STEPHAN EICHER LIVE AT LA CIGALE
Stephan Eicher faisait encore vibrer la Cigale samedi dernier pour sa nouvelle tournée, qui accompagne son lumineux « Ode », 17ème album-studio. S’il faut en croire notre envoyé spécial Jean-Christophe Mary, il s’est laissé porter par ce show rock qu’il qualifie de « spectacle musical chaleureux et convivial » tel un exorcisme de tout ce que qui avait manqué durant le trop long confinement au fameux natif de Münchenbuchsee, dans le canton de Berne. Rock report…
Par Jean-Christophe MARY
Samedi soir, on avait encore en tête la tournée acoustique « Radeau des inutiles » que Stephan Eicher présentait à l’Olympia (2021) sur cette structure en bois aux allures de bateau de fortune ( Voir sur Gonzomusic LE RADEAU DES INUTILES DE STEPHAN EICHER ). Cette semaine, notre rocker Helvète favori au monde était de retour à la Cigale avec un nouveau et chaleureux spectacle conçu autour du partage et de convivialité de son dernier album « Ode » (Voir sur Gonzomusic STEPHAN EICHER « Ode » ) .
À 20h15, précises, les lumières s’éteignent et le rideau s’ouvre dévoilant un dispositif scénique singulier, une table en bois, deux chandeliers allumés, quelques verres à vin et trois immenses malles de voyage qui contiennent des automates. Le groupe s’installe dans la pénombre tandis que Stephan Eicher ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/?s=Eicher ) cheveux longs grisonnants, tout vêtu de noir s’installe derrière son micro. Envoûtant dès les premiers accords de « Sans contact », il nous transporte immédiatement grâce à son incroyable voix et sa douce présence. Entouré de Noemie Von Felten (harpe) Reyn (piano, claviers, programmations) et Simon Gerber (guitare, basse), le chanteur amorce son nouveau show folk, elecro et rock par des titres extraits de son dernier « Ode ». Pour l’écriture des textes, Stephan Eicher a une nouvelle fois fait appel à la plume de Philippe Djian et de Martin Suter qui traitent de la disparition, de la menace qui rôde, des doutes, et bien sûr de l’amour. Des chansons empreintes d’une poésie ultra-sensible.
Ainsi le public parisien découvre enfin en live les magnifiques «Autour de ton cou », «Je te mentirais disant», «Doux dos », « Le plus léger au monde »,«Orage », «Lieblingsläbe» et «Rêverie ». Puis on remonte, le temps aux accords de « Pas d’ami (comme toi) ». Entre les chansons, l’Helvète marque de longues pauses, taquine le Jurassien Simon Gerber autour des dialectes suisses, des accents corse et basque, nous parle de la guitare qu’il a fait fabriquer avec le bois de son radeau, évoque ses nouvelles passions le mentalisme et la magie. Le show est plein de petites trouvailles, construit autour de petits interludes amusants comme celui où Simon Gerber cherche à s’accorder au diapason de verres de vin vides et à moitié plein, celui où Stephan Eicher nous demande de sortir nos portables pour enclencher le minuteur qui sonnera en plein milieu du titre que le groupe joue. Cet échange direct dégage une sympathie immédiate et lui permets de tisser un contact chaleureux avec les spectateurs.
Au piano, aux claviers et aux programmations, Reyn concocte des sonorités electro diaboliquement séduisantes. Derrière sa harpe magique Noemie Von Felten apporte elle quelque chose d’unique, développe de douces sonorités, crée une atmosphère relaxante et féérique. Ce quatuor singulier est entouré d’automates faits de percussions, de tuyaux d’orgue, et glockenspiel comme sortis des films expressionnistes allemands des années 1920. Automates que l’on avait découvert sur la tournée « Stephan Eicher und die Automaten » aux Bouffes du Nord (2015). Plus d’une fois, le chanteur nous prend par surprise avec de magnifiques versions de « Combien de temps », ces classiques trentenaires que sont « Pas d’ami (comme toi) », « Des hauts, des bas » ou ce sublime piano voix «Tu ne me dois rien». Des titres poignants qui nous rendent nostalgique. Avec sa yeux bleus perçants et son look de d’Artagnan, le rocker helvète de 62 ans est peut-être un peu moins tonique sur scène qu’il y a quelques années mais réserve toujours quelques bons mots qui déclenchent les rires. En guise de « faux rappel », (il déteste les rappels !), il entonne « Éclaircie » du dernier album et « Djian’s Waltz » chanson écrite pour son ami et parolier Philippe Djian. Ces presque deux heures de traversée musicale sont un pur enchantement. Les fans en ressortent émus et conquis.