LA SAGA ROCKIN’ SQUAT PART ONE
Avec son combo Assassin, Mathias Cassel, alias Rockin’ Squat ou plutôt désormais RCKNSQT incarne l’un des trois groupes les plus cruciaux du hip-hop hexagonal. Porté par son fascinant nouvel album solo « 432 HZ », le rapper du 18ème arrondissement nous reçoit dans son studio perso pour nous conter la saga de son incroyable odyssée rapologique. Premier épisode : de New York City à l’essor d’Assassin.
Il n’a pas encore 50 balais et pourtant, Mathias Cassel a de sacrés kilomètres au compteur artistique. D’abord, tout gamin il fut un des premiers graffeurs parisiens reconnus. Mais c’est la rencontre avec Solo Dicko, jeune mannequin prodige et danseur agité au sein des fameux Paris City Breakers popularisés par la mythique émission de Sidney, H.I.P H.O.P, qui va changer le cours de sa vie. Solo et Squat fondent Assassin au milieu des années 80, un des trois groupes les plus créatifs du hip-hop hexagonal, qui donne ses premiers shows chez Roger Boite funk, le club monté par le regretté Jacques Massadian, mon ex-frangin d’Actuel et de Nova. Première apparition sur la mythique compile « Rapattitude » aux cotés de Suprême NTM, Tonton David et de Daddy Yod (Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/king-daddy-yod-la-saga-ragga-episode-1.html, https://gonzomusic.fr/king-daddy-yod-la-saga-ragga-episode-2.html et aussi https://gonzomusic.fr/king-daddy-yod-la-saga-ragga-episode-3.html ), pur droit et intègre, et surtout résolument indépendant, Assassin s’inscrit durablement dans l’histoire du rap français. D’ailleurs, il suffit de réécouter aujourd’hui le bien nommé « Le futur que nous réserve-t-il » et surtout son brillant successeur « L’homicide volontaire » pour comprendre combien ce groupe savait se montrer si visionnaire : textes incisifs et intelligents, beats entrainants et surtout un son incomparable qui n’a pas pris la moindre ride. Vingt-cinq ans plus tard, Squat’ n’a rien perdu de son mordant comme de sa créativité et il le prouve avec son nouvel album « 432 HZ », aussi imaginatif que qualitatif, intégralement interprété avec de vrais musiciens pour un son juste hallucinant digne des plus belles prods yankees du moment comme Kendrick Lamar ou Anderson. Paak. Bon sang ne saurait mentir, comme on dit. Fils de l’immense Jean Pierre Cassel, frangin du comédien Vincent Cassel et de l’actrice-musicienne Cécile Cassel/ HollySiz, Mathias RCKNSQT est un artiste au sens le plus noble du terme. Il nous reçoit dans son studio perso à Montmartre, pour le premier épisode de cette Saga Rockin’ Squat, qui retrace tout le parcours de son enfance de kiddo dans les rues de New York à l’envol d’Assassin à Paris…
« D’abord ravi de te rencontrer enfin, vu nos parcours parallèles. Ravi aussi vu la qualité de ton nouvel album qui m’a particulièrement bluffé.
Merci, on a mis beaucoup…
… d’amour ?
Oui, et de travail aussi. C’est un projet sur lequel on a beaucoup travaillé.
Cela s’entend ! Mais j’aimerais qu’on remonte un peu le temps… moi la première fois où j’ai entendu parler d’Assassin c’était sur Rapattitude la compile de Benny, mais remontons un peu plus loin… tu es né où ?
Dans le 18ème , là où nous sommes aujourd’hui.
Tu as toujours vécu dans le 18ème ?
Pas toujours, mais c’est mon quartier d’attache. Et aujourd’hui, comme tu peux le voir, j’y suis encore. Donc, j’ai une très grande histoire avec cet arrondissement.
Quel âge as-tu ?
Je suis bientôt cinquantenaire.
Tu étais un gamin à l’époque !
J’étais un gamin, j’ai commencé très tôt. J’ai commencé à être touché par cette culture vers les 10 ou 11 ans. Je suis né en 1970.
Donc tu n’avais que 25 ans à l’époque de « La haine »… tu es vraiment un gosse !
Par rapport à toi… oui !
Donc tu es vraiment tombé dans le hip-hop à l’âge de 11 ans. Te souviens-tu du premier truc que tu as écouté ?
