CHRISTINE LIDON MADAME LA PRÉSIDENTE
Lorsque je l’avais rencontrée, elle avait vingt ans et était bassiste-chanteuse du groupe le plus excitant ayant jamais émergé de Nice. J’avais découvert les Bandits en rencontrant pour BEST Patrice Fabien, le génial A&R qui avait claqué la porte de CBS pour signer tous les groupes si novateurs de son label Réflexes, comme les Ablettes, les Désaxés, les Infidèles. Quatre décennies plus tard, notre Debbie Harry punk rock hexagonale est devenue madame la Présidente. Et de surcroit, Christine Lidon est la première femme ever à présider la colossale SACEM, sans rien avoir sacrifié de sa rock and roll attitude. Incroyable et magnifique métamorphose… et fierté de voir une rockeuse briller au 7ème ciel !
Elle aurait pu se laisser couler dans le moule, adopter un look tailleur Chanel, pourquoi pas. C’est bien mal connaitre Christine Lidon. Présidente de la SACEM peut être, mais toujours aussi cool et rock and roll, malgré le poids certain de ses responsabilités. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire le 7éme étage de la direction de la SACEM n’est pas toujours le 7éme ciel. Dans le vaste navire amiral de la Société d’Auteurs, amarré aux pieds de la Seine, les chausse-trappes et les peaux de bananes n’ont pas dû manquer de fleurir lors de l’irrésistible ascension de l’ex chanteuse bassiste des Bandits à un tel poste de direction. D’ailleurs dans le couloir qui mène à son bureau, Christine est fière de me montrer que son portrait affiché à la suite de ses nombreux prédécesseurs, bien entendu tous de sexe masculin, porte la mention d’autrice, marquant ainsi sa qualité d’écrivaine de chansons. Quatre décennies après notre première rencontre avec le Tigre du label Réflexes, Patrice Fabien, hélas décédé, et entre autres les Désaxés ( Voir sur Gonzomusic LES DÉSAXÉS AU 7éme CIEL ), c’est comme si nous ne nous étions jamais quittés. Christine Lidon nous livre en confessions intimement rock son parcours sans faille depuis les Bandits à travers sa carrière solo, puis sa métamorphose en autrice, de chansons à succès pour les autres et enfin son arrivée à la SACEM pour y imprimer la marque Lidon, soit une Présidente qui arrive à unir les gens, à créer l’harmonie et en tout cas qui souhaite porter un nouvel espoir.
« Madame la présidente…. Nous voulions vous rencontrer… à nouveau puisque c’est la toute première fois qu’une femme occupe cette place au sein de la SACEM… tu nous rappelles quand a été fondée la SACEM ?
La SACEM a été fondée en 1851…
Et laisse-moi deviner… en plus de cent ans il n’y a jamais eu une seule femme à ce poste…
… en 172 ans précisément ! Alors, là ce qui se passe est assez extraordinaire c’est que non seulement il y a une femme présidente mais on a nommé une femme directrice générale il y a trois ans et là on est la seule OGC au monde à avoir à la fois une femme directrice générale et une présidente. Il y a d’autres OGC où il y a des femmes présidentes, où il y a des femmes directrices, mais les deux en même temps…
Le béotien face à toi demande : c’est quoi une OGC ?
Cela signifie Organisation de Gestion Collective. On est comme une coopérative, donc la SACEM, on fonctionne comme un collectif. Tu connais l’histoire de la SACEM, comment elle est née ?
Je demanderai à l’ami Wiki les bons tuyaux…. Alors Wiki dis-nous tout sur la Genèse de la SACEM…
( La SACEM a été fondée à la suite d’un incident survenu au café-concert parisien Les Ambassadeurs en mars 18471. Les compositeurs Ernest Bourget, Paul Henrion et Victor Parizot entendent une chanteuse reprendre une de leurs chansons et refusent de payer leurs consommations, estimant qu’ils ne doivent rien car le propriétaire de l’établissement utilise leurs œuvres sans les rémunérer en retour. Les trois musiciens gagnent un procès dont les frais sont pris en charge par l’éditeur Jules Colombier. Il s’agit d’une des premières organisations de ce type au monde (l’équivalent britannique, la Performing Right Society, n’a vu le jour qu’en 1914). D’abord constituée en syndicat en 1850, la SACEM prend la forme définitive d’une société civile en 1851.)
