LE ROCK AND ROLL COMIC STRIP TEASE DE BRUNO BLUM
Intitulé “Rock And Roll Comics”, le dernier ouvrage de Bruno Blum est à la fois un recueil de BD, un journal intime et un livre de photographies. Recueillie à travers le temps depuis ses débuts à BEST et sur les scènes punks du Londres de la fin des 70’s, cette incroyable collection est une authentique et précieuse Madeleine de Proust pour tout amateur de rock un tant soit peu éclairé.
On connait tous Bruno Blum le fringant journaliste de BEST, Bruno Blum le musicien, Bruno Blum le re-mixeur de Gainsbourg reggae ou encore Bruno Blum l’ardent défenseur du véganisme, comme de la cause animale ( Voir sur Gonzomusic….. https://gonzomusic.fr/bruno-blum-rock-and-roll-deluxe.html et également https://gonzomusic.fr/bruno-blum-culte.html ), cependant on connait moins Bruno Blum le dessinateur de BD, le Bruno Blum guitariste des ardents Private Vices ou Bruno Blum le photographe, en véritable couteau-suisse artistique. Cet éclectisme, c’est justement toute la force de ce “Rock And Roll Comics”, où BB nous fait partager son univers intime et ses précieux souvenirs du XXéme siécle. De sa chambre d’ado, aux salles de concerts légendaires de Londres, des BD originales réalisées sur Motorhead, Madness ou les Stray Cats en passant par de nombreux clichés exclusifs du gotha punk rock de la fin des 70’s, Bruno Blum assume avec élégance et talent le cuir endurci de son Perfecto, se mettant paradoxalement à nu dans ce “Rock And Roll Comics”…strip tease 😉
« Qu’est-ce qui t’a donné envie de réunir tous ces dessins, ces photos…
Tout simplement, c’est que le rêve de ma vie a toujours été d’être auteur de bandes dessinées. Mais jamais un éditeur n’avait accepté de me publier. Et là, j’en ai trouvé un, grâce à Numa Sadoul, le plus grand critique de BD français, que j’ai connu quand j’étais ado et que j’ai retrouvé sur Facebook. Il m’a dit : je connais quelqu’un qui sera intéressé par ce que tu fais. Je lui ai proposé de commencer par le début, de sorte qu’on puisse faire un volume 2 et 3 pour suivre le fil de ma carrière.
C’est justement cette ambivalence qui fait tout le charme du livre photos, souvenirs, crobars, BD…
D’abord, les dessins qui sont dans ce livre, à part certains que j’ai rajoutés après et qui étaient dans l’esprit, la plupart sont d’époque. Une partie a été publiée dans BEST, d’autres dans Comics Madness en Angleterre, mais avant tout j’ai toujours eu une démarche d’artiste. Je n’ai jamais pris au sérieux mon boulot de journaliste qui était pour moi non pas une erreur de jeunesse puisque j’ai fait cela sérieusement et avec un certain succès, mais c’était totalement le fruit du hasard. Moi j’ai toujours été dessinateur et musicien à la base.
Fabrice Luchini lui était coiffeur à la base…on ne fait pas toujours ce qu’on avait prévu de faire à la base 😉
Tout à fait, mais ce n’était pas ma vocation. Alors cela ne m’a pas empêché de voyager beaucoup. Je ne crache pas du tout dessus, car j’ai passé des années incroyables lorsque j’avais vingt ans, mais ma vocation c’est d’être un artiste. Et j’ai voulu avec ce livre faire un truc original qui soit un témoignage. Moi je crois beaucoup plus au témoignage vécu où tu racontes ton histoire. C’est comme un scénario. Je trouve cela plus artistique de raconter ma propre histoire. Et de mettre les histoires de fiction que j’ai faites à cette époque-là.
Et il y a un côté bordel dans le livre qui te va bien ! On découvre un dessin de ta chambre à Londres dans les années 80, mais en fait on va dans ton bureau aujourd’hui et c’est la même accumulation de bouquins, de CD de vinyles, etc…
Il y a ce film de Cameron Crowe « Almost Famous », moi quand je l’ai vu au cinéma je me suis dit : c’est ma vie ! J’ai vécu ça et pas seulement avec un groupe. Je pouvais être le matin avec les Stones, l’après-midi avec les Pistols. Le jour d’après j’étais en studio avec Clash pour l’enregistrement de « London Calling ». J’ai vécu un truc pas possible. Quand j’en parle maintenant aux gens, c’est limite si on me croit. Et, pour répondre à ta question sur mon bureau, c’est que j’ai encore plus de disques aujourd’hui qu’à l’époque.