Ce n’était pas encore du hip-hop, mais de la soul. J’ai très vite été touché par Gil Scott-Heron, par James Brown… par la musique qui m’entourait, en fait. Car moi je me suis retrouvé, comme je l’explique dans mon livre ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/rockinsquat.html ), je me suis retrouvé à New York très tôt parce que mes parents ont divorcé quand j’étais un gamin et ma mère est partie s’installer à New York. Donc je me suis retrouvé à l’âge de 8 ans aux États-Unis, dans la ville de New York. Or au début des années 80, le hip-hop est déjà complètement présent depuis une bonne dizaine d’années. Par exemple un mec comme Seen, qui est un graffeur légendaire du graffiti tag et tout ça, a peint ses premiers trains en 1971. Futura 2000 aussi, dès 72, 73.
J’allais te parler de Futura, justement, puisque la première fois que j’ai vraiment entendu parler de hip-hop c’était grâce à Zekri, grace à la tournée qu’il a monté avec Futura et les 3 ou 4 maxis sortis chez Celluloïd, dont sa petite copine de l’époque B Side ! Donc du coup, New York tu y as vécu de l’âge de 8 ans à… ?
… jusqu’à aujourd’hui !
Ah, mais c’est pour cela que tu as un accent aussi incroyable sur tes disques ! Je me disais : pour un français, c’est assez bluffant.
C’est aussi ma ville. Moi je suis vraiment une double culture qui est entre Paris et New York, c’est pour cela que je suis un des premiers acteurs de ce mouvement culturel en France parce que c’est ce que je vivais, tout simplement. Quand je suis revenu ici, je faisais ce que je faisais là-bas avec mes potos. Et au début même sans savoir que c’était du hip-hop. On était dedans, quoi !
Ça ne s’appelait pas encore du hip-hop.
Voilà. C’est une culture qui touchait les mômes de là-bas et comme j’étais là-bas ça m’a touché. Voilà pour la petite histoire pourquoi Assassin est un des premiers combos de ce mouvement en France à ramener des bases solides, en fait.
C’est dans ton ADN.
Voilà. Car nous on sait qui sont les Last Poets, the Ohio Players, the Meters…
Les Last Poets, que j’ai filmés pour la télé au début des années 90…est ce qu’il y a eu des premiers 12 inches marquants comme « Adventures At The Wheels of Steel » de Grandmaster Flash, par exemple ?
Oui, mais de toute façon tous les acteurs qui ont marqué cette culture là-bas m’ont marqué aussi. De DST en passant par Kurtis Blow, les Def Jam et les premiers maxis de LL Cool J , de Run DMC, de Beastie Boys , tu vois ? Même des trucs plus obscurs comme DBL Crew, des trucs inconnus que nous on connait. Schoolly D…
Ça, je connais, par contre …
… parce que c’est présent et que quand tu es de là-bas et que tu es en confrontation directe avec cette culture, tu es touché directement par tout ce qui sort. Mais aussi par les films comme « Syle Wars », « Krush Groove », « Beat Street » qui est un peu plus connu.
Le jeu à Actuel, quand je faisais la rubrique « musique » c’était d’aller dans le disquaire le plus inconnu au fin fond du Bronx, d’aller au fond de la boutique et de trouver LE disque que personne ne connaissait et de le ramener pour le chroniquer ! Cela rejoint un peu ce que tu dis là. Comment as-tu fondé Assassin ? Assassin c’est Solo et toi ?
Oui c’est Solo et Squat ! Le tout début c’est ça, en fait. C’est vraiment la rencontre de ces deux personnages. Solo qui a aussi cette double culture parce que c’est un des premiers mecs en France qui voyage aux États-Unis grâce à l’émission H-I-P H-O-P de Sydney qui l’amène là-bas. Et aussi par sa carrière de mannequin, mais il faudrait l’interviewer lui aussi pour en parler. C’était un des premiers renois qui a fait des photos pour Benetton. Voilà ce truc d‘avoir cette double culture, de savoir vraiment ce qu’était ce mouvement a fait que nos deux personnalités se sont rencontrées et ont voulu donner cette énergie et ce que ça a donné. Car la période d’Assassin du début, pour ceux qui l’ont connu, est une période qui a énormément marqué les gens.
Oui, c’était incroyable ! Comment vous êtes-vous rencontrés avec Solo ?
