HEAVEN 17 « Penthouse and Pavement »
Voici 41 ans dans BEST, GBD portait au 17ème ciel le tout premier LP d’ Heaven 17, formation electro funky dissidente de Human League. Propulsé par l’irrésistible hit politico-sarcastique « Fascist Groove Thang », le groupe de Sheffield allait victorieusement inscrire ses synthés et autres Linn Drum Machine dans cette grande tradition des British after New Wave aux côtés des OMD , Yazoo, Tears For Fears ou bien entendu Depeche Mode. Flashback…
Quelques semaines après cette chronique de « Penthouse and Pavement » j’allais m’embarquer dans un drôle de trip doublement gelé : d’abord par la météo glaciale et les chutes de neiges importantes qui recouvraient alors le Royaume-uni, mais aussi par la grève des chemins de fer de Sa Majesté qui bloquait joyeusement le pays pour protester contre la casse sociale imposée par la politique brutale de Thatcher. Seule solution pour rejoindre Sheffield… sans avoir à expérimenter la conduite à gauche sur routes verglacées… l’autobus. C’est ainsi que à deux jours d’intervalle j’allais interviewer les deux « frères ennemis », le sympathique Phil Oakey, chanteur leader de Human League et Glenn Gregory. « Don’t You Want Me » était au sommet des charts écrasant tout sur son passage. Mais tout avait commencé par ce « Penthouse and Pavement », n’est-ce pas ?
Publié dans le BEST 162 :
Imaginons un instant que le Paradis se transforme en un moderne building. Montez dans l’ascenseur et déclenchez la machinerie. La cabine s’arrête irrémédiablement au 17e. Deuxième bureau à droite, c’est le siège social de la British Electric Fondation, une compagnie décidément pas comme les autres. Laissez- moi vous conter sa Genèse. Au printemps dernier Human League se scinde en deux groupes distincts : lan Craig Marsh et Martyn Ware constituent BEF, qui se veut être un conglomérat de productions musicales dont la première livraison est cet Heaven 17. Human League rejetait totalement les instruments traditionnels du rock au profit des synthès. Heaven 17 redécouvre en partie la basse et la guitare sans, toutefois, renier l’électronique. « Penthouse and Pavement » c’est la musique du haut et celle du bas, une musique pour la tète et les jambes. Electro pop urbaine ou funky, Heaven 17 a sorti son premier 45 tours « Fascist Groove Thang ». au printemps dernier, un pamphlet violent et complètement dansant sur Ronald Reagan, qui ouvre la face « pavement » du LP, un hit de chez hit, je vous dis. Au Paradis 17, on ne prend pas le temps de bailler : « Penthouse and Pavement » mise sur la funkitude qui déménage. Sur la batterie électronique, totalement programmable, la voix de Josie James, une choriste empruntée à Wonder, consomme sur ce title track l’union parfaite de cette novo bicolore. Ce paradis-là a des relents d’alcool synthétique. ça cogne sec dans la tête, et c’est assez irrésistible. Imaginez un peu. c’est comme si on avait robotisé le Motown Sound. Le côté « penthouse » du LP est bien plus aérien, il est aussi plus proche de l’esprit Human League, même si quelque part, H 17 lance de tendres œillades vers « M » ( NON pas Matthieu Chedid mais le tout premier M Robin Scott auteur de l’immortel » Pop Music »: NDR). Plus pop et moins black, plus Bowie aussi, « Let’s All Make a Bomb » et les titres de cette face s’inscrivent dans un cadre bien plus sarcastique. Après l’énergie de la rue, c’est l’élévation : « We’re going to live for a very long time », répété à l’infini sonne comme le cri de défi de ce Paradis 17. « Penthouse and Pavement » s’écoute de haut en bas et dans tous les sens, c’est comme le labyrinthe au fond du micro-chip, sauf que celui-ci nous mène droit et électroniquement vers le 17e ciel. Aujourd’hui, on ne frappe plus à la porte du paradis, on télécommande son ouverture, et c’est bien plus facile.
Publié dans le BEST 162 daté de janvier 1982