BRUNO BLUM : « Rock and Roll Deluxe »

 

Bruno Blum dans le Marais - copie 

C’est bien entendu loin d’être un hasard si l’album « Rock and Roll Deluxe » de mon collègue Bruno Blum démarre sur une reprise revisitée à la cool du légendaire « Rock and Roll » de Led Zeppelin, car, selon l’adage populaire, tout ce qui se ressemble s’assemble. En tout 13 solides compositions, dont 4 reprises, pour un projet aussi fun qu’excentrique, un égo-road-trip de music-lover dont le but suprême et avoué est surtout de se faire plaisir. Et, dans la société qui est la notre, une démarche aussi désintéressée se fait rare… alors pourquoi Rock & Folk, Rolling Stone ou les Inrocks n’en font-ils aucun état ? Mais que fait la police du rock !

 

BBlumRockNRollDeLuxeTout d’abord, je dois confesser connaitre et pratiquer Bruno Blum, alias BB, depuis plus de 35 ans, dont 12 de BEST, cette kronik ne sera donc pas totalement objective et mieux vaut en annoncer la couleur, directe. Ensuite, c’est un fait établi que Bruno m’a toujours fait marrer, dans le bon sens du terme et tant pis s’il pousse quelque peu le bouchon du trip mégalo à son paroxysme. Car, selon Bruno Blum, Blum Bruno est le meilleur rock-critic, le meilleur guitariste, le meilleur chanteur, le meilleur auteur-compositeur, le meilleur auteur de biographies, le meilleur auteur de BD, le meilleur réalisateur, le meilleur producteur , le meilleur lover…ah celui-là , non, car au fait BB ne le revendique pas pour le moment. Néanmoins, le pire c’est qu’il n’a pas tout à fait tort…mais il n’a pas tout à fait raison, non plus. BB a un vrai talent, c’est incontestable, mais ce côté « couteau suisse » forcené du personnage est à l’instar de la « langue d’Esope » : à la fois la meilleure et la pire des choses. À force courir plusieurs lièvres…comme on dit! Militant de la cause végane, voici deux jours il était aussi candidat à la députation à Paris sous les couleurs du Parti Animaliste où il a fait plus du 1% exigé pour qualifier son mouvement. À la fois l’homme le plus sérieux du monde et le plus doux rêveur de ce côté ci du Rio Grande, Bruno Blum n’a pas fini de nous séduire de ses paradoxes. Comme ce « Rock and Roll Deluxe » qui fait la part belle à ses influences blues, sans toutefois jamais se prendre au sérieux.

« Blues du trésor » est une ode à son percepteur

BB

Dés le premier titre, la reprise du « Rock and Roll » de Led Zep sur leur « Led Zeppelin IV », revisité ici façon 60’s surf bands cool à la « Surfin’ Safari » avec une pointe de joyeux boogie on a le sourire aux lèvres par la puissance de ce pouvoir nostalgique. Plus pop, à la façon d’un Dutronc, « Cœur de pierre» est résolument 60’s,  avec ce son de guitare à la « Telstar » de The Tornados, sur un thème proche du « Heart of Stone » des Stones, mais ce n’est bien sûr pas la même chanson. Toujours sur un ton humoristique « Blues du trésor » est une ode à son percepteur. C’est un blues cool, acoustique et léger, sur le même sujet que la chanson « Taxman » des Beatles, l’arme de l’humour pour jouer la complainte du  chanteur contribuable. « Le Trésor Public a pris tout mon fric » se lamente BB…on compatit, on sait ce que c’est. « Vent du sud » , est un parfait petit rock and roll, balancé et nonchalant comme une composition de JJ Cale. Avec « Lola est allé à LA » BB déclaretoute sa flamme de  Bo Diddley, le père du « Who Do Yu Love » ou du «  Hey- Bo Diddley »… avec un travail sur les allitérations du texte, un jeu poussé à l’extrême par Blum. Avec « Lola au lait d’avoine » BB nous offre sa minute Gainsbourg …Lola me fait songer aux  « Petits lolos de Lola » de Serge avec la musicalité des mots pour tracer un reggae acoustique délicat. De même, avec ses sonorités en Z et en folie, « Zazie et le zazou » s’abreuve très généreusement aux sources Gainsbourgiennes d’ « Exercice en forme de Z » composé pour Birkin sur l’album « Ex fan des Sixties » ….mais sur un beat à la « Night Boat to Cairo » de Madness et avec la complicité du DJ de Kingston, Jamaica,  King Stitt . Rien de surprenant, quand on connait à la fois l’amour du reggae de BB et celui conjugué des albums jamaïcains de Serge Gainsbourg qu’il a remixé avec art ces dernières années.

It’s only rock and roll but I like it

Bruno Blum by Invader

Bruno Blum by Invader

Dans son duo avec la chanteuse Anabelle Mouloudji  Bruno nous la joue revisité façon reggae, façon « Breakfast In Bed »  de Chrissie Hynde & UB 40… sur cette reprise apaisée de « Should I Stay or Should I Go » des Clash et c’est une idée bien sympatoche, ma foi. Encore une reprise décalée et acoustique avec « I Feel Like I’m Fixing to Die Rag »  de Country Joe Mac Donald, qui incarne ce moment de bravoure à Woodstock. Cependant, cet hymne pacifiste contre la guerre du Vietnam se découvre ici en version réactualisée où les conflits d’Irak, d’Afghanistan et de Syrie ont remplacé le bourbier vietnamien.  Composition de Jimi Hendrix « Hear My Train’s Coming » devient ici un blues traditionnel où s’exerce la voix éraillée du chanteur-guitariste pour un fun acoustique et nonchalant. Sans doute ma favorite de tout le projet, l’ego trip exacerbé de « Bruno Blum le super guitariste » me fait totalement marrer et c’est tout le but du jeu.  « BB c’est pas un journaliste » puis « BB le super guitariste », répondent les filles en chœur. La suite n’est pas triste : « BB c’est pas un pigiste…BB c’est un grand artiste…BB se paye une belle guitare…BB  écoute du Bo Didley » avant d’énumérer ses nombreuses  influences du blues. Dans ce titre fun Bruno Blum a un regard décalé ironique sur lui-même…du moins on l’espère ;). Enfin l’album s’achève sur la délicate « Idées noires pour nuits blanches » qui rappelle un titre d’une émission d’Ardisson, mais qui est aussi celui d’un épisode de Grey’s Anatomy, dans une balade cool et jazzy aux influences entre Lou Reed et Bashung qui se fond dans l’instrumental à la « Paris Texas » intitulé « Blues Jamaicain » en guise de conclusion. Certes ce « Rock and Roll Deluxe » ne va pas téléporter notre Bruno Blum au Rock and Roll Hall of Fames, mais comme le disait si bien les  deux poètes  de la fin du 20éme siècle, Michael Philip Jagger et Keith Richards : it’s only rock and roll but I like it.

 

 

 
https://brunoblum.bandcamp.com/album/rock-n-roll-de-luxe-album

https://brunoblum.bandcamp.com/track/c-ur-de-pierre-single
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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