MOON MARTIN « Mystery Ticket »

Robert Palmer et Moon Martin

Robert Palmer et Moon Martin

Voici 41 ans dans BEST, GBD recommandait gravement à tous ses lecteurs l’écoute du 4ème LP du hélas désormais regretté John David « Moon » Martin, qui nous a quittés voici trois ans. Intitulé « Mystery Ticket », l’album était produit par un autre héros du rock, lui aussi disparu depuis déjà vingt ans, un certain Robert Palmer, qui apportait une rafraichissante touche synthétique au singer song-writer d’Altus, Oklahoma. Flashback….

Moon MartinOn l’a trop souvent oublié mais Robert palmer n’était pas seulement un merveilleux confectionneur de tubes comme « Johnny And Mary », « Looking For Clues » ou encore « Addcted to Love ». En effet, le natif de Watley dans le Yorkshire était aussi un incroyable et novateur producer qui décrochait des hits non seulement pour son buddy Moon Martin mais également pour Desmond Dekker ou encore John Martyn. D’ailleurs, lorsque j’avais interviewé Moon deux mois auparavant en mars 82, il ne tarissait pas d’éloge sur son brillant réalisateur (Voir sur Gonzomusic FLY ME TO THE MOON… MARTIN   et aussi  Bad News Moon Martin est mort). Et sur ce « Mystery Ticket » – et avec la présence d’Andrew Gold qui co-signe la prod de la neo-60’s dorée « Aces With You »- il décroche encore un autre mega-hit avec « X Ray Vision ». Souvenirs …. Souvenirs…

Publié dans le numéro 166 de BEST sous le titre :

BILLET DOUX

John Moon Martin voulait baptiser son nouvel LP « Desert 13 », mais au dernier moment, il a choisi « Mystery Ticket » pour se jouer du double sens : « Billet pour une destination inconnue » mais aussi « liste mystérieuse » dans le sens électoral du terme, comme on parle du « ticket » Reagan-Bush. Rassurez-vous, la seule élection que convoite Moon, c’est celle des charts de son propre pays où il reste encore un inconnu qui vend tout de même quelques 200.000 disques. Si « ticket » il y a, c’est par référence à la surprenante association de Robert Palmer à la production du disque. Au niveau des compositions, Moon a prouvé qu’il ne craint personne.

Moon MartinMais comment expliquer que ses chansons se transforment exclusivement en or lorsqu’elles sont reprises par Mink De Ville ou Robert Palmer. Pour sortir de cette situation frustrante, il a encore fait appel à un de ses fans les plus authentiques. Le son Palmer à base de synthés et de drum machine s’est greffé sur le savoir-faire du Moon, une rare aptitude à concevoir des standards parfaits. « Cadillac Walk » ou « Bad Case of Loving You », à deux décades de décalage, ont la puissance d’un « Roll Over Beethoven » ou d’un « Sweet Little Sixteen ». Moon Martin est un nouveau Chuck Berry, un de ces rock and roll heroes, dont la musique sait vous expédier au tapis en moins de deux mesures. Ses racines ont la force de l’authenticité : la musique de Moon est directement influencée par ses années passées sur les highways de l’Amérique, lorsqu’il conduisait des semi-remorques. Derrière ses carreaux. Moon a su trouver la formule basique d’un rock plein d’énergie, qui équilibre les schémas traditionnels et la nouveauté. L’association avec Palmer est assez réussie pour permettre au LP de gagner. D’ailleurs, « X Ray Vision », le premier simple, suit un petit bonhomme de chemin très prometteur sur les Méga et les Hertz au-dessus de l’Hexagone. Le lunatique Martin, guitare au poing, mitraille les accords de « Firing Line » sous les synthés définis par Palmer tandis que sa voix laisse passer juste ce qu’il faut de tension amoureuse. Comme cet « Aces With You » aux réminiscences 50’s, « Paid the Price », où perce l’influence Fats Domino ou « Deeper (Into Love) », les chansons de l’album constituent une splendide brochette de futurs « oldies but goodies ». Moon a composé certains de ces titres au volant de son camion, il y a plus de dix ans, et une chanson comme « Paid the Price » a toujours fait partie de son répertoire live ; c’est peut-être ce qui explique leur maturité. John Martin doit son surnom à l’utilisation intensive qu’il fait du mot « moon » et cette fois encore on le retrouve dans « Deeper (Into Love) ». A mon avis, c’est plus qu’une coïncidence et les chroniques rock du futur se pencheront longuement sur l’exégèse pour établir sa coupable relation avec le satellite terrestre. En ce qui nous concerne, que ce rocker du diable soit un extra-terrestre ou pas, peu importe. IL EST MOON MARTIN !

Publié dans le numéro 166 de BEST daté de mai 1982

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