GAETAN ROUSSEL « Est-ce que tu sais ? »

gaëtan-roussel-Trois ans après son « Trafic », Gaëtan Roussel revient avec un album lumineux et quasi acoustique. C’est son « Harvest » à lui. Et cela sonne si bien. Riche de ses 11 compositions, dont deux duos, ce quatrième solo de l’ex-Louise Attaque est une insolente réussite, comme un rayon de soleil inespéré dans un paysage musical hexagonal, véritable champs de ruines artistiques. Avec « Est-ce que tu sais ? » Gaëtan porte en lui cet espoir qu’il se relève enfin.

Gaëtan RousselDans la musique, il y a quatre catégories de mecs : ceux qui sont sympas, mais dont on déteste la musique ( un Florent Pagny, ultra cool  dans la vie, par exemple), ceux dont on aime la musique, mais qui sont des têtes de cons, à qui on n’a aucune envie de causer( suivez mon regard du côté des frères Gallagher), ceux dont on n’aime ni la musique ni la compagnie ( là toutes les pages de ce Word.doc n’y suffiraient, hélas pas) et enfin, comme le diamant noir du Périgord, il y a ceux si rares qui cochent les deux cases : à la fois humains et simples avec une musique capable de nous toucher droit au plexus solaire.  Au moment où la variété-pop-rock francophone atteint non seulement le fond, mais se complait dans sa vase, qu’il est rassurant d’avoir un Roussel dans la digne lignée des Bashung, Eicher, Dutronc, Chamfort, Ferrer, Gainsbourg, Souchy/Voulzon, Aubert, Taha, Murat  et quelques autres, si rares et si précieux. Car le Gaëtan se révèle à l’usage aussi cool que talentueux. D’abord pour lui-même, mais aussi comme lorsqu’il décide de collaborer avec d’autres, comme ce duo avec « Vanessa » sur son précédent « Trafic », son projet Lady Sir avec Rachida Brakni ou encore l’album « Bonjour » de 2009 taillé sur mesures pour Rachid Taha, que j’adore. C’est dire si j’attendais au tournant cet « Est-ce que tu sais ? ». Mais l’attente n’aura pas été vaine, cet album démontre un réel pouvoir oxygène à un moment où nous en manquons si cruellement.

Gaëtan Roussel

Gaëtan Roussel

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Et tout commence par « Tu ne savais pas que tu mourrais un jour ». On se dit que Leonard Cohen a beau avoir quitté l’hôtel depuis cinq ans déjà, mon vieux prophète juif s’est trouvé un nouveau fils prodigue, de surcroit goy et francophone, en Gaëtan Roussel. Lyrique, envoutant, subjuguant ce titre est puissant comme un typhon qui nous emporte. Il est aussi bouleversant par ce qu’il nous raconte et surtout par tous ceux à qui il nous fait penser… et en particulier un certain habibi qui a bossé avec Gaëtan. Puis, « Je me jette à ton cou » nous séduit sur ses superbes arrangements, sa mélodie catchy, son « je ne sais quoi » bien mélancolique de Manset ou de son disciple, cette chère tête de mule de Murat, bref que du GRAND parmi les GRANDS. La chanson-titre « Est-ce que tu sais ? » aux faux-airs de « Cendrillon après minuit » de Stephan Eicher ,sur sa petite guitare gimmick, est portée par une mélodie enjôleuse pour une balade amoureuse qui déborde d’émotion. On craque aussi sur « La photo », surprenant duo avec Camelia Jordana sur un texte loufoque, comme on en entend peu depuis que Gainsbourg nous a quittés, une composition poétique et rigolote. Mais celle qui fait battre mon cœur juste un peu plus vite est incontestablement « On ne meurt pas ( en une seule fois) ». C’est à la fois le plus rythmé, et l’un des tubes du CD, puissant et entêtant, presque un hit de R.E.M … mais en français … jolie réussite !

Gaëtan RousselGaëtan Roussel

Gaëtan RousselGaëtan RousselGaëtan RousselGaëtan RousselAutre sommet du CD, avec « La colère », qui marque le retour de « La simplicité » qu’on adorait déjà sur son « Orpailleur » de 2013. Pouvoir captivant de la répétition quasi hypnotique des mots et on se laisse porter sur ses tapis volants de violons. Si les « Les matins difficiles » est un slow mélancolique, qui rappelle Alain Bashung, la suivante « Sans sommeil », avec Alain Souchon, est un cool duo pour une des réussites incontestables de l’album, tout comme « Tout contre toi », balade amoureuse superbe aux échos de « Bonjour », la chanson titre du CD de 2009 de Rachid Taha, dans lequel Gaëtan s’est tant investi et que j’adorais. Retour au feeling introspectif à la Leonard Cohen pour le slow lumineux « Le tour du monde », qui évoque son « I Will Be Strong » sur « Orpailleur ». Enfin, ce bel album s’achève sur « Si par hasard », composition sur la rupture, juste intemporelle, comme un hit doré de Cat Stevens des 70’s… Avec l’aide du guitariste Adrian Utlet  et du batteur Clive Deamer, qui ont tous deux collaboré à Portishead, produit par Maxime Leguil et Gaëtan lui-même, ce pari risqué sur l’acoustique et les instruments à cordes, arrangés par le surdoué Nicolas Musset, est un pari massivement gagné. « Est-ce que tu sais ? » devient  ainsi un objet artistique intemporel et c’est la clef d’un succès.

 

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1 réponse

  1. DENIS GARNIER dit :

    ah , carrément , rare de ta part un tel hommage , décidément la montagne te réussit

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