NICOLAS MAURY
Nicolas Maury, qui nous a fait craquer dans son rôle d’Hervé, agent de star dans la série « Dix pour cent, qu’on a retrouvé dans sa première réalisation « Garçon chiffon » a cette fois troqué la caméra contre un micro. Ces jours-ci, il publie “La Porcelaine de Limoges”, un tout premier album poétique au lyrisme limpide et lumineux qui lui ressemble tant et qui se révèle juste troublant, bref une « porcelaine de Limoges »… à tout casser 🤪
Impossible de ne pas songer à deux ou trois LP iconiques en regardant la pochette du premier Nicolas Maury. D’abord « the Man Who Sold the World », la première version ensuite censurée où l’on découvre Bowie en lady stylée alanguie dans son boudoir so british … et non pas les deux hideuses covers qui l’ont remplacé, le version comics et la photo violente en black and white. Mais aussi le troublant « My Beauty » d’un Kevin Rowland en tutu tout atomisant la légende de son Dexys Midnight Runners. et pis bien entendu le « Love On the Beat » (( Voir sur Gonzomusic SERGE GAINSBOURG : Les 30 ans de « Love On The Beat » !) où serge Gainsbourg se drag-queenise avant l’heure se projetant à travers son image d’un alter-ego féminisé dans la peau de sa soeur jumelle ( Voir sur Gonzomusic LILI & LULU GINSBURG ). Tout cela bien entendu rien à voir… ou pas avec le touchant Nicolas Maury… quoi que…
Par Jean-Christophe Mary
Pour son premier CD, Nicolas Maury nous embarque pour un voyage pop orchestral dans la grande tradition de la variété des 70’s. Comme dans son premier long métrage « Garçon », le comédien réalisateur explore les méandres du spleen au travers enivrant cocktail de sonorités aussi riches que subtiles. Olivier Marguerit- qui signe ici paroles et musiques- a pour lui ce sens inné et évident pour la composition. Le résultat c’est une pop intime et raffinée, un ensemble de mélodies limpides aux arrangements ourlés, le tout interprété avec grand soin pour les parties vocales. On y découvre des ballades touchantes à la manière d’un Michel Berger, d’un William Sheller ou même d’un Florent Marchet, de savoureuses ritournelles telles « Prémices », « Blouson noir », « Paris » ou « Où un baiser ». De bout en bout, les titres sont de véritables accroche-cœurs, un mélange heureux entre ambiance feutrée et profonde mélancolie. Sur « Porcelaine de Limoges » la chanson-titre de l’album, les arpèges cristallins et discrets soulignent la voix claire, vibrante d’émotion et de spleen. On ressent une à fleur de peau sur « À ma fenêtre le matin » qui précède « Tout », l’une des plus belles chansons de l’album.
Cet opus a aussi des airs de fête avec des titres dansants comme « Gentleman » ou « Avec lui » aux arrangements disco 80’s que ne renieraient pas Clara Luciani ou Juliette Armanet. Dans « Vers les falaises », Nicolas Maury chante l’espoir et les rencards, le spleen des jours sans, les larmes, tout ce qu’on ne dit pas, les rendez-vous manqués, les flash-backs, les jeux amoureux, l’ombre des absents, les faux semblants, les mensonges, les trahisons, les omissions, les envies charnelles, les baisers fougueux, les souvenirs heureux et les sentiments ambigus. A travers ces 14 chansons aux orchestrations parfois proches des grandes comédies musicales, les arrangements nous entraiment dans une ivresse qui nous fait tourner la tête, réveille nos sens par de délicats parfums « Désirs en fuite ». Les textes, intenses, mettent en relief la force et la douleur des sentiments d’Olivier Marguerit. Hâte de voir à quoi ressemble en live ce bel univers, le 31 mars, au Café de la Danse. (JCM nous en fera un vibrant et fascinant Gonzo rock-report : NDREC)