Moi, je l’ai croisé à travers mon frère, car c’est lui qui a rencontré Solo à New York… ou à Paris, je ne sais plus. Il s’est retrouvé chez moi. Moi j’étais le petit frère (de Vincent) donc je me suis retrouvé là, je l’ai vu. Pour nous Solo c’était le mec de l’émission H-I-P H-O-P, c’était déjà une star. Mais nous comme on était aussi dans cette culture américaine, c’était une star française. Nous on avait aussi nos références des New York City Breakers, des Rock Steady Crew. Quand cette mouvance est arrivée en France, on savait que les Français étaient en train de faire la même chose que ce que faisaient les ricains.
À aucun moment à ce moment-là tu n’aurais cru que cette culture irait aussi loin ?
Si. On savait que c’était un truc qui allait perdurer dans le temps et on était sûr que c’était un truc qui était là pour longtemps.
La toute première apparition d’Assassin c’est aussi sur « Rapattitude » ?
Sur disque ?
Oui.
Sur disque, oui.
Comment avez-vous rencontré Benny (Malapa) ?
Ils sont venus nous chercher. Je pense qu’on était imparable pour des gens qui voulaient faire une compile de rap français, c’était impossible de passer à côté d’Assassin à l’époque. Cela n’aurait eu aucun sens. Nous quand on a enregistré en 89 « La formule secrète », on était là déjà depuis 4 ans. Et même beaucoup plus si l’on tient compte de notre parcoure dans le tag ou dans la danse, c’était une évidence que l’industrie à un moment le nom d’Assassin allait arriver dans la liste.
Et quand Benny est venu vous chercher…
… nous, ce n’est pas Benny qui est venu c’était Madj et Mil qui étaient des gens de radio Beur. Ils avaient une émission et en fait ils sont à l’origine de la compilation « Rapattitude ».
Ah bon ? J’ai toujours cru que c’était Benny…
… après l’histoire a été écrite par les vainqueurs pour les vaincus. Mais ce sont ces deux gars qui ont ramené la plupart des artistes intéressants sur cette compile. Après c’est sûr que la couverture a été ramenée à Benny Malapa et à Emmanuel de Buretel ! Mais il faut rendre ces lettres de noblesse à Madj et Mil qui ont vraiment été ceux qui ont à mon sens créés ce projet.
Vous aussi vous avez enregistré dans ce même studio sous Beaubourg, c’est ça ?
Oui, absolument, c’est là-bas que nous sommes allés enregistrer la nuit.
C’était la première fois que vous étiez en studio ?
Pas du tout. Nous on avait déjà enregistré une vingtaine de morceaux avant ça.
Mais qui n’étaient pas sortis ?
Non, jamais sortis. Dont une expérience qui a failli sortir chez G Street en 88 à Londres. On avait enregistré deux titres avec les Stereo MC’s, mais le projet n’est jamais arrivé à bout.
Ce n’est jamais sorti tout ça ?
Non. Moi je les ai en cassettes. J’ai plusieurs morceaux qui ne sont jamais sortis.
Cela pourrait faire l’objet d’un coffret non ?
Non, moi je suis toujours trop dans le présent pour regarder derrière .
Si je te parle de Destroy Man et de Johnny Go est-ce que cela te parle ?
Oui, ce sont les premiers rappeurs français que j’ai entendus.
Ah, ben moi aussi, justement ! J’avais un papier sur eux dans BEST à l’époque ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/les-premiers-rappeurs-du-monde-made-in-france.html), car je n’avais jamais rien entendu de tel.
Ce n’est pas les premiers que j’ai entendus, mais c’était la première fois que j’entendais parler qu’il y avait du rap en Français. Moi je rappais et je ne savais pas qu’il y avait des gens qui rappaient en Français. C’est mon ami Grand Jack qui est une légende de la rue parisienne qui m’a entendu rapper quand j’étais un marmot et qui m’a dit : putain c’est incroyable, tu fais la même chose que deux potes à moi. Et il m’a parlé d’eux, alors que je n’avais entendu Destroy Man et Johnny Go.
Assassin, vous avez signé chez Emmanuel Deux Bretelles ?
Ce n’était pas chez Delabel. Moi la première fois que j’ai signé ce n’était pas avec de Buretel. Moi j’ai signé avec Marc Lombroso chez Remark records qui était chez Polydor. Quand il a monté Remark avec Philippe Ascoli et on a sorti le maxi que tu connais en 91 « Note mon nom sur ta liste ». C’est ce premier maxi qui a mis une grosse pression sur notre culture prouvant qu’on était un groupe sérieux sur lequel il fallait compter.