… mais je tiens à me concentrer sur cette Christine Lidon story exemplaire où on aura vu la chanteuse du groupe de rock le plus populaire de Nice, Les Bandits occuper le siège de la Présidence de la SACEM… moi qui t’ai connue cheffe de bande de rockers… et dont le parcours est assez bluffant. Alors, comment passe-t-on de chanteuse d’un groupe underground au 7ème étage des dirigeants de la SACEM ?
Tu l’as dit au début j’étais cheffe de bande et être présidente c’est aussi être cheffe de bande finalement. On a un conseil d’administration à réunir, à rassembler, je n’oserais pas dire « driver » mais faire que les choses et que les tendances s’harmonisent. Et c’est aussi d’amener les gens quelque part.
Cela ne s’est pas fait en deux jours le passage de la scène des Bandits de Nice au 7ème ciel de la SACEM. Si je t’avais dit à l’époque où je t’interviewais en tant qu’artiste du label Reflexes de Patrice Fabien quand on s’est rencontré en 82 ou 83 … heu tu sais Christine si tu continues comme ça tu finiras à la SACEM… tu m’aurais pris pour un grand malade. Et tu m’aurais envoyé chier. Pourtant c’est la réalité ! Qu’est-ce qui s’est passé après les Bandits, il y a eu ta carrière solo chez Phonogram ?
Oui j’ai signé à la fin des années 80 et sorti mon premier album en 1990. Et après j’ai tout envoyé bouler. Et je suis partie dans la nature. Puis j’ai retrouvé un autre label, j’ai signé pour un 2ème album chez EMI… et j’ai encore fini par envoyer bouler ! J’étais un peu la fille qui envoie bouler…
Oui une rebelle ! Vite fait … pourquoi as-tu envoyé bouler Polygram ? C’est qu’ils ne te suivaient pas sur un deuxième album après ton premier « Avalanches » ?
Non, non, non c’était que le directeur artistique avec lequel je travaillais je le trouvais…. Heu… comment dire… mon premier album à dire vrai avait été décrété « objectif numéro un » et donc devait vendre à un million d’exemplaires et cela ne s’est pas passé comme cela. Je suis restée « succès d’estime », mais Polygram n’avait pas du tout l’intention de me virer. Je me souviens que le patron qui était Paul René Albertini…
… qu’on avait surnommé Porte-Monnaie Albert Tout Nu (humour) mais qui était vraiment cool…
… et il m’a téléphoné quand il a appris que je voulais partir. Il m’a dit : on ne va pas t’embêter, on te laisse faire sans te créer de problème. Moi je me disais que je ne vais pas m’en sortir, le premier album pour moi c’était un échec. J’étais aussi impulsive à l’époque, et je me disais : non non, cela ne te va pas d’être dans une major. Tu sais que je venais du label indépendant Réflexes, quand tu m’as connu avec les Bandits. C’était un label indépendant bien avant l’heure de la mode des labels indépendants. On avait une vraie culture de ça et en fait, je me disais : mais non, je n’ai pas ma place dans une major. Alors que j’étais une enfant gâtée, quoi ! On était allé faire l’album à New York. J’ai pu choisir mon producteur, c’était Richard Gottehrer (Blondie, Gogo’s, Richard Hell, the Fleshtones) qui était un mythe vivant. Bref une gamine gâtée à mettre des baffes, une fille …
… qui a aussi une vraie personnalité et qui ne se laisse pas faire. Je trouve ça plutôt positif, même si cela t’a desservi…
Après, quand j’ai analysé le truc, j’ai fini par comprendre que j’avais complètement déconné. J’ai déconné quand je suis partie des Bandits. J’ai eu une deuxième chance en faisant cet album chez Polygram et j’ai à nouveau déconné, alors qu’il y avait des gens qui étaient prêts à m’écouter.
Et qui croyaient en toi…
… et qui croyaient encore en moi.
Comment es-tu devenue transfuge chez EMI ?
Il s’est passé que je suis restée un moment sans rien durant trois ans. Entre temps quand même, encore coup du destin, les filles de Native viennent me chercher pour leur faire des textes. Mais en fait, le premier à m’avoir demandé de lui écrire un texte c’est Axel Bauer. A l’époque, il était aussi chez Phono. Il aimait bien mon album et lui préparait le sien. Il n’écrivait pas trop de textes, donc on avait travaillé ensemble. Et ensuite, c’est grâce à ce travail avec Axel que les gens sont venus me voir, comme les producteurs de Native, justement.
