ASAF AVIDAN AU GRAND REX
Et si j’avais assisté hier au meilleur concert de cette année écoulée ? Il parait légitime de se poser la question, après l’incroyable performance d’Asaf Avidan mercredi soir dans un Grand Rex totalement sold out. Deux heures d’un très grand show, entre cabaret des années 30 et ambitieux opéra rock sous le ciel nocturne baroque du fameux cinéma, la star de « Reckoning Song » nous a alerté dès le début : « Ceci n’est pas un concert mais un voyage ». Promesse tenue et ce trip grandiose nous aura propulsé de Bernard Herrmann à George Gershwin, de Kendrick Lamar à David Byrne, d’Ella Fitzgerald à Goran Bregovic, de John Barry à David Bowie, de Tom Waits à Leonard Cohen, dans un kaléidoscope aussi sonic que vertigineux, qui nous laisse tant d’étoiles au fond des yeux.
J’avais oublié combien Asaf Avidan pouvait être bavard ( Voir sur Gonzomusic ASAF AVIDAN : L’ombre dorée , ASAF AVIDAN : « The Study On Falling » et aussi ASAF AVIDAN « Anagnorisis » ). Mais c’est sa c’est manière bien à lui de dialoguer avec son public. Quitte à nous déstabiliser, comme ce moment où il annonce en plein milieu du concert qu’il doit impérativement faire une pause pour… boire un coup avec ses musiciens. Et notre Asaf de prendre tout son temps pour se servir, faire tinter les glaçons et trinquer avec ses (talentueux) acolytes. D’ailleurs, dès le début du show, il nous prévient : rien d’enregistré ou de « programmé », aucune séquence… que du live et au naturel, aucun son en conserve. L’arrière-plan constitué de tentures est aussi sobre que classieux. Sur scène, un fauteuil, une petite table basse, avec sa lampe de chevet, un tapis et un porte-manteau complètent le décor cosy. Le batteur, et le pianiste portent le même costume cintré gris chemise blanche cravate qu’Asaf, lorsque la claviers-guitariste et la bassiste sont en robes élégantes, à la manière d’un jazz band.
On quitte soudain le Grand Rex pour se téléporter jusqu’aux années trente, en version « Cabaret », où l’artiste a des faux-airs de David Bowie période « Low » dans un opéra-rock aussi fantasque qu’inspiré, où l’amour et la passion jaillissent comme une source claire. Ce soir, le show donne la part belle au superbe dernier album « Unfurl » ( Voir sur Gonzomusic ) dont les titres « The Call Of the Flow », « Haunted », « The Great Abyss », « 16 Hooves », « IDKW » ou encore la sublime « Unfurling Dream », aux accent de la classique « My Funny Valentine » ont la part-belle. Mais on revisite également les perles de ses quatre précédents albums, à l’instar de « Rock Of Lazarus » sur son précédent « Anagnorisis » ou la chanson-titre « Different Pulses » de son premier CD solo, sans oublier son tout premier hit emblématique « Reckoning Song » interprété en rappel. Deux heures d’un très grand show, où l’artiste de la manière la plus théâtrale n’hésite pas à s’allonger sur scène ou à finir sa chanson, allongé dans son fauteuil. À 45 ans le natif de Jérusalem n’a plus rien à prouver, sauf à nous étourdir de son immense talent de performer, ce qu’il a largement prouvé deux soirs de suite, dans ce Grand Rex sold-out porté par la clameur du public.
