GRAHAM NASH L’INTERVIEW SUR LA TOURNÉE DES 60 ANS
Le mardi 26 septembre, entouré de ses fidèles, le guitariste Shane Fontayne et le claviers Todd Caldwell, Graham Nash célèbrera en chansons et avec ses irrésistibles anecdotes, ses 60 années de rock sur la scène du Casino de Paris, mêlant ses différentes périodes des Hollies à sa carrière solo en passant par Crosby, Stills & Nash… & Young. Dans la foulée de la publication de son dernier album « Now », celui que tous ses vrais amis surnomment Willy, nous a accordé une précieuse interview, où il nous décrit ses prochains concerts, où il nous livre les clefs des nouvelles compositions de son album « Now » et où, surtout il évoque la disparition de David Crosby.
Décidément, on ne peut pas toujours se reposer complètement sur la technologie, la preuve par cet entretien en Zoom réalisé avec Graham Nash… où ni le label organisateur… ni moi n’avions pris le temps de vérifier que l’interview vidéo était effectivement capturée. Pourtant, en général je « doublais » toujours en enregistrant également l’audio avec mon iPhone… mais hélas pas cette fois ! Pas de panique, lorsque je réalise le bug, juste après l’entretien, lorsque je ne retrouve aucun fichier enregistré sur mon disque dur, armé d’un bon vieux stylo et d’un bloc note, je compile mes souvenirs sous formes de notes. En quarante-cinq années d’interviews rock, la seule et unique fois où j’avais été forcé de procéder de la sorte, c’était très précisément le 4 juin 1981 après son concert au Palace lorsque pour interviewer Prince au Privilège je n’avais ni le droit d’enregistrer sur un mini K7 comme à l’accoutumée, ni celui de prendre des notes, et c’est seulement une fois rentré à la maison que j’ai dû retranscrire de mémoire les propos de celui qui n’était pas encore le Kid de Minneapolis. Bien entendu, cette fois Graham n’y était pour rien. Après la publication de « Now », son 7ème album solo (Voir sur Gonzomusic GRAHAM NASH « Now » ), co-produit avec son claviers-virtuose Todd Caldwell, qui l’accompagne également en tournée, il sera sur la scène du Casino de Paris le 26 septembre prochain, où il nous promet un spectacle constitué de « 60 années de chansons et d’anecdotes ».
Connaissant désormais celui que tous ses amis surnomment Willy (Voir sur Gonzomusic GRAHAM NASH OU LES INCROYABLES CONFESSIONS DE WILLY Épisode 1 et aussi GRAHAM NASH: LES INCROYABLES CONFESSIONS DE WILLY ÉPISODE 2 ), cela promet d’être une soirée exceptionnelle. Car au-delà de son époustouflant talent de conteur, Graham Nash a su au fil des six dernières décennies et à travers ses différentes formations des Hollies à sa carrière solo, en passant par ses extraordinaires aventures avec Crosby, Stills et Young, composer tant et tant de hits aux harmonies ensoleillées. Ces chansons-là seront revisitées en mode acoustique, sans batteur mais avec ses deux complices Shane Fontayne (guitare et voix , Lone Justice, Sting, et Bruce Springsteen), et Todd Caldwell (claviers et voix Crosby, Stills, & Nash , James Taylor, Bonnie Raitt, Jackson Browne). Pourtant, petit retard à l’allumage, la tournée sera légèrement décalée, Graham ayant contracté un COVID léger. Par conséquent, mon interview l’est aussi. Mais rétabli rapidement et totalement pro, en moins de deux semaines je le retrouve sur l’écran de mon Mac. Pour mémoire, la dernière fois où le public français a pu l’applaudir, c’était à l’Olympia en septembre 2015, dans la foulée de la sortie de son précédent CD « This Path Tonight»… où il avait interprété, pour la plus grande joie du public Français, sa composition justement intitulée… « Olympia ».
« Cette fois à nouveau, je serai ravi de chanter « Teach Your Children » ou encore « Our House » car je ne renie rien, ni de mes années Hollies ni celles de C,S,N & Y », assure Graham Nash. Et il le prouve ! Ainsi le 30 aout dernier à Bexhill, en Angleterre sa setlist est un parfait panachage de ses différentes carrières, embrassant bien entendu les compositions de son récent « Now », un album aux très nombreux hymnes militants, à l’instar de « Right Now » qui donne (presque) son titre à l’album. « Il faut s’élever contre Trump et tout ce qu’il représente », souligne Nash en l’évoquant. Même combat concernant « A Better Life », composée « pour éclairer la voie des générations futures de manière positive » assure-t-il. Lorsque je lui parle de sa nouvelle chanson « Golden Idols », je lui demande si elle lui a été inspirée par cette statue en pied dorée, à l’effigie de Donald Trump, une monstruosité exhibée au CPAC (Conservative Political Action Conference ) de 2021, ce salon annuel où les plus extrémistes de droite de la politique US se réunissent pour financer l’élection de leur candidat facho favori. Graham Nash se marre et confirme : « Bien sûr, dès que j’ai vu cette horrible statue de Trump en vrai faux or massif, ma chanson « Golden Idols », coulait de source. Je trouvais cela carrément obscène tant cela me rappelait le veau d’or de la Bible ». Pour « Stars And Ships », lorsque je lui fais remarquer que c’est encore une chanson politique et de surcroit écrite à la manière de Neil Young, l’ami Willy se contente de rigoler, comme une forme d’acquiescement. S’il n’existe aucun doute sur la love-song « Love Of Mine », écrite en songeant à son épouse, l’artiste Amy Grantham, par contre j’avoue avoir raté la référence exacte de « Buddy’s Back », la chanson co-composée avec son frère d’armes Allan Clarke des Hollies, qu’on retrouve à la fois sur les deux derniers albums de Nash et de Clarke… « Mais dans deux versions alternatives », explique Graham, « sur l’album d’Allan, c’est lui qui assure le lead vocal et moi je fais les harmonies, tandis que sur la version de mon album c’est l’inverse, je fais le lead et Allan les chœurs ». Mais sur le sens de la chanson, pour moi c’était « Buddy’s Back » soit mon pote est de retour. Oui mais… j’avais juste omis un détail sur l’étymologie du patronyme des Hollies ,qui s’étaient ainsi baptisé en hommage à leur idole d’adolescence… Buddy Holly. « Aussi lorsque nous chantons « Buddy’s Back » c’est pour exprimer que Buddy Holly est de retour… car il n’est jamais vraiment parti, dans nos cœurs ». Graham Nash assume ainsi explicitement l’aspect le plus nostalgique de sa musique, mais il tempère immédiatement en précisant que : « Je ne renie rien du passé, mais j’ai toujours mon regard braqué vers le futur et non pas seulement axé dans le rétroviseur. ».
