ELVIS

ElvisL’ami Daniel Abecassis a manifestement fondu comme cube de glace au soleil estival sur ELVIS. Manifestement le sixième film de Baz Luhrmann le mégalo australien mérite qu’on s’y attarde… même si depuis son ROMEO + JULIET, ses trois long-métrages à succès l’insupportable MOULIN ROUGE, le bouffi AUSTRALIA et son terrible remake de THE GREAT GATSBY étaient aussi indigestes que ces pâtisseries anglo-saxonnes empilées comme des piles d’assiettes qui débordent de sucre et de chantilly. Il semblerait que cette fois cet ELVIS soit une réussite et qu’il ne faille donc pas remiser Baz… au bazar !

ElvisIt’s good to be the King… chantait jadis Mel Brooks. Cette fois c’est bien du KING, le vrai , le héros de Graceland dont il s’agit… se méfier des contrefaçons 🤓

 

Par Daniel ABECASSIS

 

Viva Elvis, Viva Elvis ! J’entends ce leitmotiv depuis des décades. J’ai vécu un bout des fifties et surtout des sixties pour me sentir chanceux d’avoir traversé une période magique. Tout ce qui se passait en direct et avec mes yeux d’enfant convergeait vers une seule destination : L’Amérique ! Entre mon père qui achetait des tonnes de disques et ma tante accro aux salles obscures, j’en ai bouffé du Elvis Presley à en revendre. Le 16 Aout 1977, je visitais ma grand-mère paternelle, le cœur plein de peine à l’annonce d’une terrible nouvelle. Elvis est mort Méméka !  Elle me répondit « qui c’est cet Elvis ? » 1977 a été une année terrible, toutes mes frustrations ont donné suite à un rejet de tout. Le Punk à son apogée cette année-là reflétait parfaitement mon état d’esprit.

ElvisJuin 2022, le futur, pas vraiment comme je l’aurais souhaité, j’ai rendez-vous avec mes potes Jack et William pour voir le nouveau film sur ELVIS au Grand Rex. Je n’aurais pas dû voir la bande annonce avant et lire certaines critiques incendiaires. Armé d’un Magnum glacé, installé dans un bon siège avec vue imprenable devant un écran géant, sans l’imaginer, je m’apprête à faire un tour de montagnes russes cinématographiques.  Le doute, dès les premières séquences s’estompe rapidement pour un voyage extraordinaire d’Elvis au pays des Merveilles. Une déferlante style vague ultime du surfer d’argent, Baz Luhrmann, l’excellent réalisateur de ce film, a mis le paquet pour sublimer l’histoire du plus grand artiste du 20ème siècle. La réalité a dû être parfois moins glamour mais l’idée de génie de Baz est d’avoir mis ses caméras dans les yeux du Colonel Parker et d’Elvis. Je suis persuadé que ces deux-là ont vu le même film que nous. La bande son est à tomber de plaisir, un travail d’orfèvre pour les oreilles. Austin Butler ne ressemble pas vraiment au King, mais qui peut ressembler à Elvis ? Le Colonel Parker, narrateur, et certainement le personnage principal de ce film, nous raconte sa version de l’histoire, celle de celui qui a inventé le business du rock. Tous les autres ont suivi la recette grâce à lui. Certains sont devenus de très grands escrocs et ont dépassé le maitre. Elvis à Las Vegas en 1969 au Hilton International et tout d’un coup je repense à mon oncle Martin Stern Jr, celui à fait les plans de cet hôtel et d’une dizaine d’autres dans le coin dont le César Palace. Je revois ma mère me racontant les deux shows du King qu’elle a vu en 1970. Je repense à ma grand-mère maternelle qui préférait aller passer son temps sur les machines à sous à Las Vegas, lassée d’avoir vu tant de fois le grand Elvis. Pendant toute la deuxième moitié du film l’émotion m’envahi progressivement. Tout le monde connait l’issue fatale mais naïvement je me dis que le destin aurait pu être différent. Autrement pour Jimi Hendrix, John Lennon, Janis Joplin et Kurt Cobain ? Blotti dans mon fauteuil je me dis que je n’ai pas de mouchoir si les larmes arrivent. Pas grave je m’essuierai dessus.

ElvisLa réalité ne fait pas rêver ces jours-ci mais ce film lui a réussi à m’en échapper pendant plus de deux heures. Sans aucun doute il rend un grand hommage à tous ceux qui ont élevé au grade de King, Elvis Aaron Presley. Tous les B.B King, Big Mama Thornton, Mahalia Jackson, Arthur « Big Boy » Crudup, Sister Rosetta Tharpe, Little Richard, ont repris vie quelques minutes pour nous rappeler qu’ils n’ont jamais trouvé un aussi grand ambassadeur qu’Elvis. Sans lui, le Rock serait demeuré un genre mineur. Les Etats-Unis auraient été moins unis. Personne n’aurait inventé cette « Carte Joker » de la musique Black, ultime espoir de faire entendre un monde opprimé.  Le King est parti il y a exactement 45 ans aujourd’hui, emporté par son destin inévitable. Je me souviens avec plaisir de cet après-midi du 16 aout 1977, j’expliquais à ma grand-mère paternelle qui était Elvis Presley. Elle me dit à la fin de mon récit « pas mal comme histoire »… Deux mois après elle nous quittait à son tour.

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1 réponse

  1. Yazid Manou dit :

    Hey Daniel, c’est un vrai plaisir de te lire et je partage ton sentiment. Le Baz a réussi son pari très risqué et nous a amenés dans sa belle aventure pendant plus de deux heures qu’on ne sent pas passer. Que du bonheur !

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