BERNARD LAVILLIERS À LA SEINE MUSICALE

Bernard LavilliersBernard Lavilliers assumait avec art ses « Métamorphoses » à la Seine Musicale, entouré d’un très vaste orchestre composé de 50 musiciens, avec lesquels le chanteur reprend la route pour de nombreuses dates, dont certaines déjà sold out, qui l’entraineront à travers l’Hexagone jusqu’en octobre prochain revisitant son répertoire en le métamorphosant… une mue artistique qui point s’en faut n’a pas laissé notre JCM indifférent.

Bernard LavilliersPar Jean-Christophe MARY

 

Hier soir, jeudi 28 mars 2024, Bernard Lavilliers investissait le plateau de la Seine Musicale pour le premier concert de sa tournée « Symphonique ». Inutile de vous dire que la salle était pleine à craquer et que les fans attendaient avec impatience le Stéphanois, quelques mois après la sortie de son excellent « Lavilliers Metamorphose » sorti à l’automne chez Barclay ( Voir sur Gonzomusic (SAINT) BERNARD LAVILLIERS AU ZÉNITH  ).   Lavilliers et les grands orchestres se sont régulièrement fréquentés. On se souvient de son concert avec l’Orchestre Lamoureux au théâtre des Champs Elysées et de son hommage à Léo Ferré au théâtre du Chatelet. Et c’est un concert donné l’an dernier à Radio France qui lui a donné envie de reprendre la route avec un orchestre symphonique, en « métamorphosant » son répertoire.

Bernard LavilliersUn peu après 20h15, les lumières s’éteignent laissant les projecteurs braqués sur un incroyable univers visuel de pupitres vides. Lavilliers et ses quatre musiciens investissent un à un le plateau pour une configuration scénique resserrée autour d’un light show performant. Et c’est parti pour un récital de 2h00. Ce soir, le chanteur interprète des titres peu joués en live marquant ainsi la première surprise de la soirée. Car ce show est construit autour de chansons qu’il a fallu réorchestrer pour l’occasion. De sa voix douce, parfois murmurée, il égrène un à un les titres assis sur un tabouret. Sur  « Salomé » il se lève, micro à la main se poste près du pianiste, avant de se rassoir guitare en main pour un « French vallée » bien assuré. Pour « Guitar Song », il laisse la part belle à son guitariste Vincent Faucher. Pantalon de cuir, veste de marin, le chanteur séduit le public avec une sublime version de « Marin » avec une réorchestration du meilleur effet.

Bernard Lavilliers by JP Pichon

Bernard Lavilliers by JP Pichon

Le voilà qui descends dans la salle tandis que les musiciens de l’orchestre Lamoureux investissent discrètement la scène. Blagueur, il nous annonce qu’il vient de faire sa propre première partie : « Comme ça, c’est moi qui touche les droits ».
L’homme regagne la scène pour un « On the Road Again » qui nous colle littéralement des frissons avec ces cordes, ces percussions et ces cuivres qui enveloppent tout l’espace. Dans la salle l’ambiance est aussi chaleureuse que bonne enfant. Mais en même temps pour l’avoir vu à plusieurs reprises, on sent quelque chose d’étrange qui flotte dans l’air, une atmosphère différente, quelque chose d’impalpable une impression jamais encore ressentie lors de ces concerts. En préambule de « Traffic », il lance : « pour ce titre je vais devoir encore prendre des risques … ». L’orchestration qui ressemble à une BOF de James Bond est inquiétante à souhait. Sublime absolument sublime.  La voix posée est douce quand lui virevolte entre les musiciens de l’orchestre, esquisse quelques pas de danse. « Je vais vous chanter une chanson pour une amie qui a fait 14 ans de prison…. pour rien ». Les premières mesures de « Betty » nous dressent les poils car la encore l’orchestration fait des merveilles sur ce texte intense et émouvant. A ce spectateur qui se lève s’approche timidement du bord pour venir lui serrer la main, Lavilliers le remercie d’un large sourire complice : « Dans la vie, il faut savoir transgresser » lance-t-il.

Bernard LavilliersPuis, il passe en revue des classiques chargés de poésie qui rehaussés de cuivres et de cordes gagnent en émotion et prennent ici une intensité particulière « Noir et blanc, « La Bandiera Rossa « qu’il avait écrite pour Reggiani , « Petit », « Noir Tango »,  sans oublier de livrer une jolie version de « O Gringo » chaloupée qui scintille aux couleurs latines.  Résultat : un tour de chant épatant lors duquel Lavilliers étonne encore. La voix qui était fragile au début du show, s’éclaircit et devient puissante comme par magie sur « La Grande marée » se fait intense et habitée sur « Le Clan Mongol ». Puis voilà qu’il s’agace et plaisante à propose de ce pied de micro qui l’embête « Je vais le réduire en poussière, et ça va encore me coûte de l’oseille ». Les beaux moments sont trop courts, et ces versions de « Les mains d’or » et  » Attention Fragile » mettent tout le monde d’accord. Sur le trop court rappel, le public aura droit à un final des plus élégants avec le magnifique « La Malédiction du voyageur » titre émouvant, en hommage à son père et sa mère disparus tous les deux à 95 ans. A 22h10, il quitte la scène en saluant le public en lançant : « À demain ». Ce soir les chemins de la chanson, de la poésie et de la musique symphonique se sont croisés plus d’une fois, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Hâte déjà le retrouver à la Philarmonie de Paris le 13 octobre prochain. 

 Distribution

Orchestre Lamoureux

Cyrille Aufort , direction

Xavier Tribolet , piano, claviers, accordéon

Michael Lapie , batterie, percussions

Antoine Reninger , contrebasse, basse

Vincent Faucher , guitare

Titres joués : 

Partie acoustique

Salomé

Fensch vallée

Guitar song

Marin

Partie Symphonique

On the road again 

Traffic 

Betty   

Noir et blanc 

La Bandiera Rossa 

Petit 

Noir Tango 

O Gringo

La Grande marée 

Le Clan Mongol 

Les mains d’or 

Attention Fragile 

Rappel 

La Malédiction du voyageur

 

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