Sacré flair !
Là sur le coup c’est plutôt Philippe Ascoli qui est venu nous voir. Ils bossaient à Polydor tous les deux et ils ont monté ce label dont nous avons été une des premières signatures.
Et c’est ensuite seulement pour le premier album que vous êtes allés chez Deux Bretelles ?
Voilà. Pour te la faire en deux deux, cela s’est très mal passé avec Remark record et à cause de ça on a été grillé dans toute l’industrie ; on a du se mettre en autoproduction et c’est de là qu’on a monté le premier label de hip-hop indépendant en France. Et c’est de là qu’on a signé après avec le groupe Virgin pour un deal de distribution.
Là, on est en quelle année ?
On est en 1992. C’est à partir de là qu’on est en auto-prod et qu’on ne peut pas faire autrement que d’exister par nous-mêmes par le fait de s’être grillés avec un des pontes de l’industrie, fait que tout le monde s’est donné le mot et que on est le groupe qui …
… casse les couilles….
… qui surtout défend ses intérêts en fait. On n’est pas la nouvelle variéte, quoi ! il y a d’autres groupes qui sont prêts à signer n’importe quoi pour exister parce qu’ils n’ont pas cette notion. Nous non. Lié surtout au fait qu’on parle très bien anglais et qu’on est averti par des groupes qui nous ont averti des dangers de cette industrie, car aux États-Unis ils ont dix quinze ans d’avance. Et qu’on arrive avec une attitude qui est une putain d’attitude et qui fait que .
D’où la légendaire méfiance d’Assassin par rapport à l’industrie musicale et au showbiz…
Ce n’est pas de la méfiance c’est surtout qu’on sait ce qu’on veut et on est sur de nous. Et on sait qu’on fait un produit de qualité et que si tu veux dealer avec nous tu deales avec nos conditions aussi quoi ! Ça ne veut pas dire qu’on est que fous et qu’on ne veut que nos conditions, mais c’est un échange. Ce n’est pas une mise à l’amende. Or les contrats au début des années 90 cela ressemble plus à une mise à l’amende des artistes qu’à un échange.
Oui, c’est sacrément déséquilibré entre les deux parties.
Ils arrivent de la variète donc ils sont sur les mêmes contrats. Et nos on n’est pas des mecs de variète ! Nous on a un vécu de la rue.
Oui, et vous avez besoin de garder un contrôle de votre image, de votre son, de votre créativité, ce qui ne sont pas les règles habituelles du showbiz, je suis d’accord avec toi.
(rire)
Assassin, le nom, comment est-il venu ?
À l’époque c’était une façon de parler pour dire que ça tuait, quoi ! C’était comme en anglais : dope ! Assassin ça démonte, quoi ! Et par la même occasion c’est aussi une dédicace à Hassan Sabbah…
… des hachichins. Voilà moi je pensais justement à ce rapport là assassins/ hachichins sur l’étymologie du groupe.
Un très beau livre qui en parle que je recommande à ceux qui vont lire cette interview c’est « Samarcande » de Amin Maalouf qui parle de cette tribu.
Il y a donc aussi un côté « rêve » dans ce choix d’assassin ?
C’est-à-dire ?
D’ivresse du hash…
Non, en fait c’est Marco Polo qui s’est complètement gouré quand il est parti là-bas, il est revenu avec une mauvaise signification de la tribu des hachichines . En fin de compte, hachichines c’est le fondement avec hassas qui est la foi. Donc ce n’est pas du tout une question de fumeurs de hashish du tout.
C’est une question de foi et de religion ?
Non, tu peux avoir la foi sans être religieux ; c’est une question de croire en fait. Comme on dit en anglais : believe. Et nous on a toujours ramené ce truc-là. Le hip-hop nous ça nous a conduits à cette notion de croire en soi avant de croire ne qui que ce soit.
C’est assez américain comme philo, c’est un peu le « Do It Yourself ».
Oui, mais c’est assez asiatique même, ça rejoint le taoïsme plutôt. En fait tu te recentres sur toi-même pour retrouver l’essentiel.
Le premier album « Le futur que nous réserve-t-il ? » était juste incroyable de modernité.
Merci.
C’était un OVNI sonique, on n’avait jamais rien entendu de tel.