Parmi les petits dessins du début, deux objets « madeleine de Proust » m’ont particulièrement fait flasher le lecteur de cartouches 8-tracks et la miniK7 Radiola.
J’en avais un à l’époque, c’est un dessin que j’avais fait dans un petit carnet lorsque j’étais ado. Les 8 tracks étaient quadriphoniques et elles repartaient au début en boucle en arrivant à la fin.
Et surtout quand tu te faisais une nana, tu avais de la musique sans fin.
Cet objet est un témoignage. Comme ces dessins de l’époque où on me voit en hippie avec es cheveux jusqu’aux épaules avec un gros joint à la main. Comme la mini K7 Radiola, c’est un témoignage d’une époque. Pour moi c’est plus fort qu’une histoire de fiction.
Du coup c’est du journalisme graphique.
C’est ce que j’ai appelé un roman auto bio…graphique. Car tu as du roman aussi comme la BD de Motorhead.
J’ai aussi adoré les deux dessins de deux salles de concert légendaires de Londres le Roundhouse et le Dingwall’s, qui m’ont rappelé plein de souvenirs.
Moi, j’allais au Roundhouse tous les dimanches. Pour une 1,20 £ tu arrivais à 4 heures de l’après-midi et tu y restais jusqu’à 11 heures du soir. Et tu voyais trois groupes. Un de mes premiers concerts là-bas quand j’ai emménagé à Londres en 76 j’ai vu au même concert le groupe allemand Kraan, absolument excellent, Alvin Lee et son groupe et en tête d’affiche Jeff Beck. C’était dingue et tu payais dix balles. Tu y passais la journée, il y avait un restau, un bar, on pouvait fumer tout ce qu’on voulait à l’intérieur. J’ai vu Hawkwind, Patti Smith…une folie.
Dans « Rock and Roll Comics », on retrouve certaines de tes BD dédiées à des groupes emblématiques tels que Motorhead ou les Stray Cats.
Avec Motorhead, c’est une histoire très autobiographique, puisque j’étais parti en tournée avec eux en France après avoir fait découvrir le groupe au public français à travers mes articles. Maintenant, c’est un groupe énorme, mais à l’époque, ce ne l’était pas du tout. J’avais un rapport privilégié avec Lemmy et les musiciens, ils m’ont adopté et ils m’ont amené avec eux en avion privé pour les suivre sur toute leur tournée française, qui passait entre autres par Bordeaux. Et c’est ce qui m’a donné l’envie de dessiner une BD inspirée par ces concerts. J’en ai parlé avec Lemmy et j’ai décidé d’écrire une histoire qui se déroule à Bordeaux….sauf que c’est après une guerre nucléaire ! C’est librement inspiré de la réalité, le petit avion privé devient un B52 et c’est une histoire de SF, mais c’est parti de la réalité. Le fil conducteur de ce bouquin c’est l’univers d’un mec de vingt ans qui est dans le rock et qui déliré et qui vit le truc complètement. Moi, j’ai envie qu’on ressente que ce n’est pas un truc bidon, que c’est vraiment vécu. J’ai écrit un livre intitulé « De viandard à végane » et qui dépeint mes rapports avec les animaux, là c’est vu sous l’angle rock… « Rock and roll comics ».
Tu as vécu un moment privilégié, l’avènement du punk à Londres, où tu as rencontré tout le monde de Sham 69 à Clash, en passant par les Buzzcocks ou les Pistols.
Je les ai presque tous interviewés et j’ai même joué avec certains. J’ai des souvenirs particuliers avec Clash notamment ou avec les Pistols que j’ai vu deux fois alors qu’ils ne jouaient quasiment jamais puisqu’ils étaient interdits. J’ai des souvenirs incroyables, j’ai des photos aussi…
Oui, que l’on découvre à la fin du livre. Qu’est-ce qui qualifiait cette époque ? Une sorte d’insouciance, de liberté absolue…qu’est-ce qui a fait que ces groupes-là soient arrivés comme ça, comme une lame de fond ?
