PIERRE DAVEN-KELLER “Kino Music”
Comme une compilation des plus belles BO composées entre 67 et 72, sur les deux rives de la Manche, “Kino Music” réunit les œuvres aussi pop que sonic d’Ennio Morricone, George Delerue, Michel Magne, Henry Mancini et de Burt Bacharach sauf que…c’est un Français de 42 ans, Pierre Daven-Keller qui a composé tous ces inédits en 2019 ! Et c’est absolument bluffant…
Après des débuts sous son véritable alias peu sexy de Pierre Bondu, sauvé des eaux (humour !), il renait sous son pseudo bien plus cool et mystérieux de Pierre Daven-Keller pour épauler Dominique A, puis Miossec et surtout Philippe Katerine, pour lequel il compose, entre autres, l’irrésistible « 100% VIP ». J’avais déjà craqué voici 4 ans sur son précédent CD « Réaction C » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/daven-keller-reaction-c.html ) moult bandes originales plus tard, PDK publie cet épatant « Kino Music », au nom aussi rétro qu’un vieux cinéma d’Art et Essai aux sièges de velours rouges, qui nous téléporte direct à notre préadolescence. Avec ses 14 titres, instrumentaux pour la plupart, à l’exception de quatre, vocalisés par Helena Noguerra, Arielle Dombasle, Claire Tillier et Maréva Galenter, avec ses somptueux arrangements de cuivres et de cordes, “Kino Music” est une omelette norvégienne pour les oreilles, certes éminemment sucrée mais oh combien irrésistible. Une bande originale imaginaire, au sens Mountain du terme (« Theme For An Imaginary Western »), absolument captivante qui démarre au piano avec « Champ magnétique » qui sonne comme un inédit de Michel Magne pour « Fantomas », puis on enchaine en mode Ennio Morricone « Il était une fois la révolution » avec l’élégante « Corniche Kennedy ». Plus samba et carrément George Delerue « Melancholia » fait pleurer comme des rivières ses cascades de violons. Vocalisée chœurs à grand renfort de « waaaa » et de « wooooo », par Elena Noguerra, « La fiancée de l’atome » est une ravissante et si sensuelle faille spatio-temporelle qui nous ramène tant de décennies en arrière, lorsque les filles osaient encore toutes s’afficher en mini-jupes.
Avec le bien nommé « Intermezzo rétro » porté par sa flute joyeuse, sa guitare tenue par la main experte d’Olivier Popincourt ( Voir sur Gonzomuic https://gonzomusic.fr/popincourt-4-colours-4-seasons.html ) et son inimitable Farfisa on continue à s’abreuver aux sources Delerue comme un inédit d’un vieux film de Bébel, tandis que « Dakota Jim » nous Ennio Morriconise comme un coucher de soleil sur Cinecita. Furieusement néo-Burt Bacharach, période « Casino Royale », « Jerk » featuring Claire Tilliers, sans doute l’un des plus rétro-cools du projet, mériterait de figurer au générique du prochain Austin Power 4. Entêtant et enivrant sur ses violons et sa trompette si mélancolique, comme son nom l’indique, « Daiquiri » est cocktail digne d’être signé par Morricone. Encore plus exotique, voici « Salvaje Corazon », chanté en espagnol par Arielle Dombasle, qui sonne comme un titre pimenté-ensoleillé des Os Mutantes, tandis que son alter-ego de « Cuore Selvaggio », vocalisé en italien par Maréva Galenter, est tout aussi nostalgique 60’s et traverse le temps avec grâce, telle l’Alfa Romeo de Piccoli dans « Le mépris ». « Farfisa » comme son nom l’indique use et abuse de ce joyeux clavier et évoque furieusement la BO de « What’s New Pussycat » de Bacharach. Back to Morricone style et son fameux art de siffler, avec « Sirocco » qui évoque à nouveau les « cham cham cham » de « Il était une fois…Agrémenté de quelques chœurs, « Taboo Totem », joue et gagne à l’inspiration de Michel Magne et de George Delerue. Enfin, « Easy Tempo » achève en parfaite harmonie ce « Kino Music », tel un générique virtuel de série télé d’une captivante nostalgie. Thanx for the time-capsules, dans le genre pop 60’s cinématographique « à la manière de », on peut dire que ce (Daven-)Keller est un orfèvre, un véritable…killer 😉