BEATS INTERNATIONAL « Let Them Eat Bingo »
Voici 31 ans dans BEST GBD défendait un drôle de cuistot sonique : Norman Cook qui inventait déjà une nouvelle écriture musicale avec son Beats International, une recette du succès pas forcément au point puisque notre ex-Housemartins et désormais Fat Boy Slim trop gourmand en samples s’est carrément retrouvé à devoir plus de royalties qu’il n’en avait gagné. Flashback…
Dés l’automne 1986, j’étais tombé fou amoureux du tout premier LP d’un quatuor aussi inconnu que leur ville natale, Hull. A mi-chemin entre les Beatles pour les harmonies et les Clash pour la révolte version working-class heroes, les Housemartins ont fait irruption dans nos vies ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/the-housemartins-london-0-hull-4.html et aussi https://gonzomusic.fr/ma-premiere-rencontre-avec-fatboy-slim-voici-30-piges.html ). Hélas, après seulement deux albums, en 88, les Fab Four de Hull se désintègrent en deux formations rivales : the Beautiful South avec Paul Heaton et Dave Hemingway et Beats International de Norman Cook, plus tard suivie par Freak Power pour finalement muer en fameux DJ Fatboy Slim. Mais en juin 1990 lorsqu’il publie ce virulent « Let Them Eat Bingo », il ne croit pas si bien dire, car c’est bien lui qui se retrouve littéralement à manger des fayots. Norman Cook est bien plus artiste que juriste, car dès son tout premier 45 tours « Dub Be Good to Me» il utilise au moins trois samples célèbrissimes dont le ‘I’ll Be Good to You » de SOS Band, le « Guns of Brixton » des Clash et le célébrissime harmonica de « Il était une fois dans l’ouest » dcomposé par Ennio Morricone…en oubliant bien entendu de « clearer » les échantillons ainsi prélevés auprès des différents éditeurs intéressés. Norman se retrouve alors dans la position aussi insoutenable que paradoxale à devoir plus de royalties qu’il n‘en engrangeait. Échaudé, il va ensuite monter son groupe funk, Freak Power qui sort son premier CD en 94, porté par le cool post-hippie hit « Turn On, Tune In, Cop Out ». Cependant, l’ami Norman se sent de plus en plus attiré par la vague électro qui commence à émerger. Il crée alors son personnage de Pizzaman, et publie un album de cette house-music qui agite alors l’Angleterre avant le reste du Monde. Deux ans plus tard, en 96, Norman Cook endosse un nouvel alias : ce sera Fatboy Slim. Et pour ne pas perdre ses habitudes, il décroche son premier hit sur un sample emblématique , celui de « My Generation » des Who. En juin 1990, dans BEST j’ignorais bien entendu tout de la future radieuse carrière de Norman Cook, mais néanmoins je craquais déjà sur les good grooves de son Beats International. Funky flashback…
Publié dans le numéro 263 de BEST
La ligne de basse est greffée directement du « Guns of Brixton » de Clash, plaquée sur les lignes mélodiques de « Just Be Good To Me» du SOS Band téléguidé par les ex-the Time Jimmy Jam et Terry Lewis, adrénalisé par l’inquiétant solo d’harmonica de Morricone dans « Il était une fois dans l’ouest » et mon tout a pulvérisé les charts rosebeef sous le patronyme de « Dub Be Good To Me » par Beats International. Beats what ? Beatsmania made in England, la réponse des Anglais aux taxeurs sampleurs US comme De la Soul. Depuis les Beatles et les Stones chaque invasion musicale US a toujours déclenché une riposte immédiate des britishs et de leur sidérant savoir-faire-mieux. Et comme Marie-Antoinette répliquait de sa formule célèbre «Ils n’ont qu’à manger de la brioche », ce sympathique escroc de Norman Cook titre ce premier LP« « Ils n’ont qu’à manger des fayots ». Secouez vos cellules mémorielles jusqu’ à la fin 86 où les Housemartins catapultés de leur Hull natal, petit port inconnu de Cornouailles, redonnent au rock le souffle neuf qui lui manquait. Paradoxalement alternatifs, furieux et pop romantiques à la Fab Four, les Housemartins s’auto-détruisent à la manière des Bérurier Noir, Et tandis que son confrère Paul Heaton s’échappe en Beautiful South, Norman Cook se met à cuisiner les séquences en remixant les Jungle Brothers, Digital Underground ou Young MC et finit par y prendre goût au point de s’offrir un album patchworké des trois-quarts de sa collec de disques.
Publié dans le numéro 263 de BEST daté de juin 1990