ALOÏSE SAUVAGE « Dévorantes »
C’est le premier album d’une jeune femme aussi forte que captivante, qui mêle si adroitement le hip hop à la pop, pour percuter notre horizon sonore à la manière d’un Eddy De Pretto, sachant si bien mêler ses mélodies à de puissants slogans de libération LGBT. « Dévorantes » porte décidément bien son titre car les vibes positives si électrochoquées d’Aloïse Sauvage n’ont pas fini de nous dévorer. Sans doute déjà un des disques qui rythmera notre année 2020 !
C’est une fille d’aujourd’hui, qui assume et revendique son droit d’aimer qui elle veut et quand elle veut. Et ce tout premier album d’Eloïse Sauvage est tout simplement bluffant. Car elle parvient à défendre ses idées fortes avec une totale nonchalance musicale. Aux confins de Eddy de Pretto et de Aya Nakamura, en passant par Thérapie Taxi, Aloïse Sauvage est une artiste qui possède de nombreuses cordes à son arc. Comédienne et danseuse, artiste de cirque et subjuguante jeune chanteuse, elle n’a décidément pas fini de faire chavirer le coeur des garçons et des filles. Et c’est avec « Et cette tristesse » aux mots percutés, à la voix acidulée, qu’ Aloïse Sauvage rappe et vocalise à la fois, sur un beat joyeusement insulaire à l’opposé des mots de sa chanson . Elle est ainsi faite, pleine de paradoxes et elle le prouve. Mais le coup de foudre est vraiment déclenché par « Omowi ». Certes, on met un peu de temps à comprendre cette étrange onomatopée, mais lorsque Aloïse chante son refrain, cela devient très vite limpide comme l’eau de roche « Les PD sont beaux, j’ai osé rêve/ Que tout le monde enfin le voyait … » « Omowi » c’est en fait « Homo oui », une ode à la liberté d’aimer, un tube puissant qui a déplus le pouvoir d’ouvrir les esprits. À mi chemin entre hip hop et pop, il salue la fierté d’être différent.
« À l’horizontale » est à Aloïse ce que « Djadja » est à Aya Nakamura, une balade amoureuse, tendre et chaloupée, comme un zouk à la fois peroxydé et en version ralenti, un des incontestables atouts de ce « Dévorantes » qui vous rentre si bien dans la tête. Autre incontestable réussite avec « Megadown », joyeux et irrésistible plongeon dans le raggamuffin cool, sur un petit beat dance-hall de derrières les fagots, qui prouve que, décidément, coté rythmes notre jeune chanteuse joue et gagne sur la diversité. Avec « Feux verts », Aloïse amorce un retour à la case hip hop et à la synergie tropicale façon Aya Nakamura pour une love story, forcément compliquée, mais néanmoins passionnée tandis qu’avec « Toute la vie » on s’inscrit encore dans le registre d’une chanson d’amour, aussi allumée que décalée. Soul légère et amoureuse, « Si on s’aime », délicatement chaloupée et entêtante est un des incontestables atouts de ce bel album. « Papa » c’est bien sûr… papa tu es où, ode à un paternel absent et pourtant si présent dans la tête d’un jeune fille. « Papa, Je te vois pas, je t’ai perdu/ Es-tu parti pour toujours / Que se passe-t-il ? » chante t’elle. Suit « Tumeur » au beat sombre et mélancolique sur la vie et la mort, mais c’est « Jimy », un des hits incontestables de joli projet, qui finit par nous alpaguer. À nouveau, Aloïse joue et gagne sur un titre qui porte fort le thème de la tolérance et de l’ouverture d’esprit, le respect de la différence, sans un regard critique porté sur l’autre, quelle que soit sa préférence sexuelle. Juste superbe et émotionnelle, entrainante comme une belle vague sentimentale. Enfin ce brillant premier album s’achève sur sa chanson-titre, « Dévorantes » et c’est encore une love song qui déborde d’ émotion et qui ne peut laisser quiconque indifférent, avec ses mots qui frappent de taille et d’estoc pour ouvrir enfin les esprits le plus étriqués. « J’ai envie de rugir face aux bêtises/ D’être sauvage à vie, pas que dans le patronyme… » chante miss Sauvage et on ne peut que la croire sur parole… bien sur.