ROGER DALTREY « My Generation »

Roger DaltreySee me, feel me, heal me…  hé, non… pour une fois, il ne s’agit ni d’un nouvel album des Who, ni même d’un CD solo de son chanteur Roger Daltrey mais d’un livre autobiographique où l’iconique vocaliste aux cheveux d’ange bouclés se raconte à la première personne dans ce bien nommé « My Generation », publié aux éditions  Kero, qui a su retenir toute l’attention de JCM.

Roger DaltreyPar Jean Christophe MARY

 

Dans cette passionnante autobiographie, Roger Harry Daltrey raconte son histoire au sein des Who, groupe qu’il a fondé au début des années 60. Parti de rien et devenu une méga star du rock, le chanteur aura codirigé avec le compositeur et parolier Pete Townshend, la carrière du méga groupe britannique durant plus de cinquante ans. Véritable icône du rock, vocaliste admiré par des générations de fans, Roger Daltrey a enregistré 11 albums avec The Who et 13 albums en solo. Cette autobiographie raconte son parcours professionnel et perso, qui permet de mieux cerner la personnalité de la rock star. Écrit simplement dans un style au franc-parler très direct, Roger Daltrey livre ici un récit exhaustif avec des détails honnêtes de ses différentes vies. Ce récit est doublement instructif, car il dévoile le sens profond que revêtent pour Roger Daltrey, la musique et la gloire.

L’ouvrage démarre sur les problèmes de santé récurrents de Daltrey, fracture du dos et de la mâchoire, ses épuisements sur scène. Il confesse que lui et les autres membres n’ont jamais fait vraiment attention à leur santé durant leurs 50 ans de service. « On était des athlètes en fait, mais on ne s’entrainait jamais comme tels. Parce qu’on était un groupe de rock, pas une équipe de foot. Pas d’étirements, pas d’échauffements, rien que l’alcool dans les vestiaires» .  Daltrey livre sa vision des origines de cette musique à la rage cathartique, crée par un groupe hors norme, l’un des groupes les plus dur du rock des 70’s.  À la fin des 50’s, Roger Daltrey bosse à l’usine le jour et répète le soir avec John Entwistle (basse), Keith Moon (batterie) et Pete Townshend (guitare),  quatre ados qui deviendront The Who. Le chanteur raconte les concerts aux quatre coins du Royaume-Uni à bord d’un van pourri. Matériel cassé, bagarres internes, facéties des membres, les faits drôles (les frasques de Keith Moon sont multiples) , incroyables et parfois tragiques (11 spectateurs morts lors d’un mouvement de panique durant un concert à Cincinnati en 1979) prennent une saveur croustillante sous la plume de Daltrey. La création de hits incontournables « My Generation », « Substitute », « Pinball Wizard » – et d’albums mémorables – « Who’s Next », « Tommy », « Quadrophenia » –, la drogue, les morts, les chambres d’hôtel ravagées, tout est raconté ici, sans fard ni détour. Working-class hero, issu d’un milieu pauvre, où l’on ne mangeait pas toujours à sa faim, on apprend que le chanteur arrivera au sommet grâce à une foi et une détermination sans faille, avec ce petit côté cockney débrouillard. À 15 ans, il sait se servir d’une machine à coudre. Contre quelques shillings, il coud des insignes sur les vêtements de ses camarades, ajuste leurs pantalons en coupe droite pour être à la mode. Plus tard, il confectionne des sandwichs qu’il revend à ses collègues à l’usine. On comprend ainsi comment très tôt il a appris à se battre pour gagner sa vie et déterminé à faire de The Who son gagne-pain, en construisant un groupe toujours plus grand, toujours plus inoubliable. En narrateur de son propre parcours, il explique comment il a fabriqué sa première guitare, comment il rêve devant les Fender Stratocaster exposées dans la vitrine d’un magasin de Charing Cross Road, guitare dont « le prix était alors astronomique, plus cher qu’une maison ! ».

The WhoL’ouvrage évoque également ses amours de jeunesse, la naissance accidentelle de son premier fils à 19 ans, la première mouture de The Who baptisé the Detours jusqu’en février 1963, les premières parties des Beatles et des Kinks. On y apprend que cette réputation légendaire à casser du matériel sur scène naitra en fait d’un malheureux accident (Pete Pete Townshend transperce malencontreusement le plafond d’une salle avec le manche de sa guitare) , accident qui s’inscrira au fil des concerts comme un rituel. On y apprend les débuts au Marquee -célèbre club Londonien- qui forgera l’identité du groupe autour d’une fan base de jeunes mods repérés dans les rues de Londres. Cette biographie très personnelle inclue aussi de nombreuses anecdotes sur sa vie d’acteur ( tel ce phallus géant de 3 mètres récupéré après un tournage, objet qui décorera son jardin au grand damne de son voisin), la création d’albums cultes tels « Quadrophenia », « Lifehouse » (qu’il n’apprécie pas plus que ça !). En revanche, il ne tarit pas d’éloges sur « Who’s Next » un de ses albums préférés, album auquel il consacre un chapitre entier. Au fil des pages, Roger Daltrey narre les grands moments live du groupe, Woodstock, l’ile de Whight, le Live Aid de 1985, le concert pour les attentats du 11 septembre, le Super Bowl en 2010 et bien sur les Jeux Olympiques de Londres de 2012,  face à plusieurs milliards de téléspectateurs. Le chanteur  y parle sans filtre de Kit Lambert et Chris Stamp, les deux managers escrocs, les nombreux désaccords avec Pete Townshend ou Keith Moon et l’arrêt du groupe pendant 10 ans. Ici aucun détail scandaleux, on y parle vraiment souvenirs et musique avec ce trait d’humour « So british ». Si vous mettez en fond sonore les titres évoqués dans cette biographie, la lecture en sera d’autant plus captivante.  Cela vous permettra peut-être d’entendre des choses nouvelles, que vous n’aviez peut-être pas remarquées jusqu’ici. Who are you… hou hou.. comme disait l’autre. Quoi qu’il en soit, « My Generation » est un témoignage particulièrement attachant par l’une des figures les plus charismatiques du rock anglais.

 

 

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