LES MERCURIALES « Les choses m’échappent »

Les MercurialesSolide à l’image de notre World Trade Center à nous, ces deux tours jumelles dressées à la Porte de Bagnolet, Le Mercuriales est aussi un groupe de rock parisien aussi adulte qu’inspiré par la légende immortelle du Velvet Underground qui publie « Les choses m’échappent », épatant six titres si coolement vocalisés en français, qui ne peut et ne doit vous laisser indifférent pour rythmer dignement votre été, sous le signe du rock.

Les MercurialesPendant des années, ces Mercuriales de la Porte de Bagnolet et leur troublante similarité avec les feu les tours jumelles de Manhattan, n’ont été pour moi que synonyme d’un « Triangles des Bermudes » des ondes, les deux bâtiments de 30 étages et de 122m bloquant et brouillant à leur proximité toute réception FM et communication téléphonique. Désormais donc ces deux monolithes de verre et de béton gagnent leurs lettres de noblesse grâce à la publication de cet EP qui résonne comme une déclaration enamourée et francophone à l’œuvre de Lou Reed. Composé de Jean-Pierre Montal  (Guitare, voix),
Fred Collay (Guitares, flûte traversière), Stanislas de Miscault (Saxophone),
Thomas E. Florin (Basse) et de
Sam Ramon (Batterie), Les Mercuriales pratiquent un rock aussi adulte qu’inspiré, porté par les textes Bashunguesques (donc essentiellement Bergmaniens et Fauqueiens) de son chanteur. Et c’est ainsi que « Les choses m’échappent » ouvrent cet EP sur un mode surprenant puisqu’il s’agit des voix de Jacques Lacan et de Maurice Ronet, sur une impro cool climatique au texte ésotérique décliné en mode parlé-chanté.  Certes, c’est une track bien étrange mais cool, portée par le saxe – instrument crucial de la formation qui agit souvent comme une seconde voix- et la flute, puis enfin monte la voix pour une déclinaison de jobs aussi contemporains qu’improbables… alors forcément les choses lui échappent. Puis « Les silhouettes », après un solo ouverture entre Lou Reed, Springsteen et Knopfler devient une cool balade climatique, portée à nouveau par le saxe puissant.

Les MercurialesAvec « Post humain », ils font le pari gagnant d’un morceau de plus de dix minutes marquant le  dialogue en intro de la guitare et du saxe, pour un rendu qui fait carrément songer à Bashung, mais aussi à Murat, et donc forcément  à nouveau à Lou Reed  pour un super titre aux cinq étoiles. On notera le petit coup d’accélérateur façon Velvet Underground à la fin. Pour un titre juste entêtant doté d’unfinal qui ne fait que monter en intensité jusqu’au sommet. Quant à « Marée basse », c’est encore un slow climatique qui évoque incroyablement Lou Reed dans sa période « New York City Man », mais aussi Bashung, où le chanteur fait rimer « mariage de ma fille » avec « comme un chien dans un jeu de quilles » … un poil tordu tout de même, mais brillant moment de cool bravoure. Toujours le regard porté vers la légende du rock, voici la « Je pratique le tir », qui ouvre sur des barrissements du saxe, dans une longue intro à la « The End » des Doors, avant une guitare qui penche carrément du coté de David Gilmour. Le tout est un slow blues halluciné, désabusé, cynique et mélancolique là aussi incroyablement Lou Reed, où l’on cite « Le cercle rouge », dans un texte toujours aussi furieusement décalé. C’est une top composition, pour une fin crépusculaire dans la distorsion libératrice. Enfin c’est sur « Trilogie », aux échos de « Sweet Jane », en version ralentie slow tristesse exacerbée, que s’achève ce six-titres où voix caverneuse du chanteur Jean Pierre Montal résonne comme la lumière lui au bout du tunnel. Et c’est soudain l’éclaircie lorsque la composition pivote vers une blanche lueur portée par des guitares en forme d’espoir en apothéose, preuve que les Mercuriales n’auront jamais autant culminé depuis leur inauguration en 1975… il était temps !

 

 

 

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