JAPAN « Oil On Canvas »
Voici 42 ans dans BEST GBD était aux premières loges pour assister au vernissage de ce classieux « Oil On Canvas », vrai-faux live et simili « Best of » posthume de la formation de David Sylvian et Mike Karn, après leur split de décembre 82. Mais fort de ses instrus inédits, de ses hits tel que « Visions Of China »… et du boost apporté par le succès fracassant de « Furyo », cet ultime double LP de Japan sera aussi paradoxalement le plus gros succés de leur carrière. Flashback…
Un peu moins d’un an auparavant, j’avais retrouvé David Sylvian et son épatant Japan en studio pour un entretien particulièrement rare, les prises de paroles du leader du groupe British étant particulièrement rares ( Voir sur Gonzomusic MADE IN JAPAN WITH DAVID SYLVIAN ). Hélas Japan ne survivra pas à leur cinquième LP avec cet « Oil On Canvas » live en guise de chant du cygne. Cependant on apprendra ensuite que pratiquement tous les titres ont été recréés en studio et que seules les batteries du concert de l’Hammersmith Odeon en novembre 1982 avaient été conservées telles quelles. Et tant pis si lors de la sortie du double 33 tours le groupe s’est atomisé, cet « Oil On Canvas » restera dans les annales comme le disque le plus mythique du groupe de Catford au sud de Londres.
Publié dans le numéro 181 de BEST
Le soleil était écarlate à l’horizon : peu à peu, il laissait l’océan le digérer. Comme un S.O.S. informulé, une voix m’a tiré de mon sommeil. Si une pile atomique explose dans une centrale américaine, elle sera ressentie jusqu’aux antipodes, c’est le syndrome chinois. Si ça se produit en Angleterre, c’est au Japon qu’on la retrouvera, on l’appelle aussi le syndrome Japan. Je ne saurais dire si David Sylvian est hanté ou non par cette idée, mais ce qui est sur, c’est que cet « Oil on Canevas » marque la fin d’une aventure. Juste avant la dernière tournée, David m’avait confié qu’il n’y en aurait plus jamais d’autre : exit Japan – et son esthétisme, les longues envolées climatiques où l’on retrouve les sons, les couleurs, les odeurs de l’orient synthétique.
La grande force de Japan est d’être parvenu à créer un son aux antipodes du flegme britannique. A force de plonger dans leur rôle, les musiciens de Japan sont devenus plus japs que les japs et ça n’est pas un hasard si Sylvian s’est pratiquement installé là-bas avec une jeune beauté locale. Sans mélancolie excessive, un sens de la retenue très jap, cet « Oil On Canevas » nous parvient sans sensiblerie aucune, comme un « Best of » posthume. Sayonara Japan, certes, mais hello Mick Karn solo, Sylvian solo ou avec Sakamoto ( Voir sur Gonzomusic YELLOW MAGIC ORCHESTRA « BGM » , SAYONARA RYUCHI SAN et aussi RYUICHI SAKAMOTO « Travesia » ), comme sur la B.O. de « Furyo ». Et soudain, le soleil écarlate surgit à nouveau de l’océan,
Publié dans le numéro 181 de BEST daté d’aout 1983
