YELLOW MAGIC ORCHESTRA « BGM »
Voici 40 ans dans BEST GBD se dorait la pilule au rock Soleil-Levant du Yellow Magic Orchestra, la fulgurante formation nipponne d’un certain Ryuichi Sakamoto qui publiait son 4ème LP. Ironiquement intitulé « BGM » soit Back Ground Music (musique d’ambiance) premier album ever à user du Roland TR 808, il est alors au sommet de la technologie des synthés. Flashback…
Les Kraftwerk japonais avaient encore frappé et je ne pouvais y rester indifférent. Sakamoto et ses deux acolytes Yukihiro Takahashi et Haruomi Hosono , qui tire aussi fermement les manettes de la production, embrassent et en même temps ironisent sur cette technologie naissante qui nous fascine. Quelques années plus tard Sakamoto collaborera avec le Japan David Sylvian, puis en 1983 avec un certain David Bowie jouant et assurant le fameux thème du film « Furyo » avec la sublime « Forbidden Colors » … mais c’est encore une autre histoire du rock, n’est-ce pas ?
Publié dans le numéro 156 de BEST
Back-Ground Music, c’est le quatrième LP du YMO, les japs électronisés-fous. Bip bip et synthés de toutes les couleurs m’ont encore une fois alpagués, je dois bien me résoudre a vous l’avouer. Autant YMO sur scène n’est qu’un fatras trop statique et figé pour être drôle, autant leurs productions discographiques savent me faire glisser en douceur des pentes en crèmes glacées du Fuji Yama (ha !) aux dédales souterrains de l’underground nippon. Suréquipé, le Yellow Magic ? Pas du tout, il suffit de jeter un œil aux carnets de transports ATA de leur matos (reproduits au dos de leur pochette) : c’est carrément un catalogue Moog, MXR, Korg et Roland qu’un J.-M. Jarre ou un Pinhas ne voit défiler que dans ses rêves. Si l’on tient au sticker pour qualifier la musique de YMO, c’est celui de muzak qui leur colle le mieux.
Prêt-à-consommer, « BGM » peut ne rester dans votre univers sonore qu’une simple toile de fond tendue et colorée comme une soierie japonaise : back-ground music, quoi ! Dans l’ensemble, « BGM » sonne beaucoup mieux que « XOO Multiplies », le précédent album. Il est certes moins dansant mais on parvient facilement à l’écouter sans que l’envie de faire tilt a votre chaine ne se saisisse irrémédiablement de vous. « Cue », c’est la touche avance rapide + son de nos magnétos, c’est aussi le premier titre de la face B : une mélodie synthético-ascendante qui oscille quelque part entre OMID et Bowie. Les Japonais ont inventé l’ordinateur traducteur : la preuve « Ballet » nous dessine les états d’âme du Yellow Magic et en français SVP: « Je suis fatigué, je suis malade. Il devrait y avoir une sortie et c’est un cul-de-sac ». Comme d’habitude, YMO s’offre un titre « danse orienté » et néanmoins vitriolé : cette fois, c’est un rap ou, plutôt, son phénomène, qui inspire nos petits chanteurs a la croix du microprocesseur. « Rap Phenomena», c’est un rap hybride a la sauce cold. Mais, au Japon moderne, si on a un pied dans l’an 2222, l’autre, par contre, semble très attaché aux traditions. Ecoutez « 1000 Knives », c’est la preuve plastique que le folk sait aussi être synthétique à condition qu’il soit Made in Japan. YMO et sa brosse a dents ont du écouter Gary Numan, Kraftwerk, M et David Bowie sur leur Walkman. Tout en mangeant du poisson cru et des algues fraiches. Tentez l’expérience : achetez un mini synthé Casiotone et on verra le résultat. De toute façon, si vous avez la flemme, YMO fait très bien le boulot a votre place, merci pour eux !
Publié dans le numéro 156 de BEST daté de juillet 1981
Trop bien ! Un de ces disques dont j’ai usé les sillons !