MAVIS STAPLES “Time Waits For No One”
Voici 30 ans dans BEST, GBD plongeait avec délectation dans le courant tumultueux de la soul-woman Mavis Staples, récemment cooptée par le « parc psychédélique » de Prince Rogers Nelson à l’instar du mythique Dr Funkeinstein, George Clinton. Et, portée par ce vibrant « Time Waits For No One », l’ex-Staple Singers y faisait alors son fantastique retour en flammes.
Dix ans, dix trop longues années s’étaient écoulées depuis « Oh What A Feeling », son dernier album studio, c’est sans doute ce qui explique le titre de ce 4éme album de Mavis Staples, « le temps n’attends personne », qui trouvait enfin sa Rédemption soul en rejoignant l’écurie de notre Kid de Minneapolis. Car cette année 89, en s’affranchissant de son label Warner, même si celui continuait à assurer un rôle de distribution, Prince développait son Paisley Park multipliant les sorties à l’instar de Madhouse ou de l’ex-vocaliste de Missing Persons, Dale Bozzio. Mais pour Prince, signer George Clinton ou Mavis Staples justement sur son label-maison était plus qu’un hommage à ceux qui l’avaient inspiré, c’était carrément un acte militant pour que tous ses fans partagent sa passion pour cette blackitude légendaire. Flashback…
Publié dans le numéro 253 de BEST
Il était une fois un parc psychédélique. Il appartenait au kid de Minneapolis et n’était peuplé que de créatures de rêve pulpeuses et sensuelles, des pin-up de tous poils, échappées des centerfolds de Playboy. À quelques exceptions prés, comme Sheila E ou Jil Jones, ces belles jouaient leur va-tout sur leur atout majeur de châssis vertigineux. Modelées par la production experte de Prince, elles s’abandonnaient passives et lascives au jeu de la fusion. Mais Mavis Staples, c’est une toute autre paire de hanches. Cinquante-neuf ans de gospel rageur avec ses soeurs Cleotha et Yvonne et tous ses frangins, les Staple Singers depuis le crépuscule des 50’s ont griffé de leurs harmonies félines la quintessence du légendaire son Stax. En attendant George Clinton, l’autre figure de la funkitude mythologique signée par Roger Nelson, ce premier album de Mavis téléguidé par Prince et ses petits copains de Madhouse est une authentique splendeur de soul téléportée aux confins techno-minneapolitains du beat exacerbé. Dès la première attaque de « Interesting » Mavis et le Kid « filigrandement » omniprésent déchainent un cross-over sidérant comme le «Black Album ». Auteur-compositeur-arrangeur-producteur-co-interprète, Prince se met en cing pour Mavis. Funks urbains, ou slow braguettes, ce « Time Waits For No One » est un choc parfait entre soul dorée et blackitude d’anticipation. L’ex-Staple Singers écrase ainsi les Aretha Franklin et autres Dionne Warwick sur leur propre terrain. Et comme chez Mamie Nova, si les autres black mamas, naturellement, ne lui disent pas merci, nous si !
Publié dans le numéro 253 de BEST daté d’aout 1989