THE ROLLING STONES « Hackney Diamonds »
C’est le 24ème album des Rolling Stones et on peut dire qu’on l’attendait de pied ferme depuis leur précédent de 2005, si l’on considère le bluesy « Blue & Lonesome » de 2016 comme une agréable parenthèse, et la Terre entière se pose aujourd’hui la même question : que vaut vraiment cet « Hackney Diamonds » ? Aux premières écoutes, la réponse est forcément mitigée… oui c’est cool de retrouver cette vieille bande de pirates rock, mais j’ai la sensation que les bonnes chansons y sont moins nombreuses que sur « A Bigger Bang ». Cependant ne boudons pas notre plaisir : les Stones sont de retour et tout ce qu’on peut leur souhaiter c’est que leurs diamants soient éternels…
Après les shows d’il y a deux ans ( Voir sur Gonzomusic LA THE CITY OF THE STONES et aussi THE ROLLING STONES IN LA… THE NEVER ENDING TOUR ) , franchement je m’attendais vraiment à découvrir un disque de pure funk music et il n’en est rien. Les douze titres de ce « Hackney Diamonds » sonnent Rolling Stones pur jus… mais avec un son clean, pêchu et carrément rajeuni. Le responsable est un jeune mec de 32 ans, un certain Andrew Watt jusqu’ici plus connu pour produire les pop stars de la jeune génération les Dua Lippa et autres Justin Bieber et on est à des années lumières du son des légendaires studios de blues de chez Chess records, à Chicago, où les Stones ont débarqué en 64 durant leur première tournée américaine… ce qui n’empêche pas l’album d’embrasser à la fois la soul et le gospel, le country et le blues, et, bien entendu, ce rock indentifiable entre tous, façon Glimmer Twins, cette incroyable alchimie qui les anime depuis toutes ces décennies. De même, et de mémoire d’afficionado, je n’ai pas le souvenir d’avoir vu autant de fameux guests réunis sur une même galette des Rolling Stones, depuis au moins le « Rock and Roll Circus », avec ici Elton John, Lady Gaga, mais aussi Paul McCartney et ce bon vieux Bill Wyman de retour sur le titre « Live by the Sword ». Mais tout commence avec « Angry », ce premier single découvert en avant-première, sorte de « Start Me Up » revisitée, guitares en avant et solo de rigueur… bref, du Stones intemporel, même si cela parait quelque peu téléphoné. Puis on découvre avec plaisir « Get Close », aux guitares qui vibrent d’une super énergie, avec en prime un certain Elton au piano, pour un super titre de facture Stones classique intemporels,, période « Exile…. » ou « Sticky Fingers », mais porté par une prod résolument 21è siècle…. bien joué les papis ! On reprend son souffle avec « Depending On You », une balade mélancolique pure, aux guitares cool acoustiques à la « Waiting On A Friend », et on se laisse juste porter, sans bouder son plaisir. Puis on encaisse sans doute la plus grosse speederie du projet avec la presque punk « Bite Your Head Off » où œuvre la basse de Paul McCartney, un titre intense et bien énervé, façon « Street Fighting Man » sous amphétamines rock et blues.
Et on ne perd pas le rythme avec « Whole Wide World », aux accents de « Under My Thumb » et « Respectable », glorieuse charge de guitares de la brigade légère à l’assaut pour une énergie infernale, qui vous vrille direct le cerveau constituant sans nul doute l’un des titres les plus catchy de cet album. On reprend son souffle avec la délicate « Dreams Skies » , propulsée par sa guitare acoustique cool un peu country comfort blues, en fière descendante de son aïeule « You Got the Silver » sur « Let It Bleed ». Petit moment d’émotion avec « Mess It Up » où l’on retrouve la batterie de Charlie Watts, pour une composition plus Stones que Stones, mais avec un son super fresh et des chœurs quasi pop, aux confins de … Maroon 5… en surprenante cure de jouvence ! Plus classique, avec son intro à la « Good Morning Little Schoolgirl », « Live By the Sword » marque le retour en force du blues sur ce projet… et toujours avec Charlie Watts, sans oublier Elton au piano et un certain Bill Wyman à la basse, qu’on est si heureux de retrouver sur un album des Rolling Stones, particulièrement offensif. Bref, c’est un bon titre qui déménage, mais qui ne deviendra pas un classique mémorable. Avec son mid tempo, un peu façon « Beast Of Burden », « Driving Me Too Hard » nous séduit par sa mélodie simple et efficace. Puis avec la balade acoustique nostalgique et délicate « Tell Me Straight », comme sur chaque album, Keith nous régale d’une chanson habitée par sa voix au bourbon distillé inimitable. Et l’on découvre l’OVNI de cet « Hackney Diamonds », ce « Sweet Sounds of Heaven » et sa prod néo-Isaac Hayes, avec Stevie Wonder aux claviers et Lady Gaga en soul volcanique avec ses chœurs gospel, dans la veine dorée des « Wild Horses » et autres « Dead Flowers » et l’on se dit qu’on tient là le deuxième meilleur titre du CD, avec sa lente montée ascensionnelle jusqu’au paradis en 7’ et 33 ‘’ de bonheur. Enfin, cette belle aventure sonic s’achève avec l’unique reprise du disque, ce « Rolling Stone Blues » de Muddy waters plus blues que blues qui a inspiré son patronyme au groupe formé au tournant des 60’s, sur le quai de la gare de Dartford, Kent, lorsque Keith a flashé sur les disques de blues que tenait en main le jeune Mick. La boucle est bouclée pour que ces « Hackney Diamonds » soient les nouveaux joyaux de la couronne de nos rois du rock…