PRITCHARD & LO “Rendez Vous Streets”

Pritchard & Lo31 ans après l’album-duo emblématique qu’il avait enregistré avec Daniel Darc, le British et éternel romantique Bill Pritchard ose récidiver avec un nouveau mangeur de grenouilles du nom de Frederic Lo. Et fort de ses dix compositions d’une invincible pop anglaise émotionnelle, ce « Rendez Vous Streets » est à ne rater sous aucun prétexte.

Rendez-vous StreetsC’est en 88, avec son bluffant second LP « Half A Million » que j’ai découvert le francophile baladin mélancolique Bill Pritchard, signé sur le micro-label Third Mind. Un an plus tard, a lieu le choc de sa rencontre avec l’ex-chanteur de Taxi Girl, Daniel Darc ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/daniel-darc-letoile-sombre.html et également https://gonzomusic.fr/daniel-darc-lange-dechu.html  ) pour l’inclassable « Parce-que » ( tiré à seulement 300 exemplaires), où Daniel et Bill alternent les vocaux d’un titre à l’autre en pure poésie pop, citant Jean Genet avec aussi Rimbaud en filigranes. En 2004, dix années après son dernier album solo, Daniel revient dans la lumière publiant le sublime « Crève-cœur » avec la complicité de Frédéric Lo, suivi par le bien nommé « Amours suprêmes », quatre ans plus tard. Daniel nous quitte en 2013, et c’est juste déchirant. Frederic Lo va ensuite produire- entre autres- Alain Chamfort ou Pony Pony Run Run et aussi publier ses propres disques ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/frederic-lo-lorfevre-sonique.html ) à l’instar de son brillant « Hallelujah ! »  (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/frederic-lo-hallelujah.html ). Pritchard et Lo, ces deux-là forts de leur amitié commune avec Daniel, se devaient un jour ou l’autre d’unir leurs forces sur un projet commun : ce sera « Rendez Vous Street ». Soit dix petits bijoux de pure pop classique aussi GB que mon cabriolet Triumph de 74, ciselés avec autant d’amour que de fantaisie. Pour preuve, leur toute première composition n’est-elle pas intitulée « Digging For Diamonds » ?  2 minutes et 13 secondes de bonheur absolument intemporel. La suivante « In Shibuya », malgré son titre Tokyoïde s’inscrit dans cette même tradition des Beatles ou de Procol Harum et c’est juste un ravissement pour les oreilles. Sans doute l’une des plus intéressantes du projet « Ton innocence » offre à Bill Pritchard de s’essayer (en partie) dans la langue de Molière et ce cocktail d’anglais et de français mérite largement que l’on s’y arrête pour en respirer tout le parfum des fleurs.

Pritchard & Lo Incontestablement ma favorite, ensoleillée par la présence d’Étienne Daho, qui vocalise de concert avec notre ami venu de Lichfield dans le Staffordshire, « Luck » est délicat comme ces butter cookies qui accompagnent le traditionnel 5 O’clock tea, un feeling irrésistiblement britannique sur la piste des géants des Kinks de « Waterloo Sunset ». La suivante « Magic Mountain » n’a sans doute rien à voir avec le fameux parc d’attractions de LA, et pourtant il suffit de l’écouter pour s’y téléporter et retrouver la petite bombe blonde de nos 18 ans qui nous y accompagnait. D’ailleurs, étrangement, il y a un je ne sais quoi du « Disney Girls » d’Art Garfunkel dans cette composition aux couleurs pastel. Avec « Palace of Dreams » on remonte également le temps, mais cette fois du côté du Velvet Underground avec son intro lancinante au pur parfum de « Heroin ». Influences US ou GB, Pritchard & Lo s’abreuvent très largement aux sources de jouvence de la mythologie rock. Pink Floyd de « Cymbaline » ? « Lucky Man » de ELP ? « Arts and Crafts » est un pari gagné sur la mélancolie rock, lorsque « Always » penche très distinctement du côté des Who. Mon second titre fétiche de l’album, la love-song « Hey Mimsey » se laisse porter par ce classicisme made in England entre costumes taillés à Savile Row et (à nouveau) les Kinks de « Dedicated Follower of Fashion ». Enfin, tout s’achève avec la chanson-titre “Rendez Vous Streets” aux troublantes similitudes du style Lennon période Plastic Ono Band et l’on réalise alors que cet album respecte parfaitement les standards des 33 tours des sixties, soit deux fois cinq compositions de trois minutes par face de vinyle pour que ce voyage sonique dans le temps soit encore plus parfait…my goodness !

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