 2011. Il s’agissait de son troisième passage à la station de rock, après y avoir travaillé de 1969 à 1975, avant de passer à sa rivale KMET jusqu’à ce que la station change de format. Jim Ladd était un outsider qui a bâti sa réputation en diffusant ce qu’il appelait la « radio libre », en évitant les listes de lecture et en créant des séries de musique à thème et en invitant les auditeurs à appeler. Une autre émission populaire était Headsets, au cours de laquelle Ladd programmait des séries thématiques destinées à être écoutées avec des écouteurs. Il a également servi de modèle à « The Last DJ », l’album de Petty de 2002, dont la chanson titre s’attaque à l’industrie de la radio. Petty et les Heartbreakers, amis de longue date de Ladd, ont joué la chanson lors d’un concert intime à Cal State Northridge quelques jours après le licenciement de Ladd. « Jim Ladd a été licencié cette semaine parce qu’il avait de l’imagination », a déclaré le chanteur sur scène ce soir-là, avant de déplorer le fait que les stars de la musique sont aujourd’hui créées dans le cadre de « jeux télévisés ». « Tout le monde gagne, mais on se fait arnaquer ».
Le DJ de radio était également un ami de Roger Waters, de Pink Floyd, et c’est sa voix qui figure sur l’album solo Radio K.A.O.S., sorti en 1987. Lorsque l’album phare du groupe, The Wall, est sorti à la fin du mois de novembre 1979, Ladd a présenté la face 1 dans son intégralité à son auditoire de la radio de Los Angeles. Il a précisé à l’antenne que les chansons allaient se fondre les unes dans les autres. « Vous savez comment font les Floyd », a déclaré Ladd à ses auditeurs. On lui a décerné une étoile sur le Hollywood Walk of Fame en 2005, il a été nommé personnalité de l’air de l’année en 2000 par les Los Angeles Music Awards. Jim Ladd adorait provoquer et exaspérer ses patrons par ses commentaires fréquents sur la corporatisation de la radio. Il jouait souvent le titre « Around the Dial » des Kinks (1981), qui déplore l’absence soudaine d’un disc-jockey favori. Exemple de paroles : « Où êtes-vous allé, M. le DJ, vous ont-ils retiré de l’antenne, avez-vous dit quelque chose aux dirigeants de l’entreprise, là-haut ? Meg Griffin a justement passé cette chanson lorsqu’elle a annoncé la mort de M. Ladd sur SiriusXM hier.
Elle a ensuite joué « The Last DJ », qui s’ouvre sur les mots suivants : « On ne peut pas le transformer en homme d’affaires, on ne peut pas le transformer en pute, et les gars d’en haut ne comprennent plus rien. »
Et voilà le dernier DJ se fait la malle… so long Jim Ladd Last DJ in the stars