Oui, c’est l’alchimie des quatre personnes de l’époque qui ont fait un album terrible. Je trouve que c’est un son qui perdure dans le temps, qui porte un fougue explicable par rapport à ce qu’on vivait à l’époque et qui est toujours d’actualité sur beaucoup de sujets en fait.
Là, tu parles des textes ?
Oui, des textes, mais le son est très inspiré du Bomb Squad de Public Enemy, en fait.
Je l’ai réécouté avant de te rencontrer et cela a super bien traversé les décennies.
C’est vrai. Moi des fois je me le remets et cela me fait plaisir de l’écouter.
Il y avait un souci de production qui était juste hallucinant pour l’époque.
Moi, toujours, je fais partie des gens qui travaillent.
Des maniaques de la console ?
Je sais que c’est beaucoup de travail de se retrouver dans la position de pouvoir créer et quand je suis dans cette position-là, je ne gâche pas la chance que je me suis donnée. Je ne suis jamais en studio pour bâcler quoi que ce soit.
D’où le fait que tu sortes assez peu choses parce que tu prends ton temps ?
J’ai sorti beaucoup de choses pourtant. Mais par contre je prends le temps de les sortir bien, c’est sur. Surtout après depuis que je suis en auto-prod malheureusement cela découle aussi de la manne financière quand tu veux faire des choses de qualité. Surtout à l’époque. Avant les années 2000 tu ne rentrais pas en studio en claquant des doigts.
Avant les ordinateurs et le Pro Tools, quoi ?
Tu as compris.
Il te fallait de la bande magnétique, des 24 pistes…
Voilà, toutes mes premières productions c’est des bandes Ampex 24.
Et qui valent la peau du cul et qui pèsent 5 tonnes ! Je sais que tu as une culture musicale assez riche, si on fait une analogie avec les trois groupes phares du début du rap, c’est-à-dire Assassin, IAM et NTM, lequel serait les Beatles, lequel serait les Stones et lequel serait les Kinks ?
Je pense que les deux groupes dont tu parles ne sont pas du tout comparables avec les groupes que tu cites. Cela n’a rien à voir. C’est complètement d’autres styles de personnages en fait. Donc je ne pourrais pas comparer ça. Je pense que NTM c’est NTM et que IAM c’est IAM, je ne vais pas le comparer avec des groupes de rock. Pour moi c’est une autre culture. En tout cas je pense que c’est deux combos qui ont marqué la culture urbaine française, on ne peut pas leur enlever ça. Mais moi de mon point de vue de groupe indépendant, c’est aussi deux produits de maisons de disques. Pourquoi ça a été aussi connu. Mais cela n’enlève pas du tout leurs qualités de création et tout, mais c’est vraiment la continuité en fait de l’industrie.
D’où mon parallèle avec les KInks en pensant à vous, car ils avaient leur propre label, leur propre studio…
Oui, mais dans le rock, il y en a eu beaucoup tout de même. Il y a eu des groupes signés, mais aussi plein de groupes qui ont été des indés qui n’ont pas spécialement marqué l’histoire.
Mais beaucoup plus tard, là je parle de la fin des années 60, des années 70 où à part les Beatles qui ont créé leur label à un moment donné, les Kinks c’était vraiment des précurseurs et je pense que quelque part vous êtes un peu les Kinks du hip-hop hexagonal.
Ce sont vraiment les gens qui ont cette culture qui peuvent nous comparer à eux, moi je n’ai pas cette culture en fait. Je n’ai pas cette culture rock. Moi j’ai une culture rock qui vient du blues donc le « rock blanc » ne m’a pas touché dans mes références. J’ai pu les apprécier après, mais ce n’est pas quelque chose qui m’a construit en fait, cela ne fait pas partie de mon ADN. Moi, on nous a souvent comparés en France aux Bérus, au début quand on est arrivé avec notre attitude…
… même si musicalement cela n’a absolument rien à voir…
… rien à voir ! Et moi je n’avais jamais écouté les Bérus. Pareil les Clash. Après j’ai écouté et j’ai fait : ah oui, ok d’accord. Mais, par contre je suis à fond dans Bad Brains. J’ai ces références-là.
Oui parce que c’est presque du hip-hop rock Bad Brains…
Ou encore Robert Johnson. Celia Cruz, je suis dans d’autres références, en fait. Frank Sinatra. Brel.
Un éclectisme qu’on retrouve dans ta musique. »