Lorsque je lui fais remarquer que durant notre (longue) interview précédente, il n’avait pas prononcé une seule fois le nom de Neil Young, il se marre : « Je n’ai aucun problème avec Neil Young. On se parle souvent au téléphone et s’il me propose une bonne chanson, je n’aurai aucun souci à travailler avec lui, bien au contraire. » Et avec Stephen Stills ? Même réponse : « Si Stephen me propose une bonne chanson, je n’aurai aucun probléme avec ça, bien au contraire. Et j’ajoute même que si nous arrivons à nous entendre, il y aura un album de Stills, Nash & Young, mais il faut impérativement que cette collaboration soit basée sur de nouvelles chansons, car une telle cunion ne peut fonctionner exclusivement sur la nostalgie. Il faut que cela continue de raconter une histoire. Mais je ne renie rien des merveilleux moments vécus avec C, S & N ou avec C, S, N & Y, car seuls les souvenirs heureux subsistent, les moments malheureux ayant tendance à s’estomper au fil du temps. » Lors de notre précédent entretien, le 9 juin 2022 Willy m’avait relaté sa toute première rencontre avec David Crosby, à l’instigation de Mama Cass Elliott, la Mama des Papas and the Mamas, elle même rencontrée dans un studio d’enregistrement :
« Elle m’a dit : « que fais-tu demain ? ». Je lui ai répondu qu’effectivement je crois bien qu’on a un jour off demain, mais pourquoi cette question ? Parce que je te faire rencontrer quelqu’un. Cass passe donc me prendre à l’hôtel dans sa Porsche décapotable. Laurel Canyon est à dix minutes de West Hollywood, c’est tout à côté. Tu empruntes cette petite voie sinueuse qui est comme une route de montagne. Donc Mama Cass me conduit à Laurel Canyon et se gare devant une maison où se trouvait déjà stationnée une autre Porsche décapotable. Moi je me demande : mais qui veut-elle donc me présenter ? on monte un escalier, puis on franchit une porte qui ouvre sur un salon. C’est vide. Il n’y a aucun meuble à l’exception d’un canapé… un sofa… et deux hauts parleurs et un magnétophone à bande. Sur ce canapé, était assis cet homme qui portait un T shirt à rayures bleues et blanches, un jeans et qui était pieds nus. Il était allongé et sur sa poitrine il y avait une boite à chaussures pleine de marijuana qu’il secouait pour séparer les graines des fleurs. Il a alors roulé le plus beau joint que j’avais jamais vu de toute ma vie. C’est à ce moment-là que Cass a dit : « Je te présente mon ami David Crosby ». C’est ainsi qu’elle m’a présentée David ».
Hélas, six mois après mon interview, le 18 janvier 2023 David Crosby décède, vraisemblablement des suites d’un COVID (Voir sur Gonzomusic Selon Graham Nash David Crosby serait mort du COVID ), je demande à Graham Nash ce qu’il a ressenti au moment de la mort de son ami. Sa réponse est aussi claire qu’émotionnelle : « J’ai été particulièrement bouleversé par sa disparition. Toutes mes pensées sont d’abord allées à son fils, à sa famille et aussi à ses fans. Mais, connaissant David depuis toutes ces années, et connaissant toutes ses addictions, c’est vraiment un miracle qu’il ait vécu jusqu’à ses 81 ans ». J’avais rencontré David Crosby à l’aube des années 90, après un fabuleux concert donné au Wiltern Theater de LA (Voir sur Gonzomusic DAVID CROSBY FOR EVER ), et je me souviens qu’il irradiait une puissante énergie positive envers les autres, j’étais loin de me douter qu’elle pouvait être si négative et destructrice envers lui-même, un constat que partage Graham Nash. En juillet dernier, au début de sa tournée, Graham Nash et ses deux musiciens étaient sur la scène du Lobero à Santa Barbara et le journal local le Santa Barbara Independant commentait ainsi son concert : « Avec tout son charme et son humilité exacerbée, ses fabuleux cheveux blancs et son ténor vertigineux, Graham Nash a encore beaucoup à nous apprendre sur la façon d’organiser un grand show ». Alors pour le prochain spectacle de Willy au Casino, le 26 septembre prochain, on peut forcément parier qu’il sera exceptionnel … et si d’aventure vous n’y assistez pas, promis… on vous dira tout sur Gonzomusic !