Moi, je me suis vraiment branché punk début 77. Je suis arrivé juste après le tout début de la bataille. Je me souviens que Gilles Verlant était allé au 100 Club voir le premier festival punk à l’automne 76. Quant à moi, j’ai commencé à fréquenter le Roxy en 77 qui était LE club punk de Londres. Ce qui était très frappant, c’est qu’on était dans un délire post-moderne, complètement en décalage avec la réalité du rock à l’époque incarnée par Yes, Eric Clapton. Ça pouvait être bien, mais il y avait beaucoup de groupes ultras chiants de rock progressif, donc pour être au gout du jour il fallait être un excellent technicien de son instrument, il fallait faire une musique archi- chiante. Il y avait un net problème de direction artistique. Et, tout à coup, des mecs se teignaient les cheveux en blond, se coupaient les cheveux courts, s’habillaient en nazi avec des croix gammées, ils portaient des trucs super choquants et faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour choquer le public.
Ça ne te gênait pas ces types en nazi ?
Si, je ne pigeais pas, mais je comprenais que c’était de la provoc, même si je n’avais pas envie de taper dans le dos du mec blond décoloré d’1,80m habillé en SS. Mais j’étais fasciné par ça, il y avait un truc qui était de la pure provoc et c’était très fort.
Il fallait choquer le bourgeois ?
Oui car cela faisait vraiment hurler. En décembre 76, les Sex Pistols ont créé le scandale en osant dire « fuck » en direct à la télé à une heure de grande écoute. Ils ont été interdits partout. Du coup, les gens habillés en punk se faisaient attaquer dans la rue. Il y avait un phénomène de rejet où l’on disait que tous les punks étaient des nazis. Donc, le Clash, quand ils arrivaient sur scène, ils balançaient : « on n’est pas des putains de nazis ! Si on a fait « White Riot » c’est parce que les noirs eux savent se battre dans les émeutes, mais les blancs ne sont pas foutus de se bouger le cul. ». Il y avait toute une controverse. Moi, quand j’ai vu les Pistols pour la première fois, c’était au Screen On the Green, à Islington, en avril 77; c’était gratuit et il n’y avait personne. En première partie, il y avait les Slits. Et sur un écran, ils diffusaient des images des bombardements de Berlin en 45, avec des bruits de bombes, c’était totalement en décalage par rapport à Bob Dylan ou Led Zeppelin qui remplissaient le Earl’s Court Stadium. C’était super radical et super excitant, parce que la musique était géniale. Ce qu’il y avait de fort au Roxy, c’est qu’ils passaient tout le temps du reggae. Et ils passaient aussi les Buzzcocks « Spiral Scratch » et « Anarchy in the UK » trois fois dans la soirée. Le DJ était Don Letts , j’ai découvert le reggae à travers ça. C’était dingue, c’était une autre génération qui s’élevait pour rafler la mise. C’était des vrais rebelles, c’était des gens engagés dans une contestation radicale et moi ça me plaisait vachement.
Sauf qu’à Londres tout va trop vite, puisqu’eux-mêmes ont été balayés deux ans plus tard par ceux qui t’ont donné envie de t’exiler de Londres, les jeunes gens modernes et autres new waveux d’OMD, Human League, Joy Div’ et consorts !
Moi j’aimais le rock et la musique noire. Et ça, c’était de la variété anglaise, cela n’avait rien à voir avec le rock. Comme en France avec Kas Product , même si j’aime bien Mona. Moi j’aimais le rock, moi j’aimais Hawkwind, les Sex Pistols, j’aimais ce genre de truc…Bob Marley…donc la variété anglaise, même de qualité, ne m’intéressait pas.
Au point de déserter ?
