DAVID GUEZ « The Price Of Illusion »

David Guez by Mathieu Zazzo

David Guez by Mathieu Zazzo

Inclassable dandy Franco-British aux références résolument transatlantiques assumées, David Guez est un joli OVNI sonique dont les compositions intemporelles font la part la plus belle aux harmonies dorées à la fois de Steely Dan, des Beach Boys, de 10cc et de quelques autres. Publié voici déjà quelques mois, et porté par le super-pouvoir du cool, son deuxième album, le lumineux « The Price Of Illusion », se révèle riche de 10 titres amoureusement orfévrés, comme on savait si bien le faire dans les 70’s et par conséquent mérite si massivement cette séance de rattrapage.

David Guez Tout d’abord, on note que « The Price Of Illusion » est un concept album qui reproduit les Face A et Face B à l’ancienne, tous les titres de la A commençant par « The » et tous les titres de la B par « A ». Mais là point s’en faut n’est pas l’unique nostalgie qui irrigue le sillon de l’inclassable David Guez. D’abord il faut porter à son crédit son parfait accent British et la talentueuse équipe de choc qu’il a su réunir de l’arrangeur de Steely Dan au mixage de Bob Clearmontain dans le mythique studio d’Hérouville. À l’instar de ses références musicales qui illustrent une parfaite connaissance de ce que la pop anglo-saxonne des 50 dernières années a de plus précieux, des Beatles à Steely Dan en passant par Chicago, David Crosby, Glen Campbell, les Carpenters, 10cc, TFF, Eric Carmen, Christopher Cross, Squeeze et quelques autres. Très vite on se laisse porter par la voix de David Guez décuplée en cascades d’harmonies, une technique qui ressemble à celle que pratiquait Marvin Gaye lorsqu’il vocalisait avec un lui-même démultiplié, pour créer son fameux effet choral. Au fil des compositions, on succombe peu à peu à cette pop-music dont l’anachronisme nous enveloppe comme un doux cocon familier. Car dès la chanson-titre « The Price Of Illusion », le feeling penche de manière particulièrement assumée du côté d’un Donald Fagen/ Steely Dan cool avec un soupçon de Christopher Cross, pour une chanson nonchalante qui sent bon l’été pulsée par des cuivres modèle feel good entre ceux de Chicago et de E,W & F avec  de surcroit un bel appendice cocal à la Glenn Campbell… que demander de plus ? Puis avec « The Golden Age » et sa superbe mélodie, on vire en pure pop British, quelque part entre Squeeze 10cc et Tears For Fears. Retour de l’autre côté de l’Atlantique avec la très cool « The Wasteland ». Là, après une intro piano mélancolique, on part sur une mélodie irrésistible, au très net feeling rétroviseur d’Eric Carmen, Andrew Gold, Al Stewart ou encore 10cc, dans un parfait sentiment d’insouciance soudain retrouvée comme une sorte de « time capsule ».

David Guez by Mathieu Zazzo

David Guez by Mathieu Zazzo

Un peu Santana au début « The Captain of Music » séduit par son beat légèrement latin caliente porté par les cuivres à la Chicago / Blood, Sweat and Tears, mais aussi par son coté pop British à la Beautiful South. Bien plus sombre, « The Informer » est une slow balade mélancolique pop à la TFF, mais organiques sans les synthés. Mais c’est avec « A Diamond Is A Diamond » que l’on succombe à ses spectaculaires cascades d’harmonies vocalisées entre Eric Carmen et David Crosby, au service d’une superbe et aérienne mélodie au catchy solo saxe final digne de Steely Dan. Quant à « A Strange Fascination », dès son intro piano on a cet incroyable sentiment de déjà vu d’un hit de 10cc… rencontrant Stephen Bishop et c’est un des must de ce CD. Et on sde maintient crânement dans les sommets avec la suivante, « A Stone In My Shoe » digne d’un succès de Glen Campbell, mais aussi au feeling retro des Carpenters, pour un hit irrésistible en puissance, servi par une mélodie addictive et des chœurs carrément gospel en cherry sur le cake… Sans doute la plus simple de ce projet, mais peut être la plus réussie harmoniquement, « A Life Of Promise » est très vite éclipsée par la bien nommée « A Perfect World » qui clôt magistralement cet album. Car on est scotché dès sa trompette mélancolique en intro, puis par ses chœurs angéliques entre Squeeze et les Beach Boys, qui chantent « un monde parfait », le tout emballé sur des arrangements de cuivres à la Chicago Transit Authority, pour nous offrir le plus beau moment de ce projet si dépaysant. Ne pas se fier aux apparences, tel est peut-être bien le secret de ce « prix de l’illusion », dont on ne peut que constater tout le pouvoir oxygène pour nous téléporter n’importe où hors de ce monde où l’on respire bien mieux.

 

 

 

 

 

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.