MANU : « La vérité »
Manu est de retour, avec son rock sans concession, mais qui ne cherche jamais non plus à singer les stéréotypes du rock masculin. Telle une Chrissie Hynde hexagonale, l’ex-chanteuse de Dolly, dirige sa formation musclée de mauvais garçons comme une vraie chef de gang, mais sans renier une once de sa féminité. « La vérité », son dernier album, nous offre sans doute ce qui se fait de mieux chez nous aujourd’hui, avec sa collègue Mademoiselle K.
Dés qu’elle nous révèle sa reprise incisive du mythique « Teenage Kicks », ce bon vieux premier hit de 78 des Irlandais du Nord Undertones, Manu donne le ton d’un album au rock pur, droit et intègre où dominent les influences mêlées des Ramones, de Sonic Youth et des Pixies…en passant par sa passion exotique de la culture jap au travers certains instruments à cordes de l’Empire du Soleil Levant qui viennent épicer ici ou là les 13 morceaux de ce CD. Ainsi, « Des Larmes », lancinant beat rock ouvre l’album, à la Blondie sur un lit de guitares déchirées qui montent en crescendo. Après l’électrique « Teenage Kicks », « A quelqu’un » pulse sa vibrante et entêtante interrogation sur riffs nerveux avec un pont aérien puissant comme une mini tornade pour défier l’attraction terrestre. Mais Manu et ses boys affectionnent aussi la provoc avec la sensuelle « Encore de moi ». L’amour se glisse souvent entre les mots, même si comme dans la chanson des Rita, ces histoires-là finissent mal. Comme elle la chante sur la title-track « La vérité », est aussi énergique qu’accrocheuse, pour une composition puissante comme un hit de New Order. « La vérité je n’y crois pas du tout… la vérité je m’en fous »…vocalise Manu la désabusée, sur un talk over dominé par les guitares et la batterie pour le titre sans doute le plus puissant du CD.
Un trucs comme un shamisen
Sur « Je pense à toi », après une intro piano/voix, Manu susurre sa romance rock dépouillée sur un violon nostalgique boostée par la présence d’un drôle instrument exotique japonais, un trucs comme un shamisen au son particulièrement cool. Rien de surprenant sachant que le dernier EP de la miss était chanté…en japonais. On retrouve également une sympathique harpe jap sur « Amoureux » et son clin d’œil à Françoise Hardy et à Elli et Jacno en virée chez les Psychedelic Furs. Il faut aussi compter avec l’incontestable hit « Bollywood » où l’anglais se fond dans le Français sur une mélodie tournant des années 70 aussi cool que catchy. On note la puissance des guitares body-buildées simples et efficaces à la Ramones , mais également avec un ostensible coté Blondie …sans oublier un clin d’œil aux Rubettes à la fin, sérieux ? Absolument, et excellent ! Retour aux sources des Stooges avec « Juste une chance », un peu brouillon volontairement crade à la « I Wanne Be Your Dog ». On se laisse également séduire par la comptine enfantine sous acide « Un baiser dans le cou » et tout cela fini en apothéose sur les guitares saturées climatiques répétitives et plaintives de l’entêtante « Toi et moi », une rocking love story qui me rappelle un peu les Bangles du premier single « The Real World » lorsque je les avais rencontrés en 82 dans leur local de répète pourri downtown LA…mais c’est une autre histoire. En conclusion, l’urgence de « La vérité » de Manu ne peut manquer de s’imposer, d’autant que la miss et ses spadassins peuvent sans crainte affronter …Manu militari l’épreuve du live !
MANU: « La vérité » Tekini records