J’ai eu des problèmes avec des motards (infernaux: NDR) qu’on ne citera pas. Ils m’ont menacé à la suite d’un dessin que j’avais fait. Qui est dans le bouquin, mais modifié pour que cela ne puisse pas les…gêner. Donc, je ne pouvais carrément plus sortir. Et puis, quand Christian Lebrun (Le rédac chef de BEST: NDR) m’a demandé d’interviewer Jim Kerr et Simple Minds que j’ai trouvé être un mec complètement insipide, dont la musique reflétait ça, je me suis dit « putain je n’ai pas envie de le faire. » C’était marrant de faire la bringue avec Lemmy ou de partir en tournée avec Captain Sensible ou de passer la soirée avec Johnny Rotten chez lui ou de faire des dessins pour les Stray Cats, cela me plaçait. Mais interviewer simple Minds ou me retrouver dans un délire où l’actualité était Depeche Mode, j’ai préféré arrêter parce que j’étais intègre. Je ne voulais pas être le mec qui allait parler de tous ces trucs-là, qui étaient exactement le contraire de ce que j’avais défendu. C’est tout, c’était juste une question de gout. Cela ne m’a pas empêché de continuer à écrire pour BEST. Mais j’ai préféré arrêter ma rubrique Londres.
Pourtant, après le punk, le ska est arrivé et cela ne t’a pas laissé indifférent.
En 79 j’étais au sommet du trip journaliste. J’avais un groupe punk, on tournait en Angleterre, le journalisme c’était devenu mon boulot. Alors je trainais avec des stars et tout c’était cool.
Tu parles de Private Vices.
Oui, on a réédité le single « Total Control » récemment et c’est un classique du punk rock. J’étais beaucoup plus intéressé par ça. Mais entre faire une interview avec Siouxsie and the Banshees qui ne m’excitaient pas spécialement, mais que je faisais parce que c’était mon boulot et parce que c’était tout de même intéressant et te retrouver en tournée anglaise face à 300 gamines qui dansent le pogo, il n’y avait pas de comparaison. Quand tu joues de la musique et que tu joues bien ça donne vraiment…
Pourquoi n’as-tu pas persévéré avec Private Vices ?
Parce que le groupe s’est séparé en décembre 79. Et la vraie histoire du split… c’est après que Dordor (Journaliste à BEST devenu rédac chef après le décès accidentel de Christian Lebrun : NDR) soit venu nous voir en live pour finir par nous balancer: « ouais vous faites du hard rock et cela ne m’intéresse pas ! ». J’ai eu le tort de raconter ça au chanteur « c’est trop hard rock ce qu’on fait, on devrait faire plus punk et moins hard ou passer à autre chose » et il n’a pas supporté, du coup il a annoncé qu’il quittait le groupe. Donc c’est à cause de Dordor qu’on s’est engueulés.
Il t’aura bien pourri la vie, celui-là ! Tu aurais pu rejoindre un autre groupe ?
Ben non, parce que j’avais rencontré Jacques Dutronc, dont j’avais acheté le premier album et je m’étais dit : c’est ça que je veux faire. Je suis rentré chez moi et comme je ne pouvais plus sortir, je me suis enfermé et j’ai bossé la guitare. J’avais été inspiré par ma rencontre avec Brian Setzer en me disant que je passais à côté de ce que je voulais vraiment faire. Maintenant, je joue bien de la guitare, mais à l’époque j’avais vraiment besoin de bosser. Donc j’ai passé un an dans mon squat à bosser la guitare. Et, quand je suis sorti de là, Youri Lenquette était venu de Nice en 81 et il avait repris ma rubrique « In the City ». il essayait de placer ses trucs 60’s. Donc, on était potes et je lui ai appris à jouer de la guitare. On est ensuite parti à Nice former notre duo baptisé les Manches. Il faut tenir compte d’un truc important : en 79 Margaret Thatcher a été élu Premier Ministre en Angleterre. Elle était radicalement différente de Harold Wilson qui était un mec de gauche. À l’époque travailliste, un Français pouvait débarquer là-bas, il était soigné, on lui refaisait les dents gratuitement à l’hôpital, ce qui bien sûr aujourd’hui n’existe plus. Du jour où Thatcher est arrivée au pouvoir l’été 79, elle a fermé les pubs où l’on pouvait jouer. Les clubs de rock ont commencé à être fermés les uns après les autres pour des histoires de mineurs qui n’avaient pas le droit de boire. Ils ont nettoyé toute la scène rock. Les vidéos ont commencé à arriver dans tous les pubs avec plein d’écrans qui diffusaient des trucs cold-wave sinistres et tristes. Joy Division tout ça. Moi, je les ai vus ces mecs-là, c’était insupportable. C’était archi-chiant.
Cure c’était génial…
Moi je les ai vus en 79 Cure.
