KANYE WEST »Donda 2″
Neurasthénique, crépusculaire, boosté par les anti-dépresseurs, overdosé aux Kleenex, hanté par le culte de Kim Kardashian, auto-tuné à mort comme on se défonce à l’éther, le désormais Ye, comme Prince avait un moment opté pour devenir un « Love Symbol », à l’écoute de ce follow-up de son « Donda » de l’an passé, on se dit que décidément si l’on pouvait encore en douter, ce Kanye est résolument et inexorablement … à l’ouest.
Je vous la faire courte : cet album est carrément dispensable. Anyway il ne serait dispo que sur le système Stem Player (disponible pour seulement 200$ pour le player… une broutille !) dont voici la joyeuse définition : « Le Stem Player est un lecteur MP3 de la taille d’un galet qui sert également de remixeur portable. Cela signifie qu’en plus de le charger avec vos propres morceaux, vous pouvez jouer avec eux en isolant leurs différents éléments. » Bref, il a surtout voulu squeezer Apple , Spotify et toutes les autres plateformes pour ce machin qui ne sert qu’à écouter du Ye. Et sur ce coup-là franchement, on peut s’en passer car à part un titre ou deux, sympatoches on va dire, ce disque est juste une collection de compositions nombriliques et sombres comme le fond du tunnel, vous savez celui dont on ne voit jamais le bout. Bon on parle d’un mec assez givré pur aller racheter la baraque juste en face de celle de son ex-femme pour mieux la surveiller. Un peu psychopathe le mec !
Et la (longue) complainte commence sur « True Love » avec un sample du défunt XXXTentacion plaqué sur un beat climatique. Le message est clair : cet amour « vrai » est déchirant et on comprend illico que notre Kanye n’a pas fini de chouiner. Suit un « Broken Road » mélancolique et spleenien en diable, référence aux Birkins qu’il LUI aurait payé…. Heu les sacs Hermès ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/birkin-vs-le-sac-birkin-en-croco.html ) … pas notre Jeannette nationale . Bref cette route brisée c’est un peu celle du cimetière de leur amour … sniff Sur « Get Lost » l’amertume est dure à avaler. Avec une voix intégralement vocoderisée auto-tune qui rappelle de la manière la plus troublante voire carrément décalquée le « Sleepless » de Cazette le duo électronique suédois à succès de 2017. Dans « Flowers » il cite pèle mêle Balenciaga, Hermès et Benz… on voit tout de suite que West s’attaque à des sujets cruciaux. Sur un beat brinquebalant il en appelle néanmoins au seigneur pour LE libérer. Angoissante sur fond bruitiste il s’adresse à ses gamins avec « Security » un titre complètement schizophrène à deux doigts de « Vol au-dessus d’un nid de coucous »… presque flippant ! Sans doute un des titres les moins insupportables du projet « We Did It Kid » là il mentionne « the other guy » soit Peter Davidson le nouveau boy-friend de son ex qu’il ne nomme pas exprèssément. Offset en featuring sur séquences dramatiques et flot de lyrics comme pour mieux noyer son chagrin et « I’m Tired » ( je suis fatigué) répété CINQ fois de suite. Déprimant. Juste déprimant à l’instar de « Pablo » avec Travis Scott et Future sombre rap dépressif où Ye raconte qu’il sombre, référence à son 7ème album de 2016 « Life of Pablo ».
« Louis bag » c’est bien entendu Louis Vuitton… bien sur « j’ai cessé d’acheter des sacs Louis quand Virgil ( Abloh) est mort » ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/apres-les-beatles-drake-se-fait-tatouer-le-defunt-virgil-abloh.html ) est répété ad lib de manière juste obsessionnelle plus de quinze fois… tout en évoquent ouvertement sa paranoïa. Kanye prend l’auditeur à témoin pour s‘allonger sur nos canapés de psy virtuels. Puis « Happy », comme son titre de l’indique pas, est sinistre et entêtante lorsque « Sci Fi » portée par des violons mélancoliques style film des années 50 avant d’entendre la voix de l’ex-madame West qui lance « J’ai épousé le meilleur rappeur de tous les temps. Pas seulement ça, c’est aussi l’homme noir le plus riche d’Amérique. Un génie talentueux et légitime qui m’a donné quatre enfants incroyables. » un petit speech piqué à une de ses prestations à Saturday Night Live avant toutes ces paroles désabusées balancées sur ces violons mélos… et c’est vraiment pathétique !
Avec « Selfish » climatique et brève on retrouve à nouveau un featuring de l’au-delà signé de XXXTentacion. « Lord Lift Me Up » marque le retour à l’église pour un petit prêchi prêcha des familles bien plombant … tout cela n’est pas très get up stand up. Une des moins ratées, « City of Gods » premier single sorti début février, contient un sample d’Alicia Keys avant « First Time In A Long Time » où il chouine à nouveau : « Cette année, j’ai perdu mon témoin et j’ai perdu mon conjoint. » … soit Kim Karda et Jay-Z tandis que les orgues pulsent sur ce titre obsessionnel . Enfin, il y avait le titre « Keep It Burning » avec Futures qui a disparu de la track-list car car il reprenait sans autorisation le « Burning Down the House » des Talking Heads. Vous l’aurez compris Ye ou Kanye, quel que soit son patronyme vivement que notre héros redescende un peu de ce perchoir où il semble se complaire depuis trop longtemps, nous faisant oublier quel génie il fut au tournant des années 2000.