NEIL YOUNG & THE BLUENOTES « This Note’s For You »
Voici 30 ans dans BEST, GBD chroniquait joyeusement le vingtiéme album solo de Neil Percival Young. Àson arrivée au fameux mensuel de la rue d’Antin, fin 1980 sa toute première chronique publiée dans le BEST 150 couverture Lennon et Yoko Ono pour leur come-back « Double Fantasy » était le LP de Young « Hawks & Doves ». Entre les deux, le Canadien avait entamé une traversée du désert discographique en signant sur Geffen records. Sept ans et sept albums plus tard, le jeue Nei redevient enfin lui-même avec ce rockin’ « This Note’s For You ». Flashback…
Emporté par l’irrésistible chanson-titre, « This Note’s For You » publié au printemps 88 marque le retour de Neil Young sur son label historique, sous marque de Warner et ses frères et jamais Reprise Records n’aura aussi bien porté son nom. Composition militante contre les sirénes de la publicité qui attirent à eux les artistes par leurs dollars, Neil citant Coca et Pepsi et diverses marques de bières réputées utiliser des stars pour leur image à l’instar de Michael Jackson, Clapton, Winwood ou Whitney Houston s’est lancé avec « This Note’s For You » dans une de ses compositions sans doute les plus militantes de sa carrière.
Publié dans le numéro 239 de BEST
Soleil implacable, méharis et Touaregs, Neil Young vient de passer ces six dernières années au Sahara pour sa traversée du désert. Cow-boy canadien et solitaire dans la tourmente, son dernier message audible était une tentative de fusion baptisée “Trans”. En 82 Neil « Heart Of Gold »-et toujours- Young vend son âme à David Geffen. Et Geffen commet gaffe sur gaffe. Pour se venger ou simplement parce qu’il prend la mouche, le Canadien lui balance une poignée d’albums inaudibles dont je ne garde qu’un souvenir confus. Pourtant, depuis le Buffalo Springfield au crépuscule des sixties, cette voix sucrée-salée aux accents inimitables n’a jamais manqué de me faire craquer. Période baba avec Crosby et les autres. période néo-acide déchirée et solo avec « Zuma », période « punks je vous en ai compris » avec « Rust Never Sleeps » jusqu’à la mélancolie dorée de « Hawks and Doves » -mon premier LP chez Best-la flamboyante sincérité de son timbre déchiré donne l’illusion qu’il peut même chanter faux. Et la faiblesse de Neil Young se révèle d’ une force imparable. Boogie en diable, cuivré-musclé-bluesé, le rock solide de « This Note’s For You” ramène le Loner sur la piste des Géants. Saxo et mood évanescent, sa guitare caresse la fragile perfection d’un Van Morrison sur un titre comme « Twilight ». « Je ne chante pas pour Pepsi/Je ne chante pas pour Coke/Je ne chante pas pour ceux/Qui me font passer pour un crétin », avec le title track de son album, punky Neil crache sur Michael Jackson et Clapton qui ont dealé leur âme à la pub Babylone. Swing rageur pour « Hey Hey » – titre déjà utilisé pour un hommage à Sid Vicious dans « Rust… » – et Neil milite contre l’avachissement des kids par l’hydre MTV. Et sur la quasi-totalité des chansons de « This Note’s For You » revient l’inlassable obsession quasi anar du guitariste: « je me fiche du pognon ». Neil Young trimbale sa country aux confins du jazz. Choc soft mais efficace, le bon vieux Young ose se remettre sans cesse en question. Tant de chevaux ont crevé sous lui sans qu’aucun ne parvienne jamais à le désarçonner !
Publié dans le numéro 239 de BEST daté de juin1988