REPUBLIK : « Exotica »

Frank Darcel Republik

 

Un peu plus d’un an après son tout premier album, Republik, la formation du légendaire guitariste Frank Darcel nous offre le second épisode de ses sémillantes aventures avec cet « Exotica » qui nous accueille comme un cabaret virtuel dédié à l’utopie d’un rock aussi puissant que ténébreux digne de l’ex-Marquis de Sade. En tout, Republik nous offre 12 compositions entre glacier ancestral et éruption volcanique, cependant pour toute la première fois, en plus des 6 titres chantés en anglais et d’un instrumental, Frank ose la langue de Molière sur 5 compositions et l’on peut considérer sans se fourvoyer que cet « exotisme » lui réussit à merveille.

 

Exotica RepublikTumultueuse aventure qui nous entraine d’un bout à l’autre de ce deuxième album, au gré des compositions, « Exotica » se distingue par son discret concept qui se déchiffre en filigranes entre les chansons. Dès le speed « Magic Girls Are Back In Town », qui ouvre ce CD, l’ami Frank Darcel nous subjugue de son pouvoir incantatoire. Mythologie du rock oblige:  il y est forcément question de « girls ». Comme un clin d’œil au « The Boys Are Back In Town » de  Thin Lizzy, ces thèmes sont immortels, et cette chanson nous le rappelle, comme si l’on pouvait encore en douter. Chanson-titre majestueuse et élégante « Exotica », évoque les Teardrop Explodes de Julian Cope. C’est une composition aérienne qui échappe, au-dessus d’un « brouillard définitif » ;), à l’attraction terrestre, pour voler jusqu’à la lueur du soleil, comme un Icare-rock qui ne craindrait jamais de se brûler les ailes. « En ce jour on ressent »…pour la première fois en Français, Frank Darcel marche dans les pas des Rodolphe Burger, Bertrand Cantat, Gérard Manset ou Bashung,  aux voix graves pour troubles émotions aussi climatiques que crépusculaires. Dans son prédécesseur « Elements » (voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/republik-elements.html ) j’avais déjà tracé un parallèle avec la bonne grosse voix de Johnny Cash. C’est une superbe et émotionnelle composition, qui ne peut laisser quiconque indifférent. Bien plus léger, plus speed voire insouciant, aux confins de la pop music, mais toujours en français, « Celui qui se souvient », à la fois cold et détaché, mais aussi mélodique et catchy, assume parfaitement sa filiation Talking Headienne…une influence toujours revendiquée par l’ex-Marquis de Sade.

Défier le dieu Chronos

Republik by Jo Pinto Maïa

Republik by Jo Pinto Maïa

 

Retour à l’anglais avec « I Wanna Be Your Car », duo atomic avec Dominic Sonic, qui évoque irrésistiblement le … « I Wanna Be Your Dog » des Stooges. C’est un rock magique, nerveux et incisif, un bel électro-choc où  Sonic serait un Iggy et Frank un Bowie dans une volée de riffs secoués par la distorsion. Belle collaboration anyway. « Far Out Of Sight » est incontestablement ma favorite depuis le début du CD.  Parfait hybride futé des expressions far-out et de out-of-sight. On songe un peu aux Stones sur une intro à la « Lady Jane », mais on retrouve également une certaine… « Sweet Jane » en pur velours souterrain, sous la belle voix profonde et triste de Frank. Cette délicate et irrésistible compo rock intemporelle comme une chanson de Neil Young peut défier le dieu Chronos ; elle est juste mythique. Suit « The Ride » speed et énervée comme une rafale de mitraillette. Légèrement  Jesus and Mary Chain, un chouïa White Stripes,  c’est une sombre chevauchée de la mort, portée par un riff particulièrement entêtant. Second morceau de bravoure de cet « Exotica », on retrouve avec « Berlin »  le guitariste de Daho, Bashung, Turboust et de tant d’autres, Xavier Geronimi, alias le « Clapton rennais ». Comme une nostalgie de la trilogie berlinoise de Bowie, « Berlin » parait si mélancolique, que l’on croirait le fantôme du mur toujours exister …même s’il parait invisible à l’œil nu. Back to french et aux distorsions cinglantes, comme le fil du rasoir. « Tu seras mon ombre » est une tragique et vénéneuse love-song aux confins des Stooges, de Led Zep, de Black Sabbath  et du Blue Oyster Cult… sans oublier un certain divin Marquis (de Sade ?). « Exotica sera bientôt en vue » chante Frank Darcel, avant de plonger avec « Le sel » dans un slow incantation lancinant avant une montée en puissance  entre Radiohead et Joy Div. Lorsqu’on écoute la voix forte et assurée de Frank sur « Elle dit », on se dit justement qu’il aurait vraiment dû assumer le leadership vocal depuis longtemps, nous évitant au passage de révéler un certain Obispo, en chanteur de Senso. Émotion délicate et puissante, sur un riff hypnotique que ne renierait pas Television, « Elle dit » se classe en troisième position parmi mes favorites de cet « Exotica ». Enfin, comme une conclusion aérienne « Fin d’après-midi à l’Exotica » achève l’album sur la trompette mélancolique d’Eric Le Lann et ce dialogue instrumental piano-cuivre est une émotion semblable à un aveuglant coucher de soleil estival, preuve qu’on ne résiste pas longtemps à l’exotisme rock de cet « Exotica ».

REPUBLIK: « Exotica » sortie le 31 mars 2017

 

 

Dates concerts Republik

 

7 avril La Citrouille Saint-Brieuc, concert de lancement

22 avril Showcase It’s Only Rennes

27 avril, Lome Togo, Alliance Française

4 mai Ubu Rennes

6 mai Le Vauban, Brest

12 mai Le   Trégiuer

13 mai  Le Ceili Quimper

17  mai La coopérative de mai, Clermont Ferrand

18 mai  Le Music Box   Toulouse

19 mai  Le 180 ° Bordeaux

25 mai Le Petit Bain Paris

26 Mai  Showcase Gibert Joseph  Paris

 

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