Oui, moi aussi. Et c’était un flash, j’ai cru voir le premier concert de Pink Floyd ce soir-là au Bataclan.
Moi je n’ai pas trouvé, ça ne me plaisait pas et ça ne m’intéressait pas.
« Seventeen Seconds » c’était une splendeur, pour la première fois tu voyais un groupe qui te braquait les projecteurs sur son public et qui jouait dans le noir !
Moralité la scène anglaise ne me plaisait plus. Les groupes qui m’intéressaient étaient souvent des Américains comme les Stray Cats justement.
Dont tu as fait cette BD dans le bouquin. J’ignorais que tu avais dessiné leur logo.
Comme je ne suis pas très bon en affaires, la maison de disques ne m’a pas payé. Ils sont arrivés chez moi en 1980, car le type qui les avait fait venir à Londres était un copain qui vivait à temps partiel dans mon squat. Comme ils ne savaient pas où dormir, ils ont dormi chez moi. Ils m’ont demandé de tatouer Slim Jim, le batteur, tatouage qu’on découvre dans le livre. Comme le logo que j’ai dessiné pour eux, ainsi que d’autres dessins. Je les ai branchés sur le rock anglais, je leur ai fait écouter des trucs. J’avais un vrai lien avec eux même si je ne les avais jamais entendu jouer, à part une maquette écoutée avant leur arrivée à Londres. Et ce n’était franchement pas terrible. Pour moi ce n’était qu’un groupe de Rockabilly de plus, mais le jour où ils sont montés sur scène, là j’ai compris. C’était incroyable.
Moi, je n’étais pas fan de cette musique du tout, mais quand Christian Lebrun m’a pris par le bras, me disant :il faut que tu viennes voir ce groupe avec moi au Palace, là j’ai vraiment été bluffé par cette déflagration d’énergie pure.
J’ai fait partie de l’histoire des Stray Cats au début et c’était une sacrée aventure. Je trainais avec beaucoup de groupes de rock comme Nico et les Pretenders. C’est d’ailleurs Chrissie Hynde qui m’a convaincu de devenir végétarien.
Tu n’étais pas aussi proche de Madness ?
Madness, quand ils ont vu le comics Motorhead, ils m’ont demandé de leur faire un comics Madness. En fait, dans le BEST où avait été publiée la BD Motorhead, il y avait Madness en couve. Ils ont flashé et du coup, ils m’ont demandé de leur en faire une dans le style de Beano, qui était le comics anglais de référence. Ils m’ont aidé sur le scénario pour que cela constitue une biographie de Madness. Je vais te raconter une anecdote. On est en 1980 et j’étais le premier à parler du ska en France. Évidemment, cela a eu un gros impact ici, car dès que j’écrivais un truc dans « In the City » les mecs allaient chez leur disquaire acheter l’album. J’ai fait the Specials, Madness, the Beat…et j’avais accompagné les articles de dessins de musiciens de ska. Ensuite je suis parti en Jamaïque, j’étais très branché reggae.
J’adore le petit dessin de la rédaction de BEST, car cela me rappelle plein de souvenirs. Le dessin de Legras est super. Ça m’a fait marrer de m’y retrouver.
C’était vite fait à l’époque sur une serviette en papier de restau.
Il n’y a aucun dessin de Christian Lebrun ?
Non. Il y a Riberolles qui manque aussi.
Ducray aussi, mais ils n’étaient pas là ce jour-là ?
J’aurais pu rajouter deux ou trois trucs, mais je voulais que cela reste un vrai témoignage d’époque. Et ce bouquin est un vrai témoignage avec de vrais dessins de l’époque qui sont dans l’esprit de l’époque. C’est aussi un livre très perso avec des aspects très intimes.
Est-ce qu’il y a un regret, un truc qui manque dans le bouquin ?
Oui, un dessin de Tangerine Dream que je n’ai pas retrouvé. Il datait de 76, après un concert où j’avais rencontré Antoine Heidler le futur batteur de Private Vices à l’Albert Hall. À part cela, non aucun regret. Je suis content du travail de l’éditeur qui a fait un super boulot. Le bouquin est beau, c’est un livre de qualité. Le seul regret que je puisse avoir c’est de ne pas avoir consacré ma vie à jouer de la musique. J’ai été tellement connu comme journaliste de rock que cela oblitérait ma musique et mes dessins. »