INDOCHINE A BERCY
Mardi 17 juin, dans une Accor Arena archicomble, Indochine a inauguré une série de neuf concerts parisiens (à guichets fermés !) par une performance à la croisée de l’intime et du spectaculaire. Une scénographie audacieuse, une setlist pensée comme un voyage intérieur, et un Nicola Sirkis au sommet de son art ont permis au public de vivre un moment suspendu, hors du temps. Retour sur un concert monumental, entre communion totale et mise en scène qui a su littéralement couper le souffle à JCM !
42 années séparent la micro scène du Rose Bonbon à celle Palais Omnisports de Bercy et on peut ainsi mesurer tout le chemin parcouru par Indochine ( Voir sur Gozomusic https://gonzomusic.fr/?s=Indochine ). Pourtant quel rock critic prophète aurait pu prédire une telle longévité ? Même pas moi… même si j’étais bien présent dans ce club parisien cet hiver 1983, chroniquant dans la foulée le premier mini album de Sirkis et de sa bande ( Voir sur Gonzomusic INDOCHINE « L’aventurier » ). Nicola aura tout connu, les sommets de la gloire puis le grand roller coaster vers le bas avant de remonter définitivement du fond de la piscine, les tragédies, mais aussi fort heureusement l’amour et la rédemption. Et sans jamais sacrifier ses convictions, son humanisme et son amour immodéré pour l’art moderne. Désormais, c’est Jean Christophe Mary qui a pris le relais de cette éxégèse indochinoise qui nous propulse à la manière du « never ending tour » de Dylan de plus en plus loin vers le futur.
Par Jean Christophe MARY
Ils avaient prévenu : cette tournée des grandes salles françaises serait une expérience. Ils ont tenu parole. Ce 17 juin, Indochine a ouvert une série historique de neuf concerts à Bercy, par un show aussi spectaculaire qu’intime, où la technologie épouse l’émotion. Avant même la première note, l’Accor Arena brille déjà de mille feux. À l’entrée, chaque spectateur reçoit un bracelet lumineux. Gadget ? Pas vraiment. A l’instant où le bien nommé « Showtime » ouvre le concert, l’immense salle parisienne se transforme en constellation mouvante, battant au rythme de la musique. Ce dispositif lumineux, synchronisé, agit comme une respiration collective — la première image d’un spectacle où la technologie transmet un frisson collectif. La scénographie se déploie autour de trois scènes — A, B et C — disposées dans l’arène. Ce dispositif, rarement vu à cette échelle, permet au groupe de circuler, de jouer sur la proximité et la surprise, de casser la frontalité habituelle d’un concert rock. Dès les premières notes de ce titre electro rock (on pense à Depeche Mode !) la salle s’embrase.
Puis viennent « L’amour fou », « Victoria « avec l’apparition du visage de Volodymyr Zelensky, suivie d’un rang de soldates ukrainiennes jouant de la trompette, enchainé avec l’hymne fédérateur « Le chant des cygnes ». Moment d’émotion sur « Sanna sur la croix », titre qui rend hommage à Sanna Marin l’ex-Première ministre finlandaise dont le visage apparaît, tantôt la bouche barrée d’un bandeau symbole de parole confisquée, tantôt serti dans une croix. Le groupe enchaine immédiatement avec « Annabelle Lee », mêlant rock lyrique et poésie noire. Le tout est sublimé par « Seul au paradis » et le puissant « No Name », extrait du dernier album « Babel, Babel « (2024) qui est joué pour la première fois en tournée. Des classiques intemporels aux morceaux plus récents, chaque titre déclenche une vague de ferveur collective. Et au centre, Nicola. D’une élégance rare, habité, il capte les regards, touche les cœurs. L’alchimie avec les fans est totale. Communion. Fusion. Inexplicable et pourtant tangible.
Cap ensuite sur la scène B, pour un bloc central résolument énergique : « Salômbo », « Electrastar », « Canary Bay », « Punker », « Un été français »… Le public chante à tue-tête, porté par une setlist calibrée pour la scène. Les tubes s’enchaînent : « Miss Paramount », « J’ai demandé à la lune », « Alice & June ». Une avalanche de classiques, jusqu’à « La vie est à nous », dans un final incandescent. Retour à la grande scène pour le premier rappel : « Station 13 », « Des fleurs pour Salinger », « Trrois nuits par semaine ». Le public ne touche plus terre. L’émotion monte encore d’un cran avec un moment acoustique partagé entre les scènes B et C : « Kao Bang », « La vie est belle », « Tes yeux noirs ». Quelques minutes suspendues, guitare-voix, frissons garantis.
Enfin, retour triomphal sur le Stage A pour un second rappel explosif : « L’aventurier » en hymne générationnel, suivi de « En route vers le futur », comme un clin d’œil à ce que le groupe prépare dans les années qui viennent. Quel show. Quel groupe. Et surtout, quel artiste : Nikola Sirkis. Figure centrale, silhouette noire et voix puissante, la communion qu’il forme avec son public est totale, mystique, presque irréelle. Ce n’est plus un concert : c’est un lien tissé depuis plus de quatre décennies, qui ne cesse de se renforcer. Neuf Accor Arena programmés, des places arrachées en quelques minutes, et une semaine complètement dingue qui ne fait que commencer à Paris. Du jamais vu.
All pix by the mighty JCM
Set-list :
Scène A
Showtime
L’amour fou
Victoria
Le chant des cygnes
La belle et la bête
Sanna sur la croix
Annabelle Lee
Seul au paradis
No Name
(Tour debut)
Scène B
Salômbo
Electrastar
Canary Bay
Miss Paramount
Punker
J’ai demandé à la lune
Le péril jaune (Ouverture)
À l’est de Java
Un été français
Alice & June
La vie est à nous
Rappel 1- Scène A
Station 13
Des fleurs pour Salinger
Trois nuits par semaine
Set acoustique – scène B et C
Kao Bang
La vie est belle
Tes yeux noirs
Rappel 2 – Scène A
L’aventurier
En route vers le futur