JEAN LOUIS MURAT « Baby Love »

Murat

By Denis Pourcher

De Bryan Ferry ( comme d’hab’) à Tony Joe White, en passant par Steely Dan, le Tom Tom Club, Leonard Cohen, Bill Withers, Otis Redding, Daft Punk, Chic, Joe Cocker et Marianne Faithfull , la liste vertigineuse des influences de Jean Louis Murat dans le 20éme épisode de ses funky aventures prouve que le garçon a toujours aussi bon gout. C’est sans doute ce qui participe au succès de ce « Baby Love », album aussi oxygène que cette période est confinée.

MuratSi on m’avait dit voilà 40 ans, lorsque je rédigeais la bio de son premier maxi, que le gars qui chantait alors « Suicidez-vous, le peuple est mort » serait toujours là aussi fringant quatre décennies plus tard. Pourtant, l’homme qui lui inspiré son pseudo, Joachim 1er, maréchal d’empire, sacré roi de Naples par la grâce de son beau-frère, un certain Napoléon 1er , est décédé à 48 ans .  Bref, à près de 70 piges, Jean Louis Bergheaud a déjà pulvérisé le record de longévité de son fameux homonyme. Et, côté sortie d’albums, je ne vous dis pas, l’ex-Maréchal de France est, comment dirais-je, battu à plates coutures. Avec ce petit dernier, au titre néo-Birkineque de « Baby Love », figurent désormais 20 albums au palmarès de notre Bryan Ferry Auvergnat. Et, franchement, celui-là est loin d’être le pire, bien au contraire. Porté par un funk aussi glacé que délicat, riche de ses 11 titres pastel, il constitue sans doute le meilleur exemple actuel de pop hexagonale aboutie, et tous les soutiers de la variette hexagonale, de Pagny de crabes à CaloCalimero, en passant par Obispo de chagrin, devraient, dès le confinement levé, prendre la route de Clermont-Ferrand pour suivre un stage de recyclage auprès du maitre Murat. Car ce dernier a beau être une sacrée tête de mule, doublée d’une incontestable tête à claques- tout spécialement l’égard des journalistes musicaux-, il est aussi sacrément doué dans l’art d’enrober la plus intelligente des ritournelles dans le sucre candi, histoire de nous rendre carrément dépendants. Et c’est par « Troie » que tout commence, premier titre, première raison de râler sur ces textes déclinés sur fond de chœurs féminins, violons et de cuivres délicats sur ce titre où Murat fait du Murat…comme nul autre…devrais-je dire ? On songe aussi au regretté Léonard Cohen, ce qui ne surprend guère connaissant le zigue. Guitare wah wah, résolument 70’s pour « Le mec qui se la donne » aux faux-airs de crooner funky entre le regretté Bill Withers et l’immense Otis Redding.

 

MuratSans doute l’un des titres les plus percutants de l’album, en pur hit confidentiel à la sauce Murat, « Le reason why » se révèle incroyablement addictif porté par son arrogante nonchalance, son blues délicat et les filles qui répondent en chœur au maestro. Bien plus étrange et néanmoins excitante, « Réparer la maison » est un drôle de zèbre, écartelé entre les Talking Heads, Daft Punk sous Tranxene et Chic, qui galope joyeusement dans nos têtes, pour nous communiquer sa sourde énergie…et toujours ce petit coté Bryan Ferry, dont il ne se dessaisit jamais, dans le sfumato de ses Jocondes soniques. Enfant du pays, avec « Montboudif », Jean Louis a voulu satisfaire au-delà du possible tous les Boudimontois soit… les habitants de Montboudif, riante localité à 75 bornes de Clermont, preuve que le chanteur doit à peu près être le seul au monde à également enseigner la géographie locale dans ses chansons. Décidément, le franglais sied à JLM : après « Le reason why », on succombe à la succulente « La princesse of the cool » vertigineusement Steely Danesque, entre « FM » et « Kid Charlemagne », composition à la précision chirurgicale qui chavire les cœurs, incontestable réussite de ce « Baby Love ». Premier signe d’essoufflement avec « Rester dans le monde » bis repetita de « Si je devais manquer de toi »…en moins bien, heureusement notre héros se ressaisit gravement sur le troublant Tom Tom Clubesque  (« L’éléphant ») « Xanadu », mais l’analogie n’est guère surprenante puisque Tina Weymouth et  Chris Frantz constituent à eux seuls 50% des Talking Heads. Retour au blues cool avec l’intelligente  « Ça s’est fait », au beat aussi nonchalant qu’efficace façon Joe Cocker « You Can Leave Your Hat On ». Une dernière love song éthérée avec « Si je m’attendais » et on plonge dans le marais avec l’hommage appuyé au swamp-rock torride et moite de l’immense Tony Joe White ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/so-long-mister-tony-joe-white.html ). « Tony Joe » pulsé par des cuivres puissants modèles « Why D’Ya Do It » de Marianne Faithfull clôt en bouquet final cet album. Superbement produit, arrangements impeccables « Baby Love » loin de n’être qu’un Murat de plus, perpétue la légende du poor lonesome auvergnat et séduira largement tous ses aficionados. Certains allègueront que « sa chanson est vachement bien » mais que « c’est toujours la même chanson ». Et, tous les autres se laisseront porter par cette vague cool, ces textes élégants et ce swing insouciant, qui devraient faire l’objet d’un remboursement Sécu.

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1 réponse

  1. DENIS GARNIER dit :

    ????? tu fais comment par you tube pour avoir l’ album en entier sans pub et dans l’ordre ???????????????

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