Et donc comment te retrouves-tu chez EMI ?
Avec un manager qui croit en moi qui s’appelle Stefff Gotkovski …
Ah Stefff, ex Boucherie Productions, bien sûr !
Le seul et unique. C’était lui mon manager. Avec Didier Lemarchand qui était aussi chez Boucherie, on fait des maquettes ensemble et Stefff va démarcher les maisons de disques pour nous trouver un contrat. Et effectivement, il me décroche un contrat chez EMI avec Jean Jacques Souplet. Là j’essaye quand même de ne pas renouveler les erreurs du premier album, d’essayer de maitriser un peu plus la situation. Moi je viens à la base du rock, de la scène et donc une expérience de scène fantastique mais pas celle du studio. Donc j’était complètement tributaire des autres, car je ne maitrisais pas du tout mon son, en fait.
Quel était le titre du deuxième CD ?
Après « Avalanches », celui-là je l’ai appelé « Feu ». Un pote m’a dit : tu vas arrêter avec les catastrophes naturelles ? C’était totalement inconscient, mais cela reflétait bien mon état d’esprit à l’époque.
Et il s’est vraiment appelé « Feu » ?
Il s’est vraiment appelé « Feu » ! Comme « 1,2,3… feu ! Allez, on y va… ».
Là je ne l’ai pas enregistré aux Etats-Unis, je me suis dit : non c’est bien de partir, mais je ne suis pas chez moi, je ne maitrise rien. Donc, on l’a enregistré ici à Ivry, avec Didier Lemarchand comme réalisateur. Donc on fait l’album, il me présente un groupe car moi j’avais toujours le fantasme du groupe. Les mecs, me dit-il, ont l’habitude de jouer ensemble, ils sont super. Il y a un batteur, un guitariste, un bassiste, tant pis moi je vais donc jouer de la guitare, alors je prends ce groupe. Donc on fait ça chez EMI, à Issy les Moulineaux. Avec ce deuxième album, on fait beaucoup de concerts et là c’est super. Mais l’album ça rame, ça rame, ça rame… Puis entre temps, la maison de disques me bascule sur son label Chrysalis. Ils ne me font même pas faire un clip. Là j’ai une super idée de clip car à l’époque je fréquentais le cinéaste Jodorowski. Et il est ok pour me faire mon vidéo-clip. Je vais voir ma maison de disques et je leur dis : en plus du réalisateur, j’ai aussi un producteur, en l’occurrence Fabien Caux-Lahalle. Ils me disent : non. Et là, à nouveau je me demande : alors qu’est-ce que tu fais Christine ? Alors casse-toi, va ! Et je me suis cassée encore. Et cette fois, pour de bon, puisque j’ai entrepris un tour du monde. Toute seule. Nous étions en 95.
Carrément !
Oui. Et de surcroit c’était une année de merde car non seulement mon album n’avait pas marché mais par contre Native cartonne.
Et par conséquent… tu touches un peu de SACEM !
Et bien voilà. Je me dis : je vais toucher un peu de SACEM, je m’en vais.
Quelle était ta première destination ?
Le Mexique. Et je poursuis mon tour jusqu’au Japon. Au début, je croyais ne partir que quatre mois, mais ma copine Delphine Ellis Siampi, guitariste, qui est désormais Présidente de la Commission Egalité Femme Homme de la SACEM qui vivait alors au Japon. J’avais quelques spots comme ça d’amis installés aux quatre coins du Monde. Et en fait, je suis partie neuf mois pour tout remettre à niveau. Et pour me dire : c’est bon, j’en ai marre de la musique, j’en ai marre du business. J’en ai marre de tout et je me casse. Et je me suis retrouvée quand même à faire de la musique. Pourquoi ? Toujours pareil, le destin partout où j’allais, il y avait un signe, il y avait quelque chose qui se passait. Je vais à un moment donné au Vietnam. Dès mon arrivée, je tombe sur un tract dans la rue. On dit un flyer maintenant. Et le tract annonce un concert de Laurent Sinclair de Taxi Girl pour la fête de la musique, le 21 juin à Hanoi.
Incroyable !
J’y vais. Je vais le voir. On se connaissait un peu, pas beaucoup mais il me dit direct : tu vas venir faire des morceaux avec nous sur scène. On a joué des reprises ou des adaptations comme « Saigon Sally », notre version perso de « Mustang Sally », un truc des Red Hot Chili Peppers entre autres. J’avais un ukulélé que j’avais chopé à Tahiti, mais je chantais surtout avec lui.
