ASAF AVIDAN : « The Study On Falling »

 

Asaf by OJOZ

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Avec tout le pouvoir de ce 3éme album international- le 6éme, si on inclut ses trois albums made in Israël- le baladin surdoué Asaf Avidan s’impose désormais comme le fils le plus spirituel de Bob Dylan, battant largement Jakob Dylan au jeu de la filiation, avec cette sublime collection de 11 compositions ciselées et orfévrées comme autant de joyaux précieux. Avec une telle puissance émotionnelle et autant d’atouts majeurs, au niveau textes comme à celui des compositions, on ne peut que tomber…amoureux de ce « The Study On Falling »…in love 😉

 

AA_AlbumCoverTheStudyOnFallingComme une gigantesque ombre tutélaire, la figure paternelle de Bob Dylan est, en filigranes, omniprésente dans cet album. Et je serai presque tenté d’écrire doublement. Car non seulement le folk poète de Jérusalem a enregistré ce « The Study On Falling » au studio Shangri-La de Malibu…où the Band a capturé jadis le LP « Nothern Lights- Southern Cross » en 75, soit juste un an avant le sublime chant du cygne « The Last Waltz », mais aussi il a choisi de faire produire ce 6éme projet par Mark Howard…qui a signé la réalisation du « Time Out Of Mind » d’un certain…Bob Dylan.

 

Certes plus piano que guitare, avec ce « The Study On Falling » Asaf Avidan fait preuve d’une incroyable maturité. À seulement 37 ans, il atteint des sommets où ne survivent que ses ainés bien plus âgés que lui. Dés le tout premier titre « To Love Another », un slow balade plus « Suzanne » de  Leonard Cohen que « Positively 4th Street » de Dylan mais néanmoins fulgurante de beauté , d’harmonie et d’une inexorable mélancolie. Avec « My Old Pain » retour à la case Zimmerman, avec un petit détour par celle de Mark Knopfler- que l’on sait adorateur de producteur de Dylan- avec la vibrante composition qui porte en étendard la douleur pour mieux l’exorciser sur un mode country folk aérien qui nous arrache à cette fichue attraction terrestre. Suit « Sweet Babylon », pulsé comme un cœur qui bat la chamade, avec sa voix féline d’écorché vif si puissante et pourtant si fragile, Asaf Avidan téléporte la country music vers son futur le plus proche entre le « Cass County » de Don Henley et les standards les plus sombres du man in black, Johny Cash. « Good Girls Are Falling Apart » est un slow mélancolique interprété en piano voix, presque a capella, plus lyrique que Dylan, mais où l’on retrouve la même puissance poétique d’une voix poussée à son paroxysme, comme une douleur, voire presque une cassure. À l’écoute de « A Man Without A Name », on se dit que l’on connaissait le horse… et que désormais, voici l’homme sans nom et nul besoin de désert pour l’appréhender. Ell est peu Tom Waits pour le côté déchiré, délatté, halluciné … mais il est impossible de demeurer indifférent face à tant d’émotion. « J’ignore si je peux à nouveau trouver l’amour », se demande Asaf Avidan, car il est à nouveau question d’amour, un sentiment qui constitue le moteur incontestable de son art.

Tout simplement monumental

Asaf by OJOZ

Ma favorite de cet album majeur est incontestablement « Green and Blue », où une pure guitare country fait le slow entre Dylan et the Band de manière intemporelle et lyrique sur fond de slide. Et l’on se retrouve téléporté entre « The Weight »…et le « Wild Horses » des Stones…carrément !  La chanson-titre « The Study On Falling » est sans doute plus insouciante, plus aérienne. Mais c’est avec la sublime « Holding On To Yesterday », le plus beau titre du CD, très proche de « The Girl From the North Country » de Dylan sur « The Freewheelin’ Bob Dylan » en 63, qu’ Asaf nous transporte au 7éme ciel de l’histoire du rock, nous laissant sans voix face à son talent abyssal. Plus légère, « No Stone Unturned » joue le pari gagné du slow mélancolique,  tandis que « The Golden Calf », le veau d’or, sarcastique poème contre la société de consommation, nous perce de part en part de toute sa tristesse. Enfin l’album s’achève sur cette « Twisted Olive Branch », qui porte en elle tout le désir de paix de l’artiste israélien; elle est aussi mélancolique qu’une sonate de Chopin interprétée un sombre matin d’hiver : elle incarne grâce et légèreté… et prouve qu’avec Asaf Avidan l’amour sera toujours plus fort que la haine. Et c’est sans doute ce qui rend son art aussi vertigineux, car il faut bien convenir que « The Study On Falling » est tout simplement monumental. Un monument qui saura, j’en fais le pari, défier le temps.

 

 

 

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3 réponses

  1. nicole manger dit :

    Merci pour toutes les si belles choses que vous écrivez sur Asaf Avidan et son dernier C D. (baladin à la voix féline d’écorché vif ,poète au talent abyssal ,art vertigineux,CD monumental aux joyaux précieux ,ciselés, orfèvrés) etc…

  2. Anouk Dubois dit :

    Quelle profonde et professionnelle analyse du genre musical d’Asaf Avidan ! Du Grand Asaf Avidan ! Merci beaucoup pour ce partage, cet article, ces écrits ‘sonores’ qui viennent de vos ‘tripes’ (si je peux me permettre ;o)
    Un régal de vous lire, et un PUR bonheur d’écouter cet album ‘The Study on Falling’

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