BASHUNG « Live 81 »
Capturé dans la bonne ville de Troyes le 22 mai 1981 juste après l’élection de François Mitterrand, ce BASHUNG « Live 81 » totalement inédit est une « time capsule » inestimable de la première véritable tournée d’Alain Bashung à travers l’Hexagone dans la foulée de la sortie de « Pizza ». 40 ans plus tard c’est avec une émotion non dissimulée que nous découvrons ces 13 titres de pur rock and roll made in France.
Prénom Alain, nom Bashung , un drôle d’oiseau rock que j’ai souvent croisé pour BEST au tournant des 80’s ( Voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/ma-premiere-interview-avec-bashung.html , https://gonzomusic.fr/alain-bashung-pizza.html , https://gonzomusic.fr/alain-bashung-live-tour-85.html et aussi https://gonzomusic.fr/bashung-novice.html ). Cependant malgré ma connaissance extensive de l’œuvre du chanteur de « Gaby » j’ignorais bien entendu l’existence de ces bandes live qui constituent un incroyable document sur le potentiel scénique du fameux chanteur parisien. Jean-Christophe Mary ne s’y est pas trompé en analysant ce « Live 81 » avec les yeux de l’amour… un amour qui donne forcément le vertige lorsqu’il s’agit de Bashung !
Par Jean-Christophe MARY
Après avoir passé 10 ans à chercher son identité musicale, Alain Bashung sort Pizza un troisième album qui le propulse du jour au lendemain dans le peloton de tête du rock français. Porté par le tube « Vertige de l’amour » qui tourne en boucle les ondes, Bashung part en tournée en France du 1er mai au 27 juin 1981 avec le KGDD, une formation de musiciens chevronnés qui a longtemps accompagné Jacques Higelin. Quarante plus tard, le label Barclay exhume de ses archives le plus ancien live de l’artiste. Ce live est un condensé des trois premiers albums « Roman-photos » (1977), « Roulette russe » (1979) et « Pizza » (1981) et contient aussi le tube “Gaby oh Gaby“ qui truste les hits parades. Bashung profite de cette soudaine reconnaissance du grand public et part en tournée en France du 1er mai au 27 juin 1981. Le chanteur peaufine son look de dandy rock, lunettes noires, chemise blanche, pantalon et veste cuir et réunit les ex-musiciens de Higelin, soit Manfred Kovacic (claviers, saxophone), Olivier Guindon (guitare), François Delage (basse) et Philippe Draï (batterie). L’histoire est en marche. Quarante après, on découvre un florilège de chansons qui sonnent de manière toujours aussi moderne. Des chansons qui nous nous renvoient au rock’n’roll 50’s, au twist, au reggae, à la soul. D’entrée « J’sors avec ma frangine » affiche une belle puissance de frappe avec cette tournerie basse batterie implacable que l’on retrouve tout au long ce set enregistré à Troyes le 22 mai 1981.
Puissance également sur « Guru tu es mon führer de vivre », mélange de rock implacable et de reggae sec et chaloupé, doté d’une redoutable rythmique basse batterie et sur « Elle s’fait rougir toute seule », boosté par la saxe et le clavier. « Squeezé » développe une tournerie rythmique entêtante d’un autre genre avec une belle évolution sur le pont musical, avec ces guitares funky en fond sonore et cette montée vrombissante du saxophone qui donnent au morceau ce côté romantique. Et puis, il y a ce « Je fume pour oublier que tu bois » titre envoûtant, chargé d’émotion dans la voix, déchirant à vous coller des frissons. La set-list inclue des chansons intemporelles que Bashung jouera ensuite régulièrement sur scène de « Rebel » à « Gaby Oh Gaby » en passant par le magistral « Toujours sur la ligne blanche ». Avec ce premier live, Bashung nous plonge dans l’effervescence d’une bande son séduisante et raffinée. Les notes glissent sur le clavier de Kovacic (on pense aux Doors, à Alan Vega de Suicide !) s’enfoncent vers les territoires d’une longue rêverie avec une certaine saveur rétro romantique, dérapent en improvisations folles sur la guitare d’Olivier Guindon pour finir en feu d’artifice sonore à travers ces envolées de sax. Ce live nous rappelle que dès le départ Bashung fût cet alchimiste sonore qui a su mettre en relief les textes précieux de Boris Bergman, mettre au point ce savant mélange de mots et de musiques ensorceleuses. Il vous emmène vers des contrées musicales aux paysages fantasmagoriques où l’imaginaire de chacun peut vagabonder au gré de ses humeurs et de son rythme. Le 3 juin 1981, Bashung passait pour la première fois à l’Olympia à guichets fermés. Souvenirs, souvenirs…