SO LONG MISTER TONY JOE WHITE

 

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Il était le king du « swamp rock », ce rock du marais poisseux comme les bayous de Louisiane qui l’ont vu naitre voici 75 ans, l’immense Tony Joe White nous a quittés hier. Le héros de « The Guitar Don’t Lie » s’est éteint hier, chez lui à Leipers Fork, dans le Tennessee, tout à coté de Nashville, terrassé par un arrêt cardiaque. Son ultime album « Bad Mouthin’ » était sorti il y a tout juste un mois. Aujourd’hui le blues éternel pleure encore un de ses héros.

 

Comment oublier Tony Joe White ? En 1995, pour mon émission BUZZ TEE VEE, je l’avais filmé à l’arrière de ma Triumph Stag décapotée, interprétant en travelling permanent des rues de Paris sa fameuse « The Guitar Don’t Lie », qu’il avait offert à Joe Dassin qui l’avait chanté en français et en anglais. Son album « Lake Placid Blues » venait alors de sortir et TJW s’adonnait aux joies de l’interview, en baissant les yeux comme un éternel petit garçon pris sur le fait, la main dans le bocal à sucreries. Je me souviens de ce Tony Joe White aussi bourru que sensible. Mais, ce qui m’avait alors le plus marqué, c’est son jeu de guitare qui ne ressemblait à aucun autre, une rage contenue dans une coolitude extrême. Aujourd’hui, à l’annonce de son départ pour ce monde que l’on dit forcément meilleur, j’ai  le blues à l’écoute de ce « Bad Mouthin’ » le dernier cadeau du roi du « rock des marais » où sa grosse voix s’est faite aussi sombre que celle de son collègue, the man in black, Johnny Cash sur son tout dernier album « The Man Comes Around ». Comme s’il avait voulu boucler la boucle de son art, cette collection de 12 chansons, dont de nombreuses reprises de ses bluesmen favoris, démarre sur l’émotionnelle « Bad Mouthin’ » …la toute première chanson qu’il ait composée en 1964. Il reprend entre autres le « Heartbreak Hotel » chanté par Elvis…qui avait lui-même repris l’éternel « Polk Salad Annie » de Tony Joe White. Guitare sèche et voix totalement intimiste, ce blues chair de poule laisse aujourd’hui un petit goût amer.

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Né le même jour que moi, un radieux 24 juillet, dans une plantation de coton près de Oak Grove en Louisiane, Tony Joe White n’était peut être pas la plus médiatique des méga stars du showbiz, mais son parcours n’en est pas moins époustouflant. Dés le cœur des 60’s il enregistre ses premiers simples et publie son tout premier LP enregistré avec les gars du Muscle Shoals en 69, porté par son cocktail de rock, de country, de folk et de ce « je ne sais quoi » échappé de la moiteur des marais de Louisiane, la base de ce « swamp rock » qu’il a su créer. Recruté par le label Warner, Tony Joe voit son album éponyme de 71 produit par Peter Asher. Aux côtés du légendaire Jerry Lee Lewis, recruté par le fameux producer sudiste Huey Meaux, avec les MG’s de Booker T, mercenaires de légende de la soul de Memphis, il apporte son style inimitable qui devient l’une des pierres angulaires de l’album « Southern Roots ». À partir des années 80, Tony Joe White compose pour le disque à succès de Tina Turner « Foreign Affair » sans jamais délaisser sa propre carrière. Et avec près de 30 albums à son actif, sans compter une armada de live, on ne peut pas dire que Tony Joe White se soit souvent arrêté pour respirer le parfum des fleurs. Ce « Bad Mouthin’ » qui rugit aujourd’hui sur mes HP est son testament, celui d’un homme droit et talentueux, né pour le blues, par le blues et qui aura mené sa route jusqu’au bout du blues…sauf que c’est désormais le nôtre ! Mais nous ne laisserons jamais tomber son flambeau, n’est-ce pas ? RIP Tony Joe White, mister swamp rock !

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