ELEPHANT STONE : « Ship of Fools »
Pour son quatrième album, Elephant Stone, l’irrésistible trio rock de Montréal a décidément placé la barre particulièrement haute.Car, à l’écoute de ce brillant « Ship of Fools », on se dit que le pari est largement gagné par les compositions dorées du leader Rishi Dir, qui s’abreuve majoritairement à la source d’un impeccable rock British des 90’s.
Malgré le côté « Personnal Jesus » de la guitare d’intro, dés le premier titre « Manipulator » on songe irrésistiblement à la crème du rock anglais de la décennie 90 James, Happy Mondays, Inspiral Carpets sans oublier les Stone…Roses. Plus synthé, « Where I’m Going » est un joyeux cross-over entre des Pet Shop Boys sous trip et une Brit Pop du meilleur cru. Il y a décidément quelque chose de lumineux au pays de cet « éléphant de pierre » qui peut aisément revendiquer tout son talent de fabricant émérite de pop-songs. Le résultat est à la hauteur, comme sur ce « Cast the First Stone » gentiment énervé ou sur la nonchalante et nostalgique « Photograph ». Retour à la case rock, sur les good vibes pulsées kripto-New Wave de « See the Light », aux reminiscences d’OMD. Sans doute la composition la plus aboutie, la radieuse « Love Is Like A Spinning Wheel », à une élégance soul très Style Council et des harmonies à la Tears For Fears, constituant un petit joyau de hit en devenir. L’autre violon d’Ingres de notre mai Rishi est le sitar, un clin d’œil à ses origines indiennes qui s’exprime justement sur « Silence Can Say So Much » et ses percus orientales que n’aurait certes pas renié l’ami George Harrison. Sans doute le titre le plus exotique du CD « Au Gallis » pulse sur ses synthés un drôle de Français vocodorisé « Trans Europe Express » à la Kraftwerk qui nous rappelle qu’Elephant Stone assume fièrement ses deux cultures canadiennes. Enfin, l’album s’achève sur la sombre et énergique « The Devil’s Shelter ». Décidément après Arcade Fire, Elephant Stone est sans doute la meilleure surprise sonique qui nous vienne de Montréal.