SWEET PEA ATKINSON « Don’t Walk Away »
Voici 42 ans dans BEST GBD groovait au son joyeux de Sweet Pea Atkinson, le chanteur de Was Not Was, qui publiait alors son tout premier LP solo, sous la houlette experte du master producer Don Was et de son frère David, pour un résultat forcément à la hauteur de toutes nos funky expectatives, saluant au passage un nouvel exploit de ZE Records, le petit label franco-US de Michael Zilkha et de Michel Esteban, déjà propulsé au top par tout le succès de Kid Creole & the Coconuts. Flashback…
De Lizzy Mercier Descloux à Was Not Was ( Voir sur Gonzomusic WAS(NOT WAS)) en passant par Casino Music ( Voir sur Gonzomusic LA SAGA GILLES RIBEROLLES ÉPISODE 1 , LA SAGA GILLES RIBEROLLES Épisode 2 et aussi LA SAGA GILLES RIBEROLLES Épisode 3) et forcément Kid Creole ( Voir sur Gonzomusic KID CREOLE & THE COCONUTS « Tropical Gangsters » ), on ne louera jamais assez la créativité de ce petit label arc-bouté de part et d’autre de l’Atlantique. En ce temps-là, ZE Records était distribué par Island, le label au palmier de Chris Blackwell, lui-même distribué en France par Phonogram. Sweet Pea Atkinson, comme Berry Gordy d’ailleurs en son temps, avait d’abord démarré dans la musique en vocalisant sur sa chaine de montage de l’usine Chrysler de Detroit, avant de fonder son premier groupe High Energy, lequel répétait dans le même studio qu’un certain Don Was ; le reste appartient à l’histoire de la funkitude agitée dès leur tout premier tube, le bondissant « Walk the Dinosaur ». Un an plus tard, les freres Was décident de produire ce tout premier solo de leur poulain. Et à ce titre, « Don’t Walk Away » est plutôt une réussite, la preuve par cette chronique élogieuse dans BEST. Plus tard, Don Was se consacrera à ses vertigineuses productions pour Dylan, les B52’s, Iggy Pop, Elton John, Bob Seger, Ringo Starr, Glenn Frey, David Crosby, Jackson Browne, les Rolling Stones, Willie Nelson mais aussi Khaled ou Ziggy Marley. De son coté, Sweet Pea poursuit ses aventures musicales avec un groupe funk, le bien nommés the Boneshakers, et également en tant que choriste-choc pour les tournées de Bob Dylan, Brian Wilson, Jackson Browne, Elton John et quelques autres, coïncidemment tous clients de Don Was, preuve qu’on ne change pas une équipe qui gagne ! Immense regret, Sweet Pea Atkinson n’aura en tout et pour tout enregistré que deux albums solos, ce « Don’t Walk Away » et « Get What You Deserve » sorti en 2017. Hélas, tristesse trois ans plus tard le chanteur décède d’une crise cardiaque à Los Angeles à l‘age de 74 ans. RIP SPA !
Publié dans le numéro 171 de BEST
I luuuuvvv Detroit ! Motor City, tes highways et tes freeways sont comme un long câble tressé de fibres optiques où chaque caisse correspond à une impulsion, un message chuchoté au creux de l’oreille d’un ordinateur Apple. Motor city. Motor town, tu symbolises tant ce rêve américain qui touche à sa fin. L’automobile, large et spacieuse comme un écran géant Dolby et stéréo, l’automobile, enfant direct et légitime de l’étalon de la conquête de l’Ouest. À Detroit où les buildings ne connaissent pas les lois sur le ravalement obligatoire – au nom de « la sacro-sainte libre entreprise »- la musique irradie la ville. Elle ne connaît ni la crasse ni les cancers économiques. Simplement, elle a toujours été la. La soul. la musique de l’âme, le sedatif qui retient la faim, la drogue qui trompe l’ennui. Bien sûr, il y a eu le départ de Berry Gordy et de Motown pour LA : la Hit Factory a fermé ses portes. Plus tard, Ford et GM ont commencé a grincer les dents. ça n’empêchait pas les HP stéréos montés en serie sur les plages arrières des autos de cracher une musique qui peut encore faire bouger un mec qui accomplit 2 543 fois par jour le même geste. Remember « Car Wash », Donald et David Was auraient pu rencontrer Sweet Pea Atkinson dans un car-wash. À moins que ça ne soit dans une pizzeria ou aux grilles de chez Ford Corp. L’an passé, les deux freres Was avaient su nous séduire avec un premier album plus explosif encore qu’un V8 (Voir sur Gonzomusic ). Ce mélange détonnant alliait le funk et le rock d’une maniere complètement novatrice pour le genre. Was et Was adorent le synthé et ils connaissent la musique.
Ils écrivent, performent et produisent avec Sweet Pea un funk urbain et musclé comme un docker. Si Michael Zilkha ne renfloue pas son label avec les dollars de Kid Creole, cette fois, avec ce Sucré Pois, ça va glisser comme un pot de vaseline sur une patinoire. « Dance or Die » qui attaque la première face est un killer choc aux balles dures qui ne craint pas le contraste d’un fuzz de guitare sur une basse, qui bat comme une aorte. Petit pois sucré joue aussi aux cover-versions avec brio sur « Someone Could Lose a Heart Tonight » ou le « Anyone Who Had a Heart » de Burt Baccharah. Sweet Pea Atkinson, c’est le pois d’acier, la bille du roulement qui vous entraine en vitesse ascensionnelle et sait faire pousser des ailes à vos tennis Nike. Comme aux miennes.
Publié dans le numéro 171 de BEST daté d’octobre 1982