MC SOLAAR « Triptyque : Lueurs célestes »

MC SolaarC’est sûr et certain, le nouveau MC Solaar est un trip… voire un triptyque, donc annonciateur de deux autres épisodes à suivre et comme de bien entendu ce « Triptyque : Lueurs célestes » déborde d’allitérations, de litotes et autres procédés littéraires qui donnent toute leur musicalité aux mots. Solaar en digne héritier de Gainsbarre applique donc scrupuleusement sa recette d’un hip hop francophone délicatement agité et qui ne ressemble à aucun autre pour ce 9ème album en 33 ans d’une carrière forcément… solaire !

MC SolaarComme si souvent, chez Claude MC, tout commence comme un jeu d‘enfants. « Tournicoti » sur « MC Solaar » ou « La la la la » sur « Cinquiéme as ». Cette fois, c’est le fameux jeu « pierre papier ciseau » qui l’inspire et l’on pourrait exégèser inlassablement sur cette relation à l’enfance. Cependant dans ce « Pierre feuille » qui ouvre l’album, on notera qu’il y cite 4 fois « Etienne Daho » et « Tombé pour la France » mais aussi une fois Oxmo, une fois Billy Crawford, une fois LMNAO… au final cela ne veut pas dire grand-chose de grave, mais on se laisse doucement emporter par cet électrochoc des mots qui se télescopent. Depuis Gainsbourg et « l’as de trèfle qui pique ton cœur » on peut dire qu’on a l’habitude de l’exercice ! Puis avec « On court » sa voix traverse le lointain, sur un beat néo flamenco, avant de retrouver le flow à répétition ultra efficace de Solaar ( Voir sur Gonzomusic  LE RETOUR DU ROI SOLAAR  et aussi SOLAAR LEVANT   ). Musique des mots et cool groove africain pour un texte aux jokes à tiroir, bref c’est du Claude business as usual !

 

MC SolaarQuant à « Modernidad », il évoque le classique Solaar « Prose Combat » teleporté en 2024, avec une petite touche Latine d’« Hasta la vista » de son « Cinquième as » en 2001  et  au passage, auto-promo-selfie en Claudius Maximus… mais cool. « Big Data » est un petit cours d’Histoire du professeur Claude MC, où l’auteur cite pèle mêle la gestapo et Felix Potin, McCarthy et le Pacte de Varsovie, le Printemps de Prague et Kennedy, Mandela, Gandhi et Woodstock, avant de faire rimer Big Data avec c’est la cata.  Musicalement surprenante et donc exotique, elle est propulsée par une loop originale de harpe. « Ils dansent » est sans doute le premier single du CD. Super punchy et electrochoqué, un peu « Solaar pleure » peut-être critique au passage de « Danse avec les stars », en tout cas super entrainant, super catchy et rentre particulièrement bien dans les têtes. Quant à « Carpe diem », c’est une ode à la nostalgie des Revox et une auto-story sur loop de guitare acoustique délicate, où l’artiste fait rimer avec un minimum de per diem avec le chant des sirènes. Enfin, tout s’achève avec cette « Comptine » qui se révèle forcément enfantine, du moins pour la forme, par contre niveau lyrics Solaar commente encore son époque à coups de  « ainsi font font » comme dans « Tournicota » sur « MC Solaar »  ou encore « La la la » Claude se cite lui-même et pourquoi s’en priverait il ?  « Triptyque : Lueurs célestes » parait bien trop court, et c’est bien entendu positif, preuve que nous en voulons toujours plus. Cela tombe bien, puisqu’un triptyque comme son nom l’indique est constitué de trois éléments, présageant donc encore deux albums à venir… mais quand ? Le temps d’une éclipse Solaar bien sûr !

 

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