Ça t’a redonné goût et confiance.
Surtout confiance, oui. J’ai réalisé que partout où j’allais, je faisais de la musique. Je ne cherche pas et la musique vient pourtant à moi. Là je me dis que c’est mon destin même s’il y a des côtés « down », ce n’est pas grave, ça va remonter, il y aura toujours une issue. Et je reviens, me disant que j’allais peut-être faire un nouvel album, mais finalement je ne fais pas de nouvel album, mais des gens viennent me demander des textes. Et ils viennent à moi. Par exemple Pierre Jaconelli, qui travaille avec David Hallyday et qui réalise son premier album en français. Je l’avais connu guitariste d’Axel Bauer chez Phono. Après, il y a Calogero qui vient aussi me voir pour que j’écrive pour son premier album solo. Il me dit : j’ai vraiment envie que tu me fasses des textes, mais je veux un truc rock and roll.
C’est pareil, il connaissait les Bandits…
Il connaissait les Bandits. Et aussi le truc de Native qui était plus soul. Et j’ai été prise là-dedans, les maisons de disques ne me percevaient plus comme une chanteuse mais comme une autrice. A l’époque on disait « auteure » et donc je n’ai plus fait de musique, écrivant des textes pour les autres. Mais c’était bien aussi. Tu sais, moi je n’ai pas d’apriori, j’écris aussi bien pour Lara Fabian…
Oui j’ai vu ton palmarès, tu as même écrit pour Sylvie Vartan. Alors que tes racines sont plus du coté Chuck Berry ou de Little Richard !
Si j’avais été en Angleterre j’aurais écrit des titres pour Marianne Faithfull, mais je suis en France, donc c’est Sylvie Vartan ! Je me dis que j’ai eu de sacrées chanteuses pour mes textes. Nolwenn Leroy, par exemple.
On arrive sur les années 2000 et tu continues à écrire ?
Absolument. Même si je continue à faire des chansons pour moi dans ma chambre, quelques petits concerts en guest à droite à gauche car cela me manque et j’ai envie de refaire de la scène. Et je tombe sur Napo Romero, des Chihuahuas, qui était devenu guitariste dans des cirques Archaos, alors que je n’aime particulièrement ni le cirque ni les chevaux, je me prends une claque. Un an plus tard avec Margaux des Hot Pants et Napo, on monte un groupe de rock pour ce cirque équestre et on s’éclate à fond. C’est une aventure ; on a fait cent dates à travers l’Europe.
Et cela te donne une liberté car tu es en retrait, pas sous les spots, puisque les chevaux occupent le centre.
Exactement. Puis je suis repartie vivre à Nice. Et j’ai fait des spectacles avec des compagnies de théâtre ou des humoristes comme Florence Foresti. Ensuite, j’ai remonté un groupe de rock de nanas qui s’appelait Les Blondes.
On est en quelle année avec les Blondes ?
En 2015. C’est au même moment que je rentre au Conseil d’Administration de la SACEM.
Comment y rentres tu ?
Dans les années 2000 je cartonne avec mes chansons.
Donc tu es devenue une sociétaire importante, parmi les fameux « 16 voix » lorsqu’ils votent car ils génèrent plus de X milliers d’euros de droits.
Oui, mon éditeur Bruno Lion m’a parlé des commissions me disant que ce serait bien que je vienne à la SACEM. Je présente ma candidature, ils me prennent à la Commission des Variétés, cela dure cinq ans. Pendant cinq ans, je siège aussi à la Commission Auto Production, qui venait juste d’être créée, pour attribuer les aides à l’autoproduction. Je trouvais ça super, je m’intéresse au truc. Mais à la Commission des Variétés, il y a un truc un peu politique qui me saoule, puis je retourne vivre à Nice. Donc je m’éloigne du truc.
Et comment reviens-tu ?
C’est mon instinct et ma conviction d’avoir un rôle à jouer qui m’ont poussé. Car je reçois, comme à chaque fois, puisque je suis sociétaire définitive, un mot me proposant de me présenter. Mais cette année-là, j’y ai enfin prêté attention. Je l’ignorais, mais c’était le bon moment, car Claude Lemesle, qui était un des piliers de la maison, avait décidé de ne plus se représenter.
Un appel d’air…
Voilà, un appel d’air.
On est en…
2013. Je me présente, on est quatre candidats, deux vont être désignés… et boum, je gagne ! Première année où je me présente, je suis élue. C’est la première année où on a le droit de faire campagne sur internet.
Je croyais que c’était interdit ?
Avant oui. Mais cette année-là, ils ont un peu ouvert les règles. Et grâce à ça avec mon réseau rock du Havre, de Bretagne, Côte d’Azur, Paris etc… j’ai réussi à fédérer des mecs qui ne votaient jamais et c’est juste incroyable mais je passe, je suis élue pour trois ans. Et je commence à défendre des sujets qui n’étaient pas du tout en vue auparavant. Personne dans le Conseil ne s’emparait de ces sujets-là Jeune Public, Transmission et Éducation Musicale. Il y avait un pôle avec une femme merveilleuse du nom de Bernadette Bombardieri, on a mis en place de l’accompagnement pour le Jeune Public. Et surtout, moi j’avais créé des ateliers à Nice avec des enfants, après ils venaient dans mon studio concrétiser leur chanson. C’était une expérience incroyable. Et quand j’ai parlé de ça ici, à Bernadette et au directeur de l’époque, ils m’ont dit : c’est un super projet, il faut le développer. Mon atelier s’appelait : Dessine-moi une chanson. On reprend le concept, on va voir l’Éducation Nationale pour monter un partenariat. Au bout de trois changements de Ministre, Peillon, Hamon et Najat Vallaud Belkacem avec laquelle on monte ce partenariat avec 100 classes dans tout le pays. Aujourd’hui, il y en a plus de 200. Chaque classe est associée à un artiste.
C’est un peu comme le Conservatoire… mais en bien plus vivant !
Et surtout bien plus démocratique car ce ne sont pas tous les enfants qui ont accès au Conservatoire. C’est très concret : comment on écrit une chanson ? Comment ça se passe ? Avec le succès l’action Culturelle l’a fait évoluer en Fabrique À Musique car cela s’est développé de la chanson à l’électro au jazz à la musique contemporaine et au hip hop. Et c’est un programme dont je suis super fière car c’est vraiment mon bébé. C’est aussi la preuve que tu peux débarquer dans une institution avec des idées fraiches et que tu parviens à les faire avancer. Le Conseil d’Administration nous suivait. C’est ainsi que petit à petit je me suis investie. Cela m’a passionné et je voyais qu’on pouvait accomplir des tas de choses. De fil en aiguilles tu prends de plus en plus de responsabilités.
Et par conséquent tu trouves de nouvelles idées à défendre…
Déjà, l’égalité femme/homme. En 2018 je disais déjà que rien n’avait changé depuis les années 80, on est toujours seulement 17% de femmes inscrites à la SACEM. Or il y a des lois sur la parité, je souligne alors qu’on allait avoir l’air con si nous ne parvenions pas à faire enfin progresser ce chiffre. On constitue une Commission sur la diversité, on fait venir des Sociétaires etc…
Et aujourd’hui on a dépassé ces 17% ?
Là on est à 18, cela prend beaucoup de temps. Par contre je suis fière d’avoir défendu la parité, et aussi de parier sur l’avenir avec les enfants; au Conseil d’Administration, on est plus nombreuses. Quand je suis arrivée nous étions trois femmes et aujourd’hui nous sommes huit.
One last question, comme on dit dans les interviews, comment veux-tu que l’on se souvienne de toi en tant que boss de la SACEM ? Qu’est-ce que tu revendiques le plus ?
Je suis fière d’avoir fait avancer la cause des femmes et l’éducation musicale car les enfants c’est la base ! Ils sont le public de demain et j’aimerais réussir à ce que mes pairs se retrouvent en moi et faire respecter le droit d’auteur. Il y a bien sur des obstacles à surmonter. Et bien sûr, moi j’aimerai être une Présidente qui arrive à unir les gens, à créer l’harmonie et en tout cas qui apporte un nouveau souffle. Tout est possible et il faut le croire. Et avec une Secrétaire Générale Valérie Foray, qui est une battante, on défend les mêmes choses : moins d’ego et plus de collectif.
Bon et en parlant de collectif justement ce projet de concert réunion des Bandits… on en est où ?
On parle d’un passage au Francopholies 2024, mais si tu croises Patrick (Giordano le guitariste) et Thierry Nirox ( le batteur) dans la rue n’hésites pas… à les motiver.
Oui, je leur tombe dessus, promis. (rires) »