DOMINIC SONIC « Qu’avons-nous fait »

Dominic Sonic by E. Margarita

Dominic Sonic by E. Margarita

Quatre ans après sa triste disparition, Dominic Sonic revient nous hanter de ses pures rengaines rock pour le meilleur et le meilleur avec ce « Qu’avons-nous fait », un splendide album posthume finalisé par son complice, le musicien Rennais comme lui, Romain Baousson qui a aussi convié de nombreux artistes dont Miossec, Daniel Paboeuf, Pierre Corneau, Hakim Hamadouche ou encore Xavier Tox Geronimi.  Et c’est une intense et pure émotion rock de découvrir onze inédits de l’ex chanteur de Kalashnikov rencontré et adopté ce soir de Transmusicales dans la salle de la Cité de Rennes.

Dominic Sonic

Dominic Sonic

C’est un esprit de liberté qui n’appartenait qu’à lui, Dominic Sonic n’était pas seulement l’un des plus cool rockers de Rennes, il était aussi l’un des plus drôles et incontestablement l’un des plus talentueux. Et même si cela fait un peu plus de quarante ans que je l’écris en long en large et en travers ( Voir sur Gonzomusic  DOMINIC SONIC « Cold Tears »    et aussi  MARQUIS  » Konstanz »  ), à nouveau il parvient à me bluffer par cet album à la fois sombre et lumineux, à la fois crépusculaire et aurore boréale, un album porté par son amour pour ses légendes du rock que sont Lou Reed et le Velvet, Iggy et les Stooges, sans oublier les Ramones, le Clash, le MC5, les Stones et tant d’autres. Et tant pis si certaines de ces chansons, dont il signe tous les textes, me filent la boule au ventre en pensant à lui, Sonic aurait été particulièrement fier de ce disque composé à quatre mains avec Romain Baousson et achevé, voire minutieusement complété, pour devenir ce joli projet enfin abouti, presque quatre années après la triste disparition de Sonic ( Voir sur Gonzomusic SO LONG MY SONIC BOY ).

Dominic Sonic by Pierre Wetzel

Dominic Sonic by Pierre Wetzel

« Qu’avons-nous fait, qu’avons-nous dit » qui offre son titre à l’album est un radieux duo avec Miossec, une balade délicatement country intemporelle de 2’ 42’’ de bonheur où ces deux voix bretonnes n’ont guère besoin d’en faire des tonnes pour nous embarquer dans leur irrésistible « yellow brick road rock ». Mais c’est avec « Pendant ce temps » que tout commence, émotionnelle voix piano, sublime comme un godspel passé à la chaux vive, délicatement inspirée par Lou Reed, c’est une des incontestables perles de cet album. Troublante « Puisqu’il n’y a rien enfer » démarre sur ces mots :  « je vais t’aimer toute ma mort » et c’est un rock sombre et envoutant comme un « Light My Fire » des Doors que nous assène Dominic S, incantatoire comme un Lizard King à la Française. Carrément. Puis dès le premier accord de oud, on reconnait la patte d’Hakim Hamadouche qui accompagnait Rachid Taha durant tant d’années, sur l’intro du Bashunguesque « Ça va être moche ». On songe aussi à John Cale. On reste sous le charme de cette fusion folk rock.

Dominic Sonic by Richard Dumas

Dominic Sonic by Richard Dumas

Plus étrange et porté par les joyeux barrissements du saxe de Daniel Paboeuf « À ma décharge » est un peu comme mettre les deux doigts dans la prise de courant, un électrochoc parlé-chanté où la voix de Sonic résonne dans le chaos de la distorsion. Chanson à boire de marins à la Pogues mais en Français dans le texte avec l’intemporelle « La çoise » portée par l’accordéon avant de succomber à la puissante séduction rock de « Accordez moi », aux guitares nostalgiques, comme un voyage dans le temps vers la scène rennaise des 80’s entre les Nus et Marquis de Sade. Comment résister à « Celui qui part » connaissant le contexte de sa propre disparition ? Ce titre, et le suivant d’ailleurs, se révèle juste bouleversant, avec la voix dans l’écho qui vocalise « celui qui s’en va et qui aimerait tant rester/ À tout prendre tu le sais, j’préfère ne rien laisser… » sur un beat pink floydien néo David Gilmour. Quant à « J’ai mal », il démarre sur des distorsions cinglantes qui nous électrisent durant plus d’une minute avant de se métamorphoser en balade lou reedienne écorchée vive comme une inédite de « Berlin » et cela donne vraiment la chair de poule. Avec « Voler enfin » on est toujours plongé dans l’univers du Velvet, cette fois « Heroin » et on est juste subjugué par la voix de Sonic qui nous embarque si bien dans son univers rock si pur, si droit et si intègre. Après l’avoir expérimenté, je peux vous garantir que « Qu’avons-nous fait » est un trip aussi super que Sonic qu’on ne peut que furieusement